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Draghi et Praet affirment : La politique de la BCE soutient l'inflation et le PIB
Publié dans Le Maghreb le 09 - 04 - 2016

Les mesures prises par la Banque centrale européenne (BCE) vont revigorer la croissance en zone euro et la dynamique des prix, qui, sans elles auraient baissé l'an dernier, ont affirmé jeudi son président Mario Draghi et son chef économiste Peter Praet, dans des discours distincts.

"Les mesures que nous avons annoncées le 10 mars vont contribuer davantage à atteindre notre objectif de stabilité des prix", a déclaré M. Draghi, lors d'un discours devant le Conseil d'Etat portugais. Dans la matinée, lors d'une conférence à Francfort (ouest), Peter Praet, membre du directoire de la BCE, avait lui affirmé qu'"en l'absence de notre paquet de mesures, l'inflation aurait été négative en 2015". "En 2016 (l'inflation) serait d'au moins un demi-point de pourcentage inférieure à ce que nous prévoyons à l'heure actuelle (+0,1%, ndlr), et d'environ un demi-point en 2017" et "nos mesures contribuent à rehausser le PIB de la zone euro d'environ 1,5% sur la période 2015-2018", a-t-il poursuivi, prenant la défense d'une politique monétaire de plus en plus critiquée pour sa prétendue impuissance à faire repartir les prix et ses effets collatéraux néfastes. Mais la politique ultra-accommodante de la BCE renforcée encore en mars à coups de prêts géants aux banques, taux d'intérêt très bas et rachats massifs d'actifs, le tout pour faire repartir la dynamique des prix, a coïncidé avec "de nouveaux chocs" subis par l'économie, a pointé du doigt Peter Praet, en référence à la chute des prix du pétrole, qui empêche l'inflation de repartir. "Bien sûr, cela va prendre du temps pour que ces dernières mesures fassent le chemin à travers l'économie et produisent pleinement leurs bénéfices", a reconnu de son côté Mario Draghi. Néanmoins, le président de l'institution monétaire, toujours "déterminé" à remplir le mandat d'un retour à la stabilité des prix, a assuré que ces mesures constituaient "un paquet important donnant la priorité aux prêts pour les particuliers et les entreprises, soutenant ainsi davantage l'activité économique dans la zone euro". "Nous ne manquons pas d'outils à notre disposition" pour redynamiser l'inflation, a réaffirmé M. Draghi. Et d'énumérer les bienfaits de la politique menée par les banquiers centraux, entre autres une amélioration des conditions de financement pour ménages et entreprises. Si "la politique monétaire menée depuis juin 2014 a été efficace", la banque centrale ne peut pas à elle toute seule procurée à la zone euro "une reprise (économique) solide et pérenne", a affirmé M. Praet, à l'attention des gouvernements européens que la BCE veut voir réformer leurs économies avec plus de détermination. Un message appuyé par Mario Draghi. "Notre politique peut soutenir une reprise cyclique, mais elle ne peut pas enlever les obstacles structurels à la croissance.
Cela nécessite des efforts concertés en termes de politiques économiques et budgétaires", a développé le chef de la BCE, appelant notamment à une réorientation des dépenses publiques vers les investissements, la recherche et l'éducation.

"Vues divergentes"
La nouvelle baisse des taux directeurs et le gonflement de ses rachats d'actifs par la Banque centrale européenne (BCE) ont fait grincer des dents certains membres du conseil des gouverneurs, selon le protocole de la réunion de mars publié jeudi. "Globalement, les membres sont tombés d'accord sur le besoin d'une action de grande envergure", selon ces "minutes", mais "des vues divergentes ont été exprimées sur les composantes du paquet proposé".
Les 25 membres du conseil des gouverneurs, qui prennent les décisions de politique monétaire pour les 19 pays de la zone euro, se sont retrouvés les 9 et 10 mars à Francfort. Au vu d'une inflation atone, dont le protocole révèle à quel point elle inquiète les banquiers centraux, le conseil a décidé une nouvelle batterie de mesures. Les taux d'intérêt directeurs ont été abaissés, le taux central passant à zéro; les rachats de dettes effectués sur les marchés par la BCE passent de 60 à 80 milliards d'euros par mois; et les banques vont pouvoir contracter de nouveaux prêts de long terme à taux très avantageux auprès de la BCE.
Ces prêts appelés TLTRO ont fait l'objet d'un "accord très large" parmi les membres du conseil, selon le protocole, qui rend compte des discussions de manière synthétique, au style indirect et de façon anonyme. La baisse des taux d'intérêt s'est manifestement avérée plus polémique. "Des vues divergentes ont été exprimées sur les coûts et les avantages de s'enfoncer davantage en territoire négatif", selon le document. Le taux de dépôt, qui s'applique aux liquidités déposées par les banques d'un jour à l'autre auprès de la BCE, était déjà à -0,30%, il a été abaissé à -0,40%. "Des inquiétudes ont été soulevées sur les effets indésirables que pourrait entraîner le fait d'aller plus loin en territoire négatif", notamment "la pression accrue sur la profitabilité des banques, qui pourrait avoir des effets négatifs sur la stabilité du secteur financier", poursuit le document. Le conseil a discuté de possibles mesures d'exemption aux taux négatifs, apprend-on, mais a reculé devant "la complexité d'un tel système". Un correctif - par exemple sous forme d'un seuil de dépôts au-deçà duquel le taux négatif ne s'appliquerait pas - n'a finalement "pas été jugé utile à ce stade". Sur les rachats de dettes - "QE" en jargon des banques centrales -, "un petit nombre de membres ont redit leurs réserves quant aux rachats d'obligations du secteur public, et exprimé leurs inquiétudes, comme déjà par le passé" sur "les défis et les effets secondaires" associés à cette mesure. Le président de la Bundesbank allemande Jens Weidmann devrait avoir été de ceux-là: il s'est dit "pas convaincu" par les mesures adoptées par le conseil quelques jours après la réunion.


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