Des prévisions en baisse et un contexte économique défavorable pourraient bien signer la fin de la hausse des petites valeurs, portées à des niveaux record à Wall Street. Les small caps, qui ont alimenté le rally boursier juste après l'élection de Donald Trump à la présidence américaine le 8 novembre, sont désormais confrontées à des prévisions de résultats en baisse, une réforme fiscale au point mort et des fonds d'investissement moins généreux. "Là, il y a un risque de baisse. Les performances ne sont pas bonnes et les valorisations sont (...) assez élevées", explique Steven Desanctis, de chez Jefferies. Les investisseurs avaient pensé que l'administration de Donald Trump, qui a promis des réductions d'impôts agressives et une solide reprise de l'économie, serait une bénédiction pour les petites entreprises, généralement plus tournées vers le marché intérieur. A ce stade, les Républicains ont été incapables d'abroger le système de santé Obamacare et de le remplacer par un projet de substitution, ce qui était pourtant l'une des priorités de Donald Trump. Cette incapacité a fait naître les doutes sur la probabilité d'une réforme fiscale cette année. Le taux d'imposition effectif des small caps est d'environ 32%, contre 26% pour les grandes entreprises, montre une note de Nuveen Asset Management.
À la traîne du S&P-500 Les performances du Russell 2000, indice de référence pour les small caps et celles de l'indice S&P 600, sont à la traîne de celles des grandes valeurs depuis le début de l'année, mais le Russell 2000 a gagné 20,3% depuis l'élection présidentielle, contre une progression de 15,3% pour le S&P-500. Les trois indices ont enregistré des niveaux record ces derniers jours, juste quand la saison des résultats démarrait. Selon le consensus Thomson Reuters, les bénéfices des entreprises du S&P-600 devraient afficher une baisse de 8,3% au deuxième trimestre, les analystes anticipant des résultats en recul pour les secteurs des biens discrétionnaires, de l'énergie et de la santé. Leur chiffre d'affaires, lui, devrait avoir légèrement progressé. La faiblesse de la demande en matière d'habillement, de produits de luxe et autres produits de détail devrait avoir pesé sur les résultats, estime David Aurelio, analyste chez Thomson Reuters. Dans le secteur de l'énergie, des services et équipements pour professionnels, les petites entreprises continuent à souffrir de la réduction des projets des grands groupes. Cette prévision de bénéfices pour les petites valeurs contrastent avec celle d'une croissance solide pour les sociétés du S&P-500 et une forte hausse en rythme annualisé des résultats pour les grandes valeurs de l'énergie. "La croissance des bénéfices des small caps s'est inscrite dans le sillage des grandes valeurs ces quatre dernières années, et cela continue à être le cas au premier semestre de cette année", dit Dan Suzuki, de chez Bank of America Merrill Lynch. Ce n'est pas de bon augure pour les estimations de valorisations des petites valeurs, que la banque qualifie de "compartiment le plus cher d'un marché cher". Le Russell 2000 se paie 26 fois les bénéfices attendus, contre 17,3 fois pour le S&P-500.
Retraits dans des fonds spécialisés Si certains analystes tablent sur un rebond des bénéfices des petites valeurs au second semestre, certains stratégistes pensent, eux, que ces prévisions optimistes ne se réaliseront probablement pas avec une économie américaine qui marque le pas. Les grands groupes ont profité de la récente faiblesse du dollar qui gonfle leurs bénéfices réalisés dans des devises étrangères une fois convertis en dollars. "Cela peut peut-être expliquer pourquoi les prévisions de bénéfices des moyennes et grandes valeurs ont récemment été revues en plus forte hausse que celles des small caps", écrit dans une note Lori Calvasina, de chez Credit Suisse. D'autres données récentes émanant de fonds d'investissement montrent également une tendance baissière. Selon Lipper, les fonds spécialisés dans les small caps basés aux Etats-Unis ont enregistré des retraits sur cinq semaines consécutives.
Les Bourses en Europe reculent Les principales Bourses européennes évoluent lundi en baisse dans les premiers échanges avec un net recul pour le secteur automobile et un plongeon pour Gemalto après une nouvelle révision à la baisse de ses prévisions. À Paris, l'indice CAC 40 perd 0,11% à 5.112,06 points vers 07h35 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,38% et à Londres, le FTSE abandonne 0,43%. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro perd 0,21%, le FTSEurofirst 300 0,11% et le Stoxx 600 0,12%. Gemalto décroche de près de 15%, de loin la plus forte baisse du Stoxx 600 et du SBF 120, après avoir annoncé vendredi une nouvelle révision à la baisse de ses prévisions ainsi qu'une charge de dépréciation de 420 millions d'euros. Le spécialiste de la sécurité numérique, qui a enchaîné les avertissements sur ses résultats au cours des derniers mois, a anticipé la publication de ses comptes du premier semestre initialement prévue pour le 1er septembre, en dévoilant des résultats préliminaires. La plus forte baisse sectorielle en Europe est pour l'automobile (-2%) avec des reculs de 3,38% pour Volkswagen et de 2,72% pour PSA, la plus forte baisse du CAC 40, le secteur pâtissant notamment de l'ouverture d'une enquête par les autorités de la concurrence européennes au sujet d'une éventuelle collusion des constructeurs allemands afin d'utiliser des systèmes permettant de contourner les normes de pollution. A la baisse également, Ryanair perd 4,46% après avoir annoncé le lancement d'une offre non-contraignante sur Alitalia, le transporteur italien en grande difficulté. Les résultats trimestriels des sociétés devraient continuer d'animer les indices en attendant que la politique monétaire revienne sur le devant de la scène, la Réserve fédérale entamant mardi une réunion de deux jours qui ne devrait toutefois pas déboucher sur des annonces spectaculaires. En Europe, les investisseurs prennent acte du léger ralentissement de la croissance du secteur privé dans les économies de la zone euro en juillet, selon les résultats des enquêtes mensuelles auprès des directeurs d'achat (PMI). Sur le marché des changes, le dollar progresse de 0,14% face à un panier de devises de référence dont l'euro qui recule autour de 1,1643 dollar. La Bourse de Tokyo a fini en baisse de 0,62%, le renforcement du yen pénalisant les valeurs exportatrices. L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) progresse de 0,29%.
L'euro reprend son souffle L'euro perdait un peu de terrain face au dollar lundi, mais restait proche de sommets en près de deux ans face à un billet vert qui souffrait toujours d'incertitudes politiques aux Etats-Unis et ce à la veille du début d'une réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed). Vers 09H15 GMT (11H15 HEC), l'euro valait 1,1652 dollar contre 1,1663 dollar vendredi vers 21H00 GMT. Il est monté lundi en début d'échanges asiatiques à 1,1684 dollar, son niveau le plus élevé depuis fin août 2015. La monnaie européenne baissait face à la devise nippone, à 128,95 yens pour un euro contre 129,60 yens vendredi soir. Le billet vert perdait du terrain face à la devise japonaise, à 110,66 yens pour un dollar - son niveau le plus faible depuis mi-juin - contre 111,12 yens vendredi. Le dollar connait un "début de semaine mitigé", a observé Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group. Le dollar a souffert la semaine dernière de la publication d'informations sur le fait que l'enquête menée par Robert Mueller (procureur spécial) sur l'ingérence des Russes dans l'élection américaine allait être étendue dans une large mesure aux transactions financières impliquant les entreprises du président américain Donald Trump. Il a aussi pâti de l'échec des discussions des élus républicains sur la façon de réformer l'Obamacare, et, vendredi, de l'annonce de la démission du porte-parole de Donald Trump, Sean Spicer, l'une des voix les plus importantes de l'administration. Et "les courtiers retiennent leur souffle avant la réunion (monétaire de la Fed)" car ils "seront à l'affût du moindre indice sur une éventuelle normalisation du bilan" de l'institution, a relevé Mme Ozkardeskaya. Mais comme l'a observé Konstantinos Anthis, analyste chez ADS Securities, "le dollar est sous pression depuis quelques semaines à cause d'indicateurs ternes qui ont jeté le doute sur les perspectives optimistes de la Fed (sur l'économie américaine) et les courtiers se demandent si la Fed pourra relever ses taux une nouvelle fois d'ici la fin de l'année". Et comme cette réunion monétaire devrait déboucher sur un statu quo et qu'elle ne sera pas suivie par une conférence de presse, "nous ne nous attendons pas à la moindre nouvelle significative", ce qui devrait limiter les mouvements du dollar, a prévenu M. Anthis. De son côté, l'euro restait prisé, du fait d'une amélioration des conditions financières en zone euro, qui devrait pousser la Banque centrale européenne (BCE) à entamer les discussions sur une éventuelle réduction de ses rachats d'actifs d'ici la fin de l'année, a relevé l'analyste. Vers 09H15 GMT, la monnaie britannique s'appréciait face à l'euro, à 89,34 pence face à l'euro, comme face au dollar, à 1,3041 dollar pour une livre. La monnaie suisse repartait en petite hausse face à l'euro, à 1,1011 franc pour un euro, comme face au dollar, à 0,9450 franc pour un dollar. La devise chinoise se renforçait face au billet vert, à 6,7502 yuans pour un dollar contre 6,7667 yuans vendredi à 15H30 GMT. L'once d'or valait 1.256,15 dollars, contre 1.248,55 dollars vendredi soir.