La Télévision nationale a récupéré, mardi dernier, une partie du fond documentaire sur une période de notre histoire commune, algérienne et française.Cet acte fort, qui permettra aux chercheurs, aux cinéastes et aux étudiants d'appréhender avec “ objectivité ” une période historique située entre 1940 et 1962, est la suite logique du protocole d'accord signé entre l'ENTV et l'INA (Institut national français de l'audiovisuel), le 4 décembre dernier, à l'occasion de la visite d'État en Algérie du président Nicolas Sarkozy. Que contient ce fond documentaire remis de la main d'Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'INA, au directeur général de l'ENTV, Hamraoui Habib-Chawki ? Pas de secrets d'Etat, ni d'informations sur les exactions commises pendant la guerre d'Algérie. Seulement des films documentaires relatant la vie quotidienne des paysans, de grands événements sportifs, culturels, et économiques. Pas d'images politiques, sauf son contexte. La Télévision nationale est dorénavant la propriétaire absolue de ce fond composé de 1.862 documents, ce qui représente un volume horaire de 138 heures. Elle peut en disposer à sa guise, les vendre par contrat, les exploiter…L'ambassade de France en Algérie s'est félicité, dans un communiqué public, mardi de cet accord qualifié d' “acte fort et original de partage d'un patrimoine commun ”, ajoutant que les archives remises comportent, entre autres, “ des dizaines de documents qui traitent des grands événements algériens ; les fêtes traditionnelles de l'Aïd-el-Kebir, au départ de La Mecque en 1946, les grands événements sportifs, comme la finale de la Coupe de football d'Afrique du Nord ou les catastrophes naturelles comme le tremblement de terre de 1954”. Selon l'ambassade de France, ces archives contiendraient aussi des images sur “la vie au quotidien des Algériens ”. Celle-ci tiendrait selon le communique, “ une place importante dans ce corpus d'archives tels que l'image du départ de la caravane du sel en 1948 traversant le Sahara jusqu'au centre de l'Afrique ou un documentaire en couleur de 1950 sur les paysans de l'Aurès. Le début de l'industrialisation de l'Algérie et les grands chantiers sont également évoqués avec l'inauguration de la transsaharienne ou les premiers puits de pétrole à Boussaâda ”. Le communiqué de l'ambassade conclut que “ces archives symbolisent aussi la naissance d'une nation, du référendum de 1962, aux premiers jours de l'Algérie indépendante, en passant par la signature des Accords d'Évian ”. Cette initiative constitue “ un retour sur le passé et un regard vers l'avenir, basé sur la coopération, l'amitié et la sincérité entre les deux pays ”, a pour sa part indiqué Hamraoui Habib Chawki dans une brève intervention. Selon lui, ce geste autoriserait à “lancer une passerelle vers l'amitié algéro-française ”, a-t-il souligné, ajoutant que “ nous resterons ouverts sur l'avenir pour une Algérie toute fière de son arabité, son islamité et son amazighité”. Le geste est certes symbolique, sauf que la colonisation s'est étalée sur plus d'un siècle, et a été sanguinaire.