Pierre Mila Assouté pourrait être une carte de rechange au Cameroun où le président Biya traîne beaucoup de casseroles. La France, qui couve ce pays membre de la Françafrique, a, semble-t-il, pris ses devants : elle a d'ores et déjà investi cet ancien député et ancien membre du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, qui déclare à qui veut l'entendre avoir créé son propre parti, le Rassemblement démocratique pour moderniser le Cameroun (RDMC) pour faire face aux dérives de Biya et du RDPC. Mila Assouté est également roi d'une importante chefferie traditionnelle. Une attitude et une popularité qui lui ont une forte adversité dans son propre pays. Résolument opposé au président Paul Biya, c'est de Paris qu'il mène son combat politique. Après avoir été plus ou moins toléré par la France, voilà qu'il a désormais ses entrées au Quai d'Orsay. Son slogan, Biya a construit, sous le couvert de la mondialisation, artificiellement la pauvreté du Cameroun pour le ponctionner, pour le dépouiller, pour le voler. Pendant que le Cameroun se fait classer parmi les plus pauvres, le clan Biya pille les richesses du pays producteur de pétrole (130 milliards de m3 de réserve de gaz naturel), riche en diamant et autres. Mais les Camerounais ont fini par se réveiller lorsque le président Biya a fait changer la Constitution pour se représenter. Les gens sont descendus dans la rue, on a parlé de plus de 200 tués dans des affrontements avec les forces de l'ordre, de 3 000 arrestations. Par ailleurs, Biya qui savait l'opposition de son peuple à un autre mandat, a choisi la voie parlementaire où son parti est majoritaire pour remanier la Constitution. Mila Assouté se dit prêt pour la présidentielle de 2011 et annonce la tenue prochaine du congrès de son parti. Ces annonces, il les a faites juste après avoir été reçu au Quai d'Orsay “sur instruction de la présidence française”, a-t-il précisé. Il doit être reçu bientôt par le Medef. Et le 9 octobre, il organise à Paris, une grande soirée camerounaise pour la modernité et le changement. Avec tous ces petits soins, il ne faut pas être politologue pour conclure que l'Elysée pense au remplacement de Biya qui après avoir fait l'objet d'une enquête sur les biens “mal acquis” qu'il possède en France vient d'être épinglé pour avoir dépensé pour son dernier séjour parisien pratiquement la même somme que Paris a déboursée pour son pays dans le cadre de l'aide aux pays pauvres !