Les opérateurs du secteur laitier viennent de surseoir à leur grève pour manque d'approvisionnement, comme ils l'avaient annoncé la semaine écoulée. Cette décision prise en assemblée générale, laquelle a regroupé les 70 entreprises de transformation du lait, intervient à la suite des dernières déclarations du chef du gouvernement, Monsieur Abdelaziz Belkhadem, qui avait souligné devant les membres de la Commission exécutive nationale (CEN), que l'Etat envisage l'idée de mettre fin à la subvention accordée aux producteurs, au profit d'un soutien direct aux consommateurs, c'est-à-dire aux familles à "faible revenu" et ce à travers une ligne financière qui sera intégrée dans les salaires. "La production de lait en sachet ne s'arrêtera pas. Nous sommes avec la mesure avancée par le chef du gouvernement à la seule condition de savoir comment il est envisagé d'accompagner le consommateur vers une libéralisation des prix du lait", affirme M. Abdelwahab Ziani, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA). Les 70 entreprises de transformation de lait affiliées à cette confédération se sont mises d'accord pour accompagner la libéralisation progressive des prix dans l'objectif d'aller au plus vite vers davantage de développement de la production de lait cru. Les opérateurs mettent l'accent sur la nécessité de ce développement et qu'il puisse correspondre avec le prix appliqué à la poudre de lait. Ils s'interrogent également sur le montant exact de cette subvention et sur le début de l'entame de ce processus de libéralisation des prix. Les représentants des entreprises de transformation du lait, réunis en ce début de semaine à Alger, ont été unanimes à saisir par courrier le ministre du Commerce si les subventions qui leurs sont accordées vont se poursuivre ou non. Il ressort que la CIPA est toujours en contact avec le ministère du Commerce, surtout indique-t-on que les subventions comptant pour le mois de juin n'ont toujours pas été libérées. Ces mêmes producteurs de lait en sachet craignent de se retrouver une fois de plus seuls face à la hausse continuelle de la poudre de lait sur le marché mondial. Actuellement la tonne de poudre de lait coûte 4 200 euros. Ils réclament une subvention à 30 dinars le litre. "Nous ne pouvons continuer à produire à perte. Le sachet de lait sorti de l'entreprise nous revient à 50 dinars alors que nous le mettons sur le marché à 25 dinars", indique un opérateur. Sur le marché mondial, le prix du lait en poudre est en forte hausse. Les commandes de nombreux pays ont été rejetées en Europe. Et mêmes si ces commandes sont acceptées, elles sont surtaxées. A l'origine de cette hausse, que connaît le marché mondial, la suppression des subventions que les pays occidentaux accordaient à leurs producteurs, et cela conformément aux recommandations de l'OMC. Pour rentabiliser leur production, les producteurs européens se sont tournés vers d'autres produits, dérivés du lait. Comme les yoghourts ou les fromages. D'où la pénurie de lait en poudre sur marché international. Les analystes ajoutent à la suppression des subventions : le réchauffement climatique, cause de la sécheresse dans la plupart des pays réputés gros producteurs, mais aussi grands exportateurs de lait. Notamment, la Nouvelle-Zélande, l'Australie où la production a chuté de 50 %, l'Argentine devenue importateur de lait en poudre, après s'être illustrée comme l'un des plus grands exportateurs. Conséquence à la bourse européenne, le prix de la tonne de lait en poudre est passé de 3 100 dollars à 4 950 dollars. Et cela, entre le 1er et le 5 mai derniers. Cette situation arrive de façon brusque pour surprendre les pouvoirs publics algériens et les opérateurs de l'industrie du lait. Elle pose des difficultés qui sont loin d'être atténuées tant l'Algérie est encore dépendante de ce produit. La donne actuelle, favorisée par le prix encore galopant de la poudre de lait, invite les pouvoirs publics à réfléchir à une meilleure production de lait en Algérie et à favoriser la naissance d'un tissu d'investisseurs pour produire en abondance ce produit.