On retrouve la même mansuétude des rapporteurs concernant les produits que l'Australie et la Nouvelle Zélande veulent vendre en plus grande quantités dans les pays de l'Union européenne dans le cadre des négociations de libre échanges en cours avec mandat donné à la Commission européenne par les Etats membres comme pour le Mercosur. On lit dans cet encadré que " l'Australie est le troisième exportateur mondial de viande bovine. Elle bénéficie de coûts de production 70% plus faibles qu'en Europe. L'Australie est également le huitième exportateur mondial de poudre de lait, le dixième exportateur mondial de beurre, le quatrième producteur mondial de sucre (avec 3,5 millions de tonnes exportées), le cinquième exportateur de blé ". Voilà de quoi faire chuter les cours en Europe chaque fois que l'offre dépassera la demande et que le prix payé aux producteurs européens dépendra alors " de la confrontation entre ce que l'acheteur est prêt à payer pour la dernière tonne offerte et le prix auquel le vendeur est prêt à céder la dernière tonne de sa production ", selon les rapporteurs du Sénat. Comme si cela ne suffisait pas, le paragraphe consacré à la Nouvelle Zélande nous dit que cette dernière " assure 75% des approvisionnements mondiaux d'agneaux : l'offre néo-zélandaise représente à elle seule plus de 80% des parts de marché. Ce pays est également le premier exportateurs mondial de beurre, avec 27% de part de marché, ainsi que le deuxième exportateur mondial de poudre de lait ". Dans la partie de son rapport consacré à la crise laitière en Europe depuis près de trois ans, la commission sénatoriale rappelle que la Commission a subventionné la mise à l'intervention publique de 350.000 t de poudre de lait écrémé. Cela a coûté pas mal d'argent et, comme le stock perdure encore, les laiteries françaises et sans doute aussi d'autres en Europe, en profitent encore en 2017 pour maintenir un prix trop bas pour le lait collecté dans les fermes. C'est peut-être ce que fait Daniel Gremillet en sa qualité de président de la fromagerie de l'Ermitage à Bulgnéville dans les Vosges. Car le prix payé par la plupart des laiteries reste trop bas en 2017, entre 220 et 230€ les 1.000 litres alors que la sécheresse fait grimper les coûts de production. Hier, pendant que les sénateurs de droite présentaient leur rapport, le député communiste de Seine Maritime Sébastien Jumel interpellait le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert sur la situation qui devient intenable pour les producteurs de lait. " Si on ne veut pas que les Etats généraux de l'agriculture et de l'alimentation soient une grand-messe sans lendemain concret, le gouvernement doit prendre la main et intervenir pour peser dans la négociation entre organisations de producteurs, transformateurs et distribution pour que le prix du lait payé au producteur soit un prix de valeur réelle, interdisant que cette valeur soit captée de manière déséquilibrée par les intermédiaires de la distribution ".
De nouveaux marchés conquis par les produits alimentaires de l'UE D'autre part, une série de facteurs, allant de l'embargo russe à la volatilité des prix, a mis les marchés agricoles européens, déjà dans une mauvaise passe, sous une pression énorme. Le secteur semble cependant prêt à relever le défi. Selon les dernières statistiques d'Eurostat, la valeur des exportations agroalimentaires européennes a ainsi atteint un nouveau record de 130,7 milliards d'euros en 2016. L'embargo russe a ainsi fait disparaître du jour au lendemain le principal marché d'exportation de beaucoup d'agriculteurs européens, une perte totale estimée à 5,5 milliards d'euros. Depuis, la Commission est parvenue à ouvrir de nouveaux marchés et les exportations agroalimentaires sont à nouveau à la hausse. Les Etats-Unis et la Chine sont les premiers partenaires commerciaux de l'UE, mais les marchés asiatiques, comme le Japon, le Vietnam et la Corée sont de plus en plus importants. En 2017, des progrès remarquables ont également été enregistrés aux Philippines, à Singapour et en Indonésie. Les producteurs européens estiment toutefois que cela ne s'est pas encore traduit pas une augmentation de leurs revenus. "Je pense qu'une fois que nous entrons sur de nouveaux marchés, nous devons nous assurer que les agriculteurs bénéficient de certains de ces gains", a déclaré Pekka Pesonen, secrétaire général de l'association des agriculteurs européens, la Copa-Cogeca.
Programmes de qualité et accords commerciaux Les produits exportés depuis le sud de l'Europe, comme l'huile d'olive, le vin et les légumes frais, sont particulièrement appréciés à l'étranger pour leur qualité. Marc Vanheukelen, ambassadeur de l'UE auprès de l'Organisation mondiale du commerce, a ainsi déclaré l'an dernier que la demande dans les pays émergents est en hausse "suite à l'augmentation de la population, et en particulier de la classe moyenne, dont les habitudes alimentaires évoluent". Il souligne que les consommateurs sont de plus en plus pointilleux en ce qui concerne la qualité, la sûreté et la valeur nutritionnelle des aliments, et que "l'Europe est bien placée pour répondre à ces demandes". L'UE attache en effet beaucoup d'attention à la qualité des aliments produits sur son territoire. C'est l'une des raisons pour lesquelles ont été créées les indications géographiques, afin de promouvoir et de protéger les produits aux caractéristiques uniques. La France, l'Italie, le Portugal, l'Espagne et la Grèce sont les pays ayant enregistré le plus de produits alimentaires dans le cadre des programmes européens de qualité. Leurs produits "protégés" vont de certaines viandes fraîches et fruits et légumes à des huiles ou des fromages. Ces programmes concernent les aliments, vins, spiritueux et vins aromatisés, ainsi que les produits bio. À l'heure actuelle, 1?402 produits ont été enregistrés, pour une valeur à l'exportation estimée à 11,5 milliards d'euros. Les indications géographiques font également partie des accords commerciaux signés entre l'UE et ses partenaires. Récemment, un accord politique a été signé entre Bruxelles et Tokyo, afin d'accélérer la négociation d'un accord de libre-échange, qui devrait être finalisé d'ici la fin de l'année. Selon Phil Hogan, le commissaire à l'agriculture, plus de 200 appellations ont été protégées dans l'accord. "Comme les normes européennes de qualité et de sûreté des aliments sont les plus hautes dans le monde, nous sommes parvenus à protéger complètement nos produits d'indication géographique et à assurer un accès au marché dans de nombreux secteurs clés", a indiqué le commissaire.