Le chef des négociations de paix pour la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) en Colombie, Pablo Beltran, a assuré vendredi que les deux parties étaient proches d'un accord pour "un cessez-le-feu temporaire" avant la visite du pape en septembre. "Nous sommes proches d'un cessez-le-feu bilatéral temporaire", a assuré M. Beltran, lors d'un entretien, dans la banlieue de Quito, dans l'élégante hacienda où négocient depuis quatre mois les représentants du gouvernement colombien de Juan Manuel Santos et les émissaires de l'ELN. "Il n'y a pas encore de dates précises. Mais nous voudrions que cela puisse se faire avant l'arrivée de sa Sainteté (début septembre). Nous avons prévu de finaliser cet accord en juillet ou en août", a ajouté M. Beltran, 63 ans, précisant qu'il espérait personnellement pouvoir rencontrer le pape François, à Villavicencio, lors de son voyage dans le pays. "En Colombie, un pape ne vient que tous les 20 ans !", a-t-il souligné. "Dans le cadre de l'accord de paix, nous avons prévu un cessez-le-feu final, de fin de conflit", a expliqué Pablo Beltran: "Là, ce serait différent, ce serait un cessez-le-feu de début de discussions".
'Fin des opérations offensives' "Mais, en prime, il faudra d'autres accords, d'ordre humanitaire, pour soulager la population non combattante", a poursuivi le représentant de l'ELN: "Nous demandons un arrêt des attaques et des persécutions visant les dirigeants syndicaux, environnementaux, et les défenseurs des droits de l'Homme". "Pour nous, il est très important que le gouvernement rompe ses liens avec les paramilitaires et garantisse aux personnes qui ne sont pas d'accord avec lui de pouvoir continuer à militer sans être poursuivies", a insisté le guérillero. "Durant ce cessez-le-feu en préparation, nous cesserons nos opérations offensives. Mais les opérations défensives seront maintenues. Dans les territoires sous le contrôle de l'ELN, il nous faudra nécessairement priver de liberté les personnes étrangères qui entreront, par mesure de sécurité", a souligné M. Beltran, au sujet de la demande faite par le gouvernement à l'ELN de cessez les enlèvements. "Nous détenons très peu de personnes, en comparaison du nombre de dirigeants syndicaux et de militants assassinés cette année", a assuré le guerillero: "Il y a déjà eu plus de 50 de ces assassinats, et les gens que nous avons privés de liberté ne représentent même pas 10% de ce chiffre".
'Impôt' sur la coca M. Beltran a également nié que l'ELN soit financé par le trafic de drogue, directement du moins: "Dans tous les secteurs de la Colombie où se trouve l'ELN, les producteurs, petits ou grands, paient un impôt, quelle que soit leur production, bétail, palme, minerais, coca. Une chose est de toucher cet impôt " de sécurité ", c'en est une autre d'être impliqué dans un trafic". De même, M. Beltran a nié que des déserteurs des Farc aient rejoint l'ELN depuis l'accord de paix entre le gouvernement et l'autre grande guérilla colombienne: "Des Farc, personne n'est arrivé. Mais comme les persécutions politiques continuent, comme il y a des meurtres de dirigeants syndicaux ou de militants, beaucoup de jeunes des villes ou des campagnes voient qu'une option est de rejoindre l'ELN". Inspirée de la révolution cubaine et née comme les Farc d'une rébellion paysanne en 1964, l'ELN compte encore quelque 1.500 combattants. Un troisième cycle de négociations avec le gouvernement doit démarrer à Quito le 24 juillet prochain. Après avoir négocié pendant quatre ans avec les Farc puis signé un accord de paix en novembre, le gouvernement de Bogota a entamé en février des pourparlers avec l'ELN, espérant ainsi parvenir à une "paix complète" en Colombie.