La Banque centrale européenne (BCE) maintiendra pendant un certain temps une politique monétaire ultra-accommodante, axée sur des rachats d'actifs et des taux à des plus bas record, car elle n'est pas encore convaincue du retour de l'économie de la zone euro à une croissance solide et durable, ont déclaré son président et son économiste en chef. Les propos de Mario Draghi et de Peter Praet laissent penser que la BCE ne changera pas de discours ce mois-ci même si l'Allemagne ne cesse de réclamer un dénouement progression de sa politique dite d'assouplissement quantitatif (QE). Ainsi, Mario Draghi ne voit nul besoin de modifier la politique monétaire en vigueur, caractérisée en particulier par des rachats d'actifs jusqu'à la fin de l'année au moins et par des taux ultra-bas qui doivent durer bien au-delà de ce terme pour stimuler l'inflation. "Je ne vois aucune raison de dévier des indications que nous avons régulièrement données dans la déclaration introductive de nos conférences de presse", a-t-il déclaré jeudi, lors d'une conférence universitaire donnée à Francfort. "Avant de procéder à la moindre modification des composantes de notre politique - taux d'intérêt, rachats d'actifs et guidage des anticipations - il nous faut au préalable persuader le plus possible que l'inflation convergera bien vers notre objectif sur un horizon à moyen terme et qu'elle y restera même dans les conditions d'une politique monétaire moins accommodante". L'inflation s'est redressée ces derniers mois dans la zone euro, au point d'atteindre 1,5% en mars, se rapprochant de l'objectif de la BCE qui est d'un petit peu moins de 2%.
L'euro a touché un plus bas de trois semaines Cette remontée a alimenté les anticipations de relèvement du taux de dépôt de la BCE, actuellement fixé à -0,4%, un sujet sensible pour des pays tels que l'Allemagne, les Pays-Bas ou la France. Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a estimé dans une interview publiée mercredi que le moment était venu de lever le pied en matière de stimulation monétaire, tandis que Hans-Walter Peters, le président de la fédération bancaire allemande BdB, a appelé la BCE à mettre un terme rapidement à sa politique monétaire expansionniste. La BCE poursuit un programme de rachat d'actifs de 2.300 milliards d'euros, essentiellement des emprunts d'Etat, dans le but de relancer le crédit bancaire dans la zone euro. Celui-ci s'est redressé, tant pour les ménages que pour les entreprises, sans pour autant revenir à ses niveaux antérieurs à la crise financière. C'est pourquoi la BCE doit suivre la même trajectoire, a observé Peter Praet, car faire la moindre allusion à une hausse des taux aurait pour effet de saper en partie les retombées de la politique monétaire en cours. "Si les investisseurs commencent à pressentir que la trajectoire des taux est sujette à une incertitude orientée à la hausse (...) les taux d'intérêt à long terme monteront et les rachats d'actifs seront moins efficaces", a-t-il expliqué. Ses propos et ceux de Mario Draghi ont fait nettement baisser l'euro.