Dépénalisation de la gestion et soumission des entreprises publiques économiques au contrôle par l'inspection générale des finances sont les deux nouveautés de la semaine, la première étant encore au stade des revendications, alors que la seconde est passée au stade de la décision. Cela n'est peut être pas fortuit que se réalise une telle coïncidence dans le temps, car liées par leurs implications. Dans un contexte où l'économie de marché caractérisée par une prise de risque imposée par la concurrence et l'obligation de survie pour l'entreprise implique que nécessairement le gestionnaire doit prendre des risques même calculés, mais risque tout de même, sous peine d'un immobilisme dégradateur des facteurs de compétitivité, la pénalisation de la gestion et une épée de Damoclès qui est suspendue en permanence au-dessus de la tête des gestionnaires. Risquer de se retrouver au pénal pour une décision de gestion qui doit de toute façon se prendre dans un contexte d'incertitudes implique une attitude de prudence stratégique, car le plus important demeure, dans ces conditions, de ne pas risquer de subir des mesures privatives de liberté, alors que l'intention d'attenter à l'économie nationale n'existe pas au moment des faits. On a vu que dans l'affaire Khalifa, nombre de gestionnaires, heureusement relaxés pour bonne foi, avaient démontré qu'ils avaient agi d'un acte de gestion en plaçant des fonds là où ils auraient à mieux être rémunérés Sans aucun doute qu'une telle préoccupation finira par être prise en compte dans le cadre de la révision des codes de justice, d'autant que les réformes financières ont déjà emprunté la voie de leur application et de leur extension à tous les secteurs. Une innovation, l'extension des prérogatives de contrôle de l'IGF aux EPE et même aux entreprises du secteur privé qui ont des contrats avec ces dernières. Sans nul doute qu'il s'agit là d'une amélioration de la fonction contrôle par l'Etat, de là également, les gestionnaires voudraient bien que soient discriminés les résultats de gestion par dissociation de ce qu'il faudrait imputer à la nécessaire prise de risque comme acte normal de gestion et de ce qu'il faudrait imputer à une malveillance.