A Plus 16 mois de son échéance, la prochaine élection présidentielle camerounaise charrie déjà des convoitises. Encore " lointaine ", mais certaine ( ?), pour reprendre l'expression du chef de l'Etat lors de la visite de François Hollande au Cameroun en 2015, l'élection présidentielle de 2018 crée des vocations, particulièrement chez des " new commers " de la scène politique. Parmi les postulants déclarés ou virtuels, de nombreux jeunes loups aux dents longues, manifestement contaminés par l'effet Macron en France. Certains ne s'en cachent d'ailleurs pas de s'en inspirer, alors que d'autres, plus aguerris par l'expérience de l'élection présidentielle, croient voir en 2018 l'année de leur rêve pour s'asseoir enfin sur le fauteuil présidentiel. Il est incontestable que cet engouement pour le siège de manitou du Palais de l'Unité, que l'actuel locataire est loin d'avoir déjà quitté, devra se corser dans les jours et les mois à venir, de nombreux leaders traditionnels n'ayant pas encore déclaré leurs intentions. En attendant les probables candidatures de Ni John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Jean Jacques Ekindi, et bien d'autres, notre rédaction a déjà dénombré 11 prétendants à ce scrutin qui s'annonce pour le moins ouvert. Visages, histoires, et programmes des candidats déclarés ou putatifs.
Jean Blaise Ngwet: L'homme d'affaires qui rêve de présidence C'est le 26 avril dernier qu'il a décliné son offre pour la présidentielle de l'année prochaine. C'était au cours d'une conférence de presse à Yaoundé, à laquelle l'ancien homme d'affaires avait convié ses amis de la presse. Une annonce qui a quelque peu défrayé la chronique, tant Jean Blaise Ngwet, représentant au Cameroun d'une marque de produits électroniques, sans doute le secteur dans lequel il a dû faire fortune, s'était illustré jusque-là par une discrétion assez remarquable sur le terrain politique. En dépit de la création de son parti politique, le Mpcc-le Mouvement patriotique pour le changement du Cameroun, en 2008, on ne lui reconnait jusqu'à cette date aucune activité politique particulière.
Corentin Talla: Le retour du " Général Schwarzkopf " sur la scène L'évocation de son nom ne dit certainement pas grand-chose à la jeune génération. Pourtant, Corentin Talla a marqué de son empreinte son passage à l'ancienne université de Yaoundé, durant les années de braises, dans les années 90. Longtemps recherché pour son activisme au sein et en dehors du campus durant cette période, celui que ses camarades " combattants " avaient surnommé Général Schwarzkopf est exilé aux Etats-Unis d'Amérique depuis 1994. Après 23 ans d'absence du territoire national, il vient d'annoncer son retour au pays de la manière la plus captivante qui soit, à travers sa candidature à la prochaine élection présidentielle, après que le pouvoir de Yaoundé ait refusé de lui délivrer un visa d'entrée sur le territoire national, selon ses explications. C'est incontestablement sur ce passé d'activiste estudiantin qu'il entend surfer pour réaliser son rêve, celui de " chasser Paul Biya du pouvoir ".
Dieudonné Balla: Le comédien qui veut accéder au palais Visiblement, rien ne le prédisposait à une ambition présidentielle. Mais dans une vidéo diffusée sur Youtube en janvier dernier, le célèbre comédien camerounais qui vit en France, a dit sa volonté de briguer le fauteuil de la présidence de la république le moment venu. Qualifié de " négrophole catalan " par une classe politique française manifestement mal à l'aise avec ses comédies, Dieudonné avait justifié sa volonté de briguer la présidence de la république de son pays d'origine comme un " acte de légitime défense ".
Cabral Libii: Le " Emmanuel Macron " camerounais C'est la candidature la plus détonante dans le landernau politique depuis quelques jours. Cabral Libii Li Ngué, de son vrai nom, est jusque là connu comme un brillant panéliste des chaînes de télévision au Cameroun, où il illuminait les débats de sa clairvoyance et de son étincelante intelligence. Depuis quelques semaines, un message posté sur sa page Facebook fait de lui un candidat à la prochaine élection présidentielle. Selon le message, il dit répondre à l'appel de nombreux de ses compatriotes qui l'interpellent à se porter candidat à cette élection, et dit ressentir le poids de cette responsabilité qui vient du peuple profond.
Messanga Nyamding: Le " biyaiste " qui veut remplacer Biya Atypique se veut la candidature de ce cadre du Rdpc, membre du comité central, qui l'avait lui-même dévoilée lors de son passage à l'émission à succès sur Canal 2 international " L'arène ". Selon Messanga Nyamding, elle ne sera effective qu'en cas d'empêchement du président Paul Biya à se porter candidat à cette élection.
Bernard Njonga: L'ingénieur agronome en mode politique C'est sa présidence à la tête de l'Addic- l'Association pour la défense des intérêts des consommateurs, une organisation de la société civile qu'il a dirigée pendant plus de 10 ans, qui l'a révélé au grand public. Activiste bien connu qui mit sur la place publique de nombreux scandales dont sont victimes les consommateurs camerounais, Bernard Njonga n'a de cesse de montrer que le peuple camerounais ne mérite pas la misère qui l'accable aujourd'hui, au regard de la diversité de ses produits agricoles industriellement transformables, et de la richesse de son sol qui garantit à ses habitants un bien-être potentiel.
Garga Haman Adji: Le chasseur de baleines qui refuse d'abdiquer Il est l'un des tous premiers à déclarer depuis septembre 2016, sa candidature à la prochaine élection présidentielle. C'était également au sortir de la convention nationale de son parti, l'Add-l'Alliance pour la Démocratie et le Développement. Une petite surprise, pour bien d'observateurs qui prêtaient déjà une retraite paisible à celui que l'opinion retient comme le chasseur des baleines, du fait de la lutte contre les détourneurs de fonds publics qu'il engagea alors qu'il était ministre de la Fonction publique camerounaise.
Maïgari Bello Bouba: Le sous-marin du régime qui rompt sans plier Il fait partie des habitués de l'élection présidentielle depuis le retour au multipartisme. Malgré une cote qui ne cesse de s'effriter, le président national de l'Undp-l'Union nationale pour la Démocratie et le Progès, croit avoir trouvé dans sa participation au scrutin présidentiel une raison de sa survie personnelle, selon des observateurs. Reconduit à la tête de son parti au terme d'un congrès qu'on annonçait sulfureux en février dernier, la convention s'était refermée par une résolution des congressistes l'invitant à être le candidat du parti lors de la prochaine élection présidentielle.