Le constructeur américain de voitures électriques Tesla joue gros vendredi avec la livraison des premiers exemplaires de son très attendu "Model 3", qui devrait lui permettre d'accéder au marché grand public. La société du milliardaire Elon Musk doit remettre les clés dans la soirée aux trente premiers acheteurs --des salariés de Tesla pour l'essentiel-- lors d'une cérémonie dans son usine située près de San Francisco (ouest). Plus petit et moins cher que les "Model S" et "X", le "3" se veut un véhicule milieu de gamme, entièrement électrique comme ses prédécesseurs et disposant lui aussi du système de pilotage automatique, qui rend la voiture partiellement autonome. Il coûte 35.000 dollars, soit la moitié du prix de base du "Model S". Sa batterie lui permet de rouler 350 km, contre presque 600 pour le modèle Tesla le plus puissant. Elon Musk, également à la tête de la société SpaceX, avait annoncé au début du mois le lancement de la production, qui devrait atteindre 100 exemplaires en août et au moins 1.500 en septembre avant, a-t-il espéré, 20.000 par mois à la fin de l'année. Le "Model 3" représente une étape essentielle dans les ambitions de M. Musk, qui veut faire de Tesla, fondé en 2003, un constructeur de véhicules en grande série. "La stratégie de Tesla est d'entrer sur le marché par le haut de gamme" puis "de se positionner rapidement plus bas, pour produire de plus gros volumes et baisser les prix à chaque nouveau modèle", écrivait le milliardaire en 2006. Selon les projections, le constructeur a vendu sur les six premiers mois de cette année entre 47 et 50.000 voitures dans le monde. Avec le "Model 3", il espère atteindre 500.000 voitures vendues en 2018 et un million d'ici 2020. Par comparaison, les deux premiers constructeurs mondiaux, l'allemand Volkswagen et le japonais Toyota vendent chacun plus de 10 millions de voitures par an.
L'iPhone de l'automobile? Un succès du "Model 3" serait aussi de nature à rassurer les marchés: certains analystes s'interrogent sur les perspectives de croissance, estimant que la demande pour les "Model S" et "Model X" plafonne. Mais, jusqu'à présent, la stratégie d'Elon Musk a payé: bien que la plupart des constructeurs proposent aussi des voitures électriques, Tesla règne aujourd'hui sur ce marché car il a su créer une "niche". Au point de disputer à General Motors, plus gros constructeur automobile américain, la place honorifique de première capitalisation boursière à Wall Street. Le "Model 3" a déjà fait l'objet de près de 400.000 pré-commandes, selon les derniers chiffres de Tesla. A la fois électriques et partiellement autonomes, les Tesla combinent deux aspects considérés comme l'avenir de l'automobile, sur lesquels travaillent la plupart des constructeurs mais aussi des géants informatiques comme Google ou Apple. L'analyste Gene Munster, du cabinet Loup Ventures, estime d'ailleurs que Tesla pourrait bien être l'Apple de l'automobile. "Un jour on comparera le lancement du +Model 3+ à celui de l'iPhone, qui a déclenché une révolution dans les technologies mobiles", estime-t-il.
Batteries, solaire, navettes spatiales Selon M. Munster, Tesla aura un rôle central dans le changement de paradigme du secteur automobile vers les voitures électriques et autonomes. Les voitures propres s'inscrivent dans la démarche environnementale qui guide une large partie des nombreux projets d'Elon Musk. Présent dans l'énergie solaire, avec l'entreprise SolarCity mais aussi dans la conquête spatiale avec SpaceX, le milliardaire veut aussi mettre au point des batteries pour la maison. Il a également relancé, sans y prendre part directement, le projet Hyperloop qui doit permettre de transporter à très grande vitesse des passagers dans des capsules circulant dans un tube à basse pression. La montée en puissance de la production d'automobiles s'accompagne aussi de la construction d'une "giga-usine" de batteries dans le Nevada (ouest) dont la production doit débuter d'ici fin 2017. Berceau de Tesla, la Californie continue à se positionner à l'avant-garde de la lutte contre le changement climatique malgré une administration Trump qui revient, entre autres, sur des seuils de pollution des centrales à charbon et véhicules adoptés pendant l'administration Obama, et qui a décidé de sortir les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat.
Le "tout-électrique" Selon les projections, Tesla a vendu sur les six premiers mois de l'année entre 47 et 50.000 voitures dans le monde grâce à ses deux modèles déjà sur le marché, le "Model S" et le "Model X". Le Model 3 doit lui permettre d'atteindre son objectif de 500.000 voitures vendues en 2018 et un million d'ici 2020. Par comparaison, les deux premiers constructeurs mondiaux, l'allemand Volkswagen et le japonais Toyota vendent chacun plus de 10 millions de voitures par an. General Motors, le premier constructeur américain avec plus de trois millions de véhicules vendus aux Etats-Unis l'an dernier, est pour l'instant le principal concurrent de Tesla sur le marché du tout-électrique: Il y a lancé cette année la "Bolt" que concurrencera directement le "Model 3" de Tesla. Mais la Bolt se vend mal: seulement 1.642 exemplaires en juin et 7.600 depuis le début de l'année. GM envisage d'en arrêter temporairement des chaines de production aux Etats-Unis pour écouler les stocks. La plupart des constructeurs ont actuellement dans leur gamme des voitures électriques de taille et d'autonomie diverses. Nissan propose aux Etats-Unis un petit modèle, la Leaf, qui s'est vendu à 1.500 exemplaires en juin, un peu moins que la Bolt. Mais seul Tesla s'est assuré pour l'instant une véritable "niche" avec des voitures dont l'autonomie peut atteindre 600 kilomètres.
Les hybrides rechargeables Sans être "tout électrique", ces voitures sont aussi considérées comme propres grâce à leur recours à l'électricité pour se mouvoir. Une hybride classique, comme la Toyota Prius lancée en 1997, utilise alternativement, et automatiquement, l'électricité ou l'essence en fonction des exigences de son moteur mais sa consommation de carburant fossile reste significative (de l'ordre de 5 litres/100km). Une hybride rechargeable peut, elle, être rechargée à intervalles réguliers pour n'utiliser que l'électricité, ne recourant à l'essence que lorsque ses batteries sont vides, contrairement aux Tesla qui n'utilisent que l'électricité. Selon le site "InsideEvs.com" (Electric Vehicles) il s'est vendu au total 158.600 voitures tout-électrique et "plug-in" en 2016 aux Etats-Unis et près de 777.500 dans le monde, les modèles les plus vendus aux Etats-Unis étant la Tesla "Model S", la Chevrolet Volt (une hybride essence/électricité), la Tesla "Model X", la Ford Fusion Energi et la Nissan Leaf, ces cinq voitures étant les seules à dépasser les 10.000 exemplaires vendus.
L'hydrogène Cette technologie est décrite depuis plusieurs décennies comme l'autre piste pour un véhicule 100% propre utilisant une pile à combustible qui ne rejette dans l'atmosphère que de la vapeur d'eau. Honda, avec la Clarity, et Toyota, avec la Mirai, ont déjà des tels véhicules sur les routes mais leur diffusion reste confidentielle faute de réseau conséquent de stations-service pour faire le plein d'hydrogène. Un peu plus de 700 Mirai ont été vendues aux Etats-Unis, essentiellement en Californie, sur les six premiers mois de l'année. Honda a écoulé environ 300 Clarity.
Les politiques publiques Parmi les pays qui favorisent le développement des tout-électrique ou des hybrides rechargeables, la Norvège -- pourtant un pays producteur de pétrole -- cavale en tête: Pour la première fois en juin, les immatriculations de voitures tout-électrique s'y sont arrogées la plus forte part des immatriculations de voitures neuves grâce à une politique d'incitations fiscales suivie depuis plusieurs années et qui vise à éliminer les voitures à combustion d'ici 2025. Tesla a aussi fortement bénéficié des incitations fiscales pour l'achat d'un véhicule tout-électrique aux Etats-Unis mais cette manne s'interrompra lorsque le constructeur y aura vendu au total 200.000 voitures. Ces crédits d'impôts peuvent atteindre jusqu'à 7.500 dollars par voiture et leur disparition pourrait handicaper la diffusion du Model 3 dont près de 400.000 exemplaires ont déjà été pré-commandés.
Pilotage automatique "Plus petite" et "plus simple" que ses grandes sœurs, la "Model 3" se veut plus accessible: elle coûte 35.000 dollars (environ 30.000 euros), soit la moitié du prix de base de la "S". La "3" a "beaucoup moins d'options disponibles" que le "Model S", explique Tesla, mais elle dispose aussi du système de pilotage automatique, qui permet à la voiture d'effectuer seule un grand nombre de manœuvres. Sa batterie lui permet de rouler "au moins 215 miles" (345 km), selon le groupe, contre quasiment 600 km pour le modèle Tesla le plus puissant. Jusqu'à présent la stratégie d'Elon Musk a payé: bien que la plupart des constructeurs aient actuellement dans leur gamme des voitures électriques de taille et d'autonomie diverses, le groupe règne aujourd'hui sur le marché de l'électrique car il a su créer une "niche" avec les modèles X et S. Au point de disputer cette année à General Motors, le plus gros constructeur auto américain avec plus de trois millions de véhicules vendus aux Etats-Unis l'an dernier, la place honorifique de première capitalisation boursière à Wall Street. Le "Model 3", qui a fait l'objet de près de 400.000 pré-commandes, a pourtant déjà une concurrente directe, la "Bolt" de General Motors. Mais elle ne devrait pas lui faire beaucoup d'ombre: elle se vend mal, au point que GM envisage d'arrêter temporairement des chaînes de production aux Etats-Unis pour écouler les stocks. A la fois électriques et partiellement autonomes, les voitures Tesla combinent deux aspects considérés comme l'avenir de l'automobile, sur lesquels travaillent non seulement la plupart des constructeurs mais aussi des géants informatiques comme Google ou Apple. Les voitures propres s'inscrivent dans la démarche environnementale qui guide une large partie des nombreux projets d'Elon Musk, 45 ans. Présent dans l'énergie solaire, avec l'entreprise de panneaux solaires SolarCity mais aussi dans la conquête spatiale avec SpaceX, Elon Musk veut aussi mettre au point des batteries pour la maison. Il a aussi relancé, sans y prendre part directement, le projet Hyperloop, permettant de transporter, sur Terre, des passagers dans des capsules circulant dans un tube à basse pression à une vitesse pouvant atteindre 1.200 km/h. La montée en puissance de la production d'automobile s'accompagne aussi de la construction d'une "giga-usine" de batteries dans le Nevada (ouest) dont la production doit débuter d'ici la fin de l'année.