La Tunisie va demander l'inscription de l'île de Djerba au patrimoine mondial de l'Unesco, en s'appuyant notamment sur sa richesse religieuse, a dit le ministre de la Culture, Mohamed Zine El Abidine, en marge du pèlerinage juif de la Ghriba. Le pays d'Afrique du Nord compte à ce jour huit sites classés, dont les médinas de Tunis et Sousse, l'amphithéâtre romain d'El Jem (est) ou encore les sites archéologiques de Carthage et de Dougga (nord), dernier en date inscrit, il y a 20 ans déjà. "Nous allons essayer de classer Djerba parmi le patrimoine universel. (...) C'est une île importante sur le plan de la singularité culturelle, religieuse", a indiqué M. Zine El Abidine. "Il y a quatre structures très importantes", dont l'Institut national du patrimoine (INP), "qui travaillent de pair pour préparer un bon dossier", a ajouté le ministre en précisant que la société civile est associée aux démarches. Il n'a pas fourni de calendrier précis. Selon des médias tunisiens, des experts mandatés par l'Unesco se sont rendus sur cette île du sud de la Tunisie récemment. Présent à Djerba dans le cadre d'une manifestation culturelle, l'ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d'Arvor, a apporté son soutien. Djerba est "un monde précieux, et c'est pourquoi nous sommes tous autour de lui. Nous, mais l'Unesco aussi, qui se prépare, j'espère bientôt, à classer Djerba au patrimoine de l'humanité", a-t-il dit. Les autorités tunisiennes entendent s'appuyer en particulier sur l'héritage religieux de Djerba qui, outre des mosquées, compte églises et synagogues. L'île est "un étalon de valeurs qui montre à quel point les espaces de confluences religieuses sont des espaces de vie", a insisté le ministre de la Culture.
Toutes les religions Parmi la vingtaine de synagogues de Djerba figure celle de la Ghriba, la plus ancienne d'Afrique, qui accueille un pèlerinage réputé chaque année. Sous un important dispositif policier, son édition 2017, qui s'est déroulée de vendredi à dimanche, a été marquée par un regain d'affluence après plusieurs années difficiles en raison des menaces d'attaques et d'attentats. "Il y a une reprise réelle par rapport aux deux années passées. C'est un signe important pour le démarrage de la saison touristique --la saison estivale commence avec la Ghriba--", s'est félicitée la ministre du Tourisme, Selma Elloumi. Le chiffre avancé de 2.500 participants reste néanmoins nettement inférieur aux 8.000 visiteurs qui se rendaient au pèlerinage avant l'attentat au camion-citerne qui avait fait 21 morts en 2002. Alors que le nombre de citoyens de confession juive en Tunisie est passé de près de 100.000 avant l'indépendance (1956) à seulement 1.500 de nos jours, les pèlerins se rendant à la Ghriba chaque année viennent aussi d'Europe, des Etats-Unis et de l'occupant israëlien.
La sécurité est revenue en Tunisie Dimanche, le Premier ministre tunisien Youssef Chahed s'est lui-même rendu sur le site de la synagogue pour "faire passer un double message". "Le premier est de dire que la Tunisie est un pays plusieurs fois millénaire, avec une histoire marquée par l'ouverture à toutes les religions", a-t-il déclaré. Mais il s'agit aussi de souligner "que la sécurité est revenue en Tunisie", a-t-il poursuivi en allusion aux attaques jihadistes ayant fait des dizaines de morts --dont 59 touristes étrangers-- en 2015 et début 2016. Après en avoir gravement souffert, le tourisme tunisien, secteur vital de l'économie, enregistre actuellement une reprise sensible de la fréquentation, en particulier en provenance de France, son marché historique (jusqu'à 1,4 million de visiteurs). Selon Mme Elloumi, la hausse sur un an en provenance d'Europe est de 34%, et atteint 40% pour les Français.