Le prix du lait atteint des niveaux record dans le monde entier, Car la production n'a pas suivi l'augmentation fulgurante de la demande, notamment dans les pays émergents comme la Chine. En effet, dopés par la conjugaison de plusieurs facteurs (changement climatique, politiques commerciales et concurrence des producteurs de biocarburant pour le fourrage), les prix mondiaux du lait ont doublé en l'espace de deux ans. Et la hausse des prix ne touche pas uniquement les pays en développement mais aussi les pays riches. Dans certaines régions des Etats-Unis par exemple, le lait coûte plus cher que l'essence, et l'on signale des vols de vaches dans des fermes du Wisconsin. Mais le principal motif de cette hausse est le même que pour les matières premières traditionnelles comme le minerai de fer et le cuivre : une économie mondiale florissante. De la Chine à l'Amérique latine en passant par l'Inde et le Moyen-Orient, des millions de personnes sortent de la pauvreté et viennent gonfler les rangs des classes moyennes. Et, tout comme les voitures rutilantes ou les téléviseurs à écran plat, le lait est un signe extérieur de nouvelle richesse, une source importante de protéines, obligatoire dans le régime alimentaire de toute personne aisée qui se respecte. Rien que pour satisfaire cette demande, selon des économistes, la principale coopérative laitière en Nouvelle-Zélande et le premier exportateur mondial de produits laitiers, devra accroître l'offre d'une quantité équivalant à la production annuelle de son pays. C'est énorme. Des économistes doutent que les vaches du monde entier se montrent à la hauteur de la tâche, et ils craignent que la pénurie de lait constatée dans certaines régions du monde ne fasse tache d'huile. D'autres estiment en revanche qu'il est possible d'en produire dans de nombreuses nouvelles régions si le prix est suffisamment attrayant. Et tous s'accordent pour prévoir que ce prix devrait rester élevé, voire grimper encore. Ce qui distingue le lait d'autres matières premières dont la demande explose, c'est qu'à la différence du pétrole, par exemple, on ne peut pas le mettre en baril et le stocker : il tourne. Même sous forme de poudre, la version la plus négociable, il a une date de péremption. Résultat, à peine 7 % de la production mondiale traversent les frontières. Le reste est consommé sur les marchés intérieurs, qui sont tout autant protégés par la géographie que par les droits de douane ou les subventions. Les gros acheteurs comme les fabricants de chocolat et les hypermarchés s'approvisionnent via des contrats à long terme, ce qui leur permet de lisser les fluctuations de prix. Aussi la pénurie mondiale se fait-elle sentir différemment selon les pays, et tous les consommateurs ne sont pas logés à la même enseigne. Mais, en raison du caractère local du marché, il y a très peu de réserves. Par le passé, le monde pouvait toujours compter sur les Etats-Unis et l'Europe pour combler les déficits en exportant une partie de leurs stocks subventionnés de fromages, de beurre et de lait en poudre. Mais les Américains ont réduit leurs montagnes de beurre et autres produits laitiers. Il en est de même pour l'Union européenne, où la baisse des subventions, entamée en 1993, aboutira à leur disparition à la fin de l'année. “Les entrepôts sont désormais vides”, résume-t-on. L'Australie, grand pays exportateur, est touchée depuis quelques années par la sécheresse, qui a porté un coup dur à sa production en privant d'herbe les vaches laitières. Selon de nombreux Australiens, cette mauvaise météo, loin d'être un problème temporaire, est en réalité liée au réchauffement de la planète, et la filière laitière ne sera plus jamais ce qu'elle a été. Parallèlement, la demande croissante de biocarburants tire vers le haut les prix du maïs et d'autres céréales, que les agriculteurs américains, européens, canadiens et japonais utilisent pour nourrir leurs vaches. L'alourdissement du coût de l'alimentation animale contribue ainsi à faire grimper un peu plus le prix du lait. La production augmente dans les pays émergents comme la Chine, mais la demande y croît encore plus vite. Le Chinois moyen consomme maintenant plus de 25 litres de lait par an, contre 9 litres en 2000. En conséquence, si ce pays est devenu l'un des premiers producteurs, il est aussi l'un des premiers importateurs. D'autres pays émergents sont de gros importateurs de poudre de lait également . C'est le cas de notre pays. Le gouvernement Belkhadem avait pris la décision de subventionner l'importation de la poudre de lait et de continuer à soutenir le prix du lait en sachet. Mais ce n'est qu'une mesure à court terme. L'idéal est de mettre en place une stratégie globale à même de booster la filière lait dans son ensemble. Car , au rythme où vont les choses sur le marché mondial, la situation n'augure rien de bon.