Ayant longuement hésité, puis renoncé pour l'instant à franchir le cap des 20 000 points pour le Dow Jones, la Bourse de New York cherche un second souffle après sa hausse post-électorale mais doute de le trouver pendant les fêtes de fin d'année. Lors des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average a pris 0,46%, à 19.933,81 points, le Nasdaq, à dominante technologique, 0,47%, à 5.462,69 points. L'indice élargi S&P 500 a avancé de 0,25%, à 2.263,79 points. La confirmation de l'accélération de la croissance américaine, qui s'est établie à 3,5% au troisième trimestre selon la dernière estimation, n'a pas été suffisante pour pousser pour la première fois de son histoire l'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones, au-delà du cap symbolique des 20.000 points. "On a tellement parlé du Dow Jones à 20.000 que c'est devenu une sorte d'obstacle dans la tête des gens et en même temps, on n'a pas grand chose de nouveau à se mettre sous la dent avant l'année prochaine", a estimé Gregori Volokhine, de Meeschaert. La Bourse de New York a depuis début novembre largement anticipé les effets du programme économique d'un Donald Trump qui n'est pas encore entré en fonction et attend désormais des éléments concrets. "De nombreux investisseurs se satisfont de ne rien faire", a indiqué Tom Cahill, de Ventura Wealth Management, qui estimait qu'ils étaient encouragés en cela par l'espoir d'une baisse de l'imposition sur les revenus du capital. "Plutôt que de vendre maintenant, ils attendent le début de l'année, quand ils pourront peut-être bénéficier d'éventuels taux d'impositions plus faibles sur leurs profits", a-t-il expliqué. Consommation La pause de Wall Street cette semaine s'explique aussi par "la faiblesse du secteur lié à la consommation de biens non essentiels, qui a souffert de plusieurs résultats d'entreprises décevants", a indiqué Michael James, de Wedbush Securities. Principale exception, l'équipementier Nike, membre du Dow Jones, a fait mieux que prévu au dernier trimestre mais la force du dollar a entaché ses prévisions. Cette attention portée à ce secteur devrait rester l'un des seuls éléments marquant la semaine prochaine, qui sera amputée de la séance de lundi, jour férié aux Etats-unis. La consommation reste le principal moteur de l'économie américaine et les marchés cherchent à savoir si la nette hausse du moral des ménages constatée depuis deux mois se traduit bien par des dépenses, particulièrement pour la période cruciale des ventes de fin d'année. Hormis des chiffres de l'immobilier aux Etats-Unis, la semaine prochaine s'annonce dénuée de toute actualité économique majeure. "De nombreux gestionnaires de portefeuilles vont prendre leur semaine et ne reviendront que la semaine suivante pour commencer la nouvelle année", a rapporté Michael James, estimant que cela devrait faire baisser les volumes d'échanges, ce qui pourrait accentuer des mouvements ponctuels. Les analystes se montrent particulièrement attentifs aux effets que pourraient avoir de nouvelles déclarations éventuelles de Donald Trump concernant des entreprises via le réseau social Twitter. Les actions du groupe de défense Lockheed Martin ont par exemple reculé après des critiques de Donald Trump sur le coût d'un de ses bombardiers. "Cela va avoir plus d'effet sur les titres que sur la réalité des entreprises", a estimé Gregori Volokhine. Une fois les fêtes de fin d'année passées, les investisseurs se tourneront vers les résultats d'entreprises pour voir si l'amélioration esquissée au troisième trimestre se confirme et dans quelle mesure les grands groupes anticipent les effets attendus d'un gouvernement Trump. Une séance inerte Wall Street a fini en légère hausse vendredi à l'issue d'une séance extrêmement calme, en l'absence de nombreux investisseurs avant un week-end de trois jours pour Noël: le Dow Jones a gagné 0,07% et le Nasdaq 0,28%. Au terme d'une semaine déjà très calme, les investisseurs "ont continué de se laisser aller pour la dernière séance avant un week-end de fêtes", ont résumé dans une note les experts de la maison de courtage Charles Schwab. Les échanges sont restés très réduits à l'approche d'un week-end de trois jours, Wall Street devant rester fermée lundi, d'autant que beaucoup d'investisseurs ne reviendront probablement pas avant l'année prochaine. Parmi l'actualité économique du jour, "les marchés ont peu réagi à des chiffres meilleurs que prévu sur le moral des ménages et les ventes de maisons neuves", respectivement pour décembre et le mois précédent, ont souligné les experts de Charles Schwab. Les investisseurs américains n'ont pas plus semblé marqués par une actualité chargée et, a priori, plutôt rassurante sur le secteur bancaire européen, dont un accord entre Deutsche Bank ainsi que Crédit Suisse avec les Etats-Unis sur leur rôle dans la crise des subprimes, et l'annonce d'un plan de sauvetage public de l'italienne BMPS. Toute cette inactivité "témoigne du fait que la Bourse suscite peu d'intérêt aujourd'hui", a conclu Michael James, de Wedbush Securities. Plus largement, les investisseurs sont d'autant moins enclins à prendre des risques que Wall Street a déjà considérablement monté depuis l'élection début novembre du républicain Donald Trump à la présidence américaine, les indices battant encore des records au début de cette semaine. Cal-Maine bondit Parmi les valeurs, le laboratoire Synergy Pharmaceuticals a bondi de 21,73% à 5,77 dollars après avoir fait part de résultats positifs d'essais d'un traitement du syndrome de l'intestin irritable. Le groupe de défense Lockheed Martin, dont Donald Trump a plusieurs fois critiqué le coût du bombardier F-35, a perdu 1,27% à 249,59 dollars, au moment où le futur président semble vouloir faire jouer la concurrence avec l'avionneur Boeing (+0,22% à 157,81 dollars) à qui il a demandé un tarif pour une version d'un avion de combat concurrent. Parmi les résultats notables, Cintas, spécialiste des services aux entreprises, a baissé de 3,11% à 116,36 dollars après avoir fait état d'un bénéfice net divisé par deux au dernier trimestre malgré une progression de ses ventes. Le groupe agroalimentaire Cal-Maine, spécialiste des œufs, a pris 7,02% à 44,95 dollars, malgré l'annonce d'une perte nette trimestrielle, les investisseurs jugeant moins grave que prévu la chute de son chiffre d'affaires. Le marché obligataire a légèrement avancé, le rendement des bons du Trésor à 10 ans baissant à 2,540%, contre 2,548% jeudi soir, et celui des bons à 30 ans à 3,116%, contre 3,127% précédemment. L'euro monte face au dollar L'euro montait un peu hier face au dollar, qui baissait aussi face au yen, dans des mouvements de faible amplitude au lendemain du week-end de Noël. Vers 07H00 GMT (08H00 HEC), l'euro valait 1,0468 contre 1,0454 dollar vendredi soir. La monnaie européenne était stable face à la monnaie nippone, à 122,62 yens contre 122,61 yens vendredi soir. Le dollar baissait un peu face à la devise japonaise, à 117,14 yens pour un dollar contre 117,31 yens vendredi soir. En fin de semaine dernière, l'activité s'était montrée très réduite sur le marché des changes, avec fluctuations assez erratiques, "des échanges vraiment caractéristiques de la semaine de Noël", les cambistes prenant "quelques bénéfices" sur le dollar avant la fin de l'année, avait signalé Boris Schlossberg, de BK Asset Management. Le billet vert reste proche de ses plus hauts niveaux depuis le début des années 2000 après avoir flambé pendant un mois et demi, d'abord dans la foulée de l'élection à la présidence des Etats-Unis du républicain Donald Trump début novembre, puis face à la décision en décembre de la Réserve fédérale (Fed) de relever ses taux pour la première fois de l'année. Les Bourses de Hong Kong, Singapour, Sydney, Kuala Lumpur, Wellington et Jakarta sont fermées lundi, jour férié. La Bourse est aussi fermée en France, Angleterre, Suisse et aux Etats-Unis. Vers 07H00 GMT, la livre britannique baissait face à la monnaie européenne, à 85,21 pence pour un euro, et aussi face au dollar, à 1,2284 dollar pour une livre. La devise suisse montait face à l'euro, à 1,0729 franc pour un euro, et face au dollar à 1,0249 franc pour un dollar. La devise chinoise montait un peu face au billet vert, à 6,9443 yuans pour un dollar contre 6,9458 yuans pour un dollar vendredi à 15H30 GMT.