La division continue de régner au sein du gouvernement britannique au sujet du Brexit, le ministre du Commerce international balayant dimanche la nécessité d'une période de transition post-Brexit défendue par le ministre des Finances. Dans une interview au Sunday Times, le ministre du Commerce Liam Fox a déclaré qu'il n'a "pas participé à de telles discussions si, déjà, elles ont eu lieu", au sujet d'une éventuelle période de transition de trois ans après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, prévue en mars 2019. Le ministre des Finances Philip Hammond avait, de son côté, insisté vendredi sur le fait qu'il y avait un "large consensus" au sein du gouvernement conservateur afin d'atténuer les effets du Brexit et éviter aux Britanniques "une rupture brutale du jour au lendemain". M. Hammond a ajouté qu'en conséquence, les éventuelles restrictions à l'immigration, principal cheval de bataille des Brexiters, ne seront pas mises en place immédiatement et que le principe de libre circulation des personnes sera maintenu pendant trois ans après la concrétisation du Brexit. Liam Fox a répliqué dimanche, affirmant que cette perspective allait à l'encontre du résultat du référendum du 23 juin 2016 lors duquel près de 52% des Britanniques ont opté pour le divorce avec l'UE. "Nous avions été clair, retrouver le contrôle de nos frontières était l'une de nos priorités", a-t-il insisté. Le ministre du Commerce international a reçu l'appui de l'ancien secrétaire d'Etat au Brexit, David Jones, qui a qualifié une éventuelle période de transition de "terriblement dangereuse". Il a accusé M. Hammond de "manœuvrer" au moment où la Première ministre Theresa May est en vacances en Italie. Gerard Lyons, l'ancien conseiller économique du ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, a également attaqué "l'alarmisme" de Philip Hammond sur les risques d'un Brexit sans transition. "Cela me rappelle le passage de l'an 2000 lorsque les ordinateurs devaient s'arrêter", a-t-il écrit dimanche dans le Daily Telegraph. Les négociations avec l'UE sur le Brexit ont été entamées en juin sur trois questions clés : les droits futurs des citoyens européens installés au Royaume-Uni, le règlement financier du divorce, et la question de la frontière irlandaise. Mais selon des sources diplomatiques européennes, elles pourraient bien prendre du retard faute de "clarté" du côté britannique, empêchant probablement le démarrage des discussions sur les futures relations commerciales, prévu initialement en octobre.
Suppression du taux interbancaire d'ici 2021 Le régulateur britannique des marchés a annoncé la suppression d'ici fin 2021 du célèbre taux interbancaire Libor, qui a fait l'objet de nombreux scandales ces dernières années, de nombreuses banques n'y participant plus. Le Libor, soit le "London Interbank Offered Rate", a longtemps été un taux interbancaire de référence dans le monde de la finance, ayant une incidence sur une masse énorme de produits financiers dont certains prêts aux ménages et aux entreprises. Dans un discours prononcé à Londres, Andrew Bailey, le directeur général du gendarme britannique des marchés, le FCA, qui régule le libor, a acté la disparition du Libor. Il a expliqué que le marché permettant de faire vivre le Libor "n'est plus suffisamment actif", alors que de nombreuses banques n'y participent plus, ce qui "soulève une sérieuse question quant à la pérennité des indices Libor". M. Bailey a précisé que le travail devait désormais débuter pour établir des taux de référence alternatifs. Utilisé par les grands établissements financiers, le Libor servait jusqu'à présent de référence pour environ 360 000 milliards de dollars de contrats à travers le monde. Il est décliné pour plusieurs grandes devises, comme le dollar, l'euro, le yen ou la livre sterling. A chaque fois, les taux sont calculés à partir d'un panel de plusieurs banques. Le Libor, comme son homologue de la zone euro l'Euribor, a fait office de véritable baromètre des marchés pendant la crise financière de 2008. Toute envolée du taux signifiait alors une perte de confiance entre banques qui n'osaient plus se prêter des fonds. Il a par ailleurs été le symbole des dérives de la finance, ayant fait l'objet de nombreuses affaires de manipulation. Plusieurs grandes banques ont payé de lourdes amendes comme Deutsche Bank, UBS, RBS ou encore Rabobank, pour des milliards de dollars au total. Un ancien trader des banques UBS et Citigroup, Tom Hayes, a même écopé d'une peine de onze ans de prison.
L'économie accélère légèrement au 2e trimestre L'économie britannique a légèrement accéléré le pas au deuxième trimestre, soutenue par le secteur des services et notamment par l'industrie cinématographique, montrent les chiffres préliminaires publiés. La première estimation de la croissance, en grande partie fondée sur des données estimées, ne fournit pas d'indications sur l'évolution des différentes composantes du PIB. Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 0,3% sur la période avril-juin, après une hausse de 0,2% au premier trimestre, une performance qui devrait probablement inciter la Banque d'Angleterre à maintenir ses taux d'intérêt à leur plus bas niveau la semaine prochaine. Le chiffre du PIB est conforme à la prévision moyenne des économistes interrogés par Reuters et clôt le plus mauvais premier semestre de l'économie britannique depuis 2012. "Pour moi, il enterre définitivement une éventuelle hausse des taux en août", estime Alan Clarke, de chez Scotiabnk. La livre a légèrement baissé contre le dollar après la publication de ces chiffres. L'économie britannique a dégagé une croissance annuelle de 1,7% au deuxième trimestre, conforme aux attentes, après 2,0% le trimestre précédent. La croissance de l'économie britannique a atteint 1,8% l'année dernière, le rythme le plus élevé parmi les sept pays les plus développés et qui n'a été égalé que par l'Allemagne, défiant les pronostics sur les conséquences du Brexit. Mais la dépréciation de la livre qui a suivi le référendum en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne a accéléré l'inflation, pénalisant les secteurs dépendant de la consommation des ménages. "L'économie a connu un ralentissement notable au premier semestre de cette année", a déclaré Darren Morgan, de l'Office national de la statistique (ONS). Le secteur des services est le seul contributeur à la croissance du deuxième trimestre, particulièrement la distribution, l'hôtellerie-restauration et l'industrie cinématographique. Le secteur cinématographique a connu une croissance de 72% depuis 2014, probablement due aux crédits d'impôt instaurés par l'ex-ministre des Finances George Osborne. Les blockbusters sortis au deuxième trimestre y ont également contribué. Pour le seul mois de mai, le secteur des services a affiché une progression de 0,2%. Ces chiffres ne devraient pas amener la Banque d'Angleterre(BoE) à relever son taux d'intervention historiquement bas, lors de sa réunion de la semaine prochaine. En juin, la BoE avait dit tabler sur une croissance de 0,4% au deuxième trimestre. Lundi, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la Grande-Bretagne, tablant sur 1,7% de croissance cette année (-0,3 point par rapport à avril) et 1,5% (inchangé) l'an prochain.