La formule est novatrice. Elle permet de mieux gérer les 150 milliards de dollars consacrés au développement économique pour les 5 prochaines années. Le Président Abdelaziz Bouteflika dévoilera les axes du programme quinquennal 2009/2014, lors de la réunion des cadres qui se tiendra à la rentrée sociale, a appris L'Expression de source gouvernementale. Au niveau de l'Exécutif, des réunions de coordination seront entamées à partir de la semaine prochaine. Elles mettront autour de la même table les responsables des différents secteurs avec le ministre des Finances. L'objectif est de cerner avec précision les chantiers qui seront financés par la loi de finances 2010 qui s'annonce déjà restrictive en matière de dépenses. La réduction des importations de blé, de lait et de beaucoup de produits de large consommation ainsi que la politique préconisée par le gouvernement Ouyahia pour booster les exportations hors hydrocarbures, ne laissent guère de doute quant à la volonté de l'Etat de rationaliser les dépenses. Campagne contre le gaspillage Un système de veille pour contrôler l'argent de la relance économique, c'est ce que proposera le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, au président de la République dans les tout prochains jours. La formule est innovatrice. Elle permet, selon un membre de l'Exécutif, de mieux gérer l'enveloppe financière volumineuse consacrée au développement économique pour les cinq prochaines années: «C'est carrément une rupture avec les pratiques du passé qui sera introduite dans la gestion des dépenses publiques», confie cette source à L'Expression. Avant d'ajouter: «On ne peut plus continuer à dépenser de la même manière.» Beaucoup d'encre a coulé justement sur la manière avec laquelle a été géré le dernier programme quinquennal (2004-2009.) Censée faire l'exception, la loi de finances complémentaire s'est instaurée comme une tradition, voire une obligation dans les pratiques des gouvernements successifs depuis presque une décennie. «Ce n'est pas avec grand plaisir que nous réunissons chaque année les experts des différents secteurs ministériels pour élaborer une loi de finances complémentaire. Mais nous devons reconnaître qu'effectivement nous avons du mal à cerner nos dépenses. Cette loi vient comme un palliatif», précise notre interlocuteur. Le système de veille luttera contre «le gonflement» des factures ou «le détournement de fonds», il sera chapeauté par une direction attachée au département de M.Karim Djoudi. Cette direction «contrôlera les dépenses, essentiellement le budget d'équipement. Cela nous permettra d'éviter des surprises en cours de route». Les surprises ce sont les révisions continuelles des coûts des projets. Ces révisions, ajoute notre source, ont coûté la bagatelle de 200 milliards de dinars au Trésor public. Budget global, c'est du passé Concrètement, quel sera le rôle de cette direction? En effet, le système de veille ou système d'alerte sera actionné dès qu'une défaillance est remarquée dans la gestion du budget consacré à un projet. L'alerte sera donnée au gouvernement, à titre d'exemple, en cas de réévaluation à la hausse du budget, de gaspillage, ou de détournement d'argent. «Outre le fait qu'elle donne la possibilité aux autorités concernées de suivre pas à pas le déroulement du projet, elle constitue un outil d'intervention rapide dans le cas où une défaillance est signalée.» Ce système vient aussi en appui à l'Inspection générale des finances autorisée à mener des enquêtes au sein des grandes entreprises et de saisir la justice en cas de dépassement. L'enjeu est de taille. Pour les cinq prochaines années, l'Algérie compte investir plus de 150 milliards de dollars dans les différents programmes de développement. L'autre nouveauté du nouveau dispositif de gestion des dépenses publiques sera traduite à travers le mode d'octroi des crédits. Désormais, toute transaction contractée devra passer par le Fonds national d'équipement pour le développement (Fned) où une étude de faisabilité sera faite. Son objectif étant de mesurer la lisibilité du projet, cerner ses aptitudes et points faibles, mettre en oeuvre un plan d'action pour la concrétisation du projet. Et enfin évaluer les coûts. Une fois validée, un dossier complet sera transmis au ministère des Finances en vue de débloquer les fonds nécessaires. Ces fonds seront scindés en deux volets: le premier concerne l'étude du projet, le second sera consacré à la réalisation: «Le terme "budget global"» sera aboli du lexique du gouvernement. Dorénavant, le financement suivra le rythme de maturation des projets confie-t-il.