Les finances publiques du Royaume-Uni se sont dégradées plus que prévu en novembre, selon des données publiées cette semaine, signe que le plan d'austérité ne porte pas ses fruits alors que le ministre des Finances a déjà dû admettre qu'il durerait plus longtemps que prévu. Selon des chiffres de l'Office des statistiques nationales (ONS), le gouvernement a emprunté 17,5 milliards de livres le mois dernier, soit 1,2 milliard de livres de plus qu'en novembre 2011. Ce chiffre est supérieur aux attentes des économistes qui misaient sur 17 milliards de livres selon un consensus établi par Dow Jones Newswires. La dette publique a progressé de son côté à 1'083,6 milliards de livres, soit 68,5% du produit intérieur brut (PIB). Cette nouvelle aggravation de l'état des finances publiques intervient deux semaines après le "discours d'automne" du ministre des Finances, George Osborne, lors duquel il avait dû admettre que son plan d'austérité peinait à porter ses fruits en raison d'une conjoncture morose qui complique sa tâche de réduction du déficit. Le Chancelier de l'Echiquier avait annoncé à cette occasion que la cure d'austérité allait devoir durer un an de plus, jusqu'en 2018. Il avait également dû reconnaître qu'il ne tiendrait pas son objectif de réduction du ratio dette/PIB à partir de 2015/2016, désormais repoussé en 2016/2017. "Les finances publiques de novembre n'ont apporté aucun réconfort pour les fêtes au Chancelier. Cela veut peut-être dire qu'il a été vilain plutôt que gentil !", a ironisé Howard Archer d'IHS Global Insight. Cette dégradation des finances publiques "alimente les craintes grandissantes d'une perte par la Grande-Bretagne de sa note "AAA" auprès d'au moins une des grandes agences" de notation, ce qui serait "embarrassant" pour le gouvernement, a ajouté l'économiste. Standard and Poor's a annoncé, jeudi dernier, qu'elle envisageait de priver le Royaume-Uni de son triple A, rejoignant ainsi Moody's et Fitch qui avaient déjà abaissé la perspective de la note du pays. La réforme bancaire doit aller plus loin, selon un rapport parlementaire La réforme bancaire au Royaume-Uni doit aller plus loin et permettre si besoin une séparation totale entre activités de détail et d'investissement des banques, prône la commission parlementaire mise en place après le scandale du Libor. Nous recommandons une électrification de la barrière séparant ces différentes activités, a résumé Andrew Tyrie, le président conservateur de cette commission mise sur pieds cet été, en présentant ce rapport rendu public. Le gouvernement a engagé une réforme pour obliger les banques à isoler leurs activités de détail de celles d'investissement d'ici 2019, afin d'éviter un sauvetage aux frais du contribuable, comme cela avait été le cas durant la crise financière. Pour que le cloisonnement fonctionne, les banques doivent être découragées de contourner les règles. Toute l'histoire nous enseigne que c'est ce qu'elles font à moins d'en être dissuadées, estime M. Tyrie. Le rapport prône ainsi d'inscrire dans la loi la possibilité d'aller plus loin et de séparer purement et simplement les activités des banques si le simple cloisonnement s'avérait insuffisant. En l'absence de la proposition de la commission législative d'électrifier la cloison, le risque d'un échec du cloisonnement sera plus élevé, estiment les parlementaires, qui viennent de différents partis. En effet, les parlementaires craignent que les banques vident peu à peu la réforme de sa substance et ne s'éloignent de son esprit. La commission s'inquiète du fait que le cloisonnement (tel qu'il est prévu actuellement) puisse être vulnérable à l'érosion avec le temps, écrivent-ils. Le rapport prend le contre-pied du ministre des Finances George Osborne, qui a déjà défendu la réforme bancaire dans sa forme actuelle et a appelé les parlementaires à ne pas détricoter un consensus qui a été atteint sur les deux dernières années. L'enquête parlementaire a été instaurée après l'éclatement de l'affaire des manipulations du taux interbancaire Libor par la banque Barclays cet été, un des nombreux scandales qui ont récemment éclaboussé les établissements financiers britanniques. Croissance du troisième trimestre révisée en légère baisse à 0,9% La croissance du Royaume-Uni a été révisée en légère baisse à 0,9% au troisième trimestre, période au cours de laquelle le pays est sorti de la récession, a indiqué cette semaine l'Office des statistiques nationales (ONS) dans sa troisième et dernière estimation. Les deux précédentes estimations avaient fait état d'une croissance de 1%. Les économistes tablaient sur une troisième estimation inchangée, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires. Pour James Knightley d'ING, cette révision à la baisse, couplée à d'autres indicateurs décevants, "souligne l'état de faiblesse de l'économie britannique"."Le PIB britannique va probablement se contracter au quatrième trimestre après la croissance du troisième trimestre", a estimé de son côté Vicky Redwood de Capital Economics, ce qui fait peser le risque d'une troisième récession depuis la crise financière de 2008-2009. Le Royaume-Uni est sorti de la récession cet été après trois trimestres consécutifs de contraction du Produit intérieur brut (PIB) mais la situation de l'économie reste en effet fragile. Mi-novembre, la Banque d'Angleterre avait mis en garde contre une nouvelle contraction du PIB au quatrième trimestre. Prenant acte de la morosité de la conjoncture, le ministre des Finances, George Osborne, avait révisé en forte baisse début décembre les prévisions de croissance. Selon les nouvelles prévisions, le PIB devrait ainsi se contracter de 0,1% cette année, contre une précédente prévision de +0,8% datant de mars, et enregistrer une croissance de 1,2% en 2013 contre 2% attendu auparavant. Cercle vicieux, la révision des perspectives de croissance a obligé M. Osborne à admettre que sa cure d'austérité allait devoir durer un an de plus, jusqu'en 2018, ce qui pèsera sur l'activité.