L'ancien président de l'Afghanistan Hamid Karzaï juge que la nouvelle stratégie américaine présentée par le président américain Donald Trump hier "ne conduira pas à la paix et à la stabilité en Afghanistan" et "ne fera qu'accroître l'intensité des activités militaires et aggravera l'effusion de sang". D'après lui, la volonté affichée de recours plus activement aux sociétés militaires privées, y compris la fameuse Blackwater (Academi), "enfreignent la souveraineté et la Constitution du pays". "Je m'oppose formellement à cette nouvelle stratégie des USA en Afghanistan car elle est contraire aux intérêts nationaux du pays", a déclaré Hamid Karzaï. Et de poursuivre: "Je m'oppose catégoriquement à la hausse du rôle des sociétés américaines privées dans la campagne afghane. Cela enfreint la souveraineté et la Constitution, prolongera le conflit et aggravera l'effusion de sang en Afghanistan. L'usage de sociétés militaires privées est un projet anti-afghan." Cette stratégie américaine insiste sur la nécessité de faire participer les talibans aux négociations, le renforcement de la lutte contre le terrorisme, l'élargissement des pouvoirs des militaires américains en Afghanistan ou encore la pression sur le Pakistan qui, selon Washington, apporte un soutien aux radicaux. De plus, le locataire de la Maison-Blanche a déclaré que les USA ne s'occuperaient plus de la construction des structures étatiques afghanes pour se concentrer sur "l'élimination des terroristes". Par ailleurs, Trump a averti que la campagne afghane des USA n'avait pas de date limitée, la communauté internationale ne doit donc pas s'attendre à un retrait rapide des troupes. Pour sa part, Moscou estime que la campagne américaine en Afghanistan est un échec. Selon Zamir Kaboulov, représentant spécial du président russe pour l'Afghanistan, les Etats-Unis doivent retirer leur contingent du pays, qui est déjà de facto un "incubateur mondial de terrorisme international". Les USA sont présents en Afghanistan depuis 2001 dans le cadre d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Près de 10.000 soldats se trouvent actuellement dans ce pays et ont pour tâche principale d'entraîner et de préparer des soldats afghans à la lutte contre les groupuscules terroristes. Mais en dépit de cette longue présence militaire, on ne parvient pas à stabiliser la situation dans le pays. Actuellement, les radicaux contrôlent près de 40% du territoire afghan. Pendant sa campagne électorale, Donald Trump avait déclaré à plusieurs reprises que les USA devaient sortir d'Afghanistan, qualifiant la guerre dans ce pays "d'insensée". Mais de toute évidence les militaires américains ont réussi à persuader le président du contraire.
Pour Trump, ce n'est qu'une source de matières premières Lundi soir, le président américain Donald Trump a présente la nouvelle stratégie des USA en Afghanistan. L'agence de presse Reuters note que Donald Trump, homme d'affaires expérimenté, analyse attentivement les ressources minières de l'Afghanistan qui pourraient aider ce pays à compenser les dépenses engagées pour financer les 16 ans de guerre et contribuer à son rétablissement - qui a déjà coûté 117 milliards de dollars à l'Occident, essentiellement aux USA. Une étude menée par les experts de l'Institut d'études géologiques des Etats-Unis au milieu des années 2000 a révélé que le potentiel des gisements afghans pourrait se chiffrer jusqu'à 1.000 milliards de dollars. Ce sont ces réserves de richesses naturelles que les responsables étrangers et afghans voient comme une clef incroyable vers l'indépendance économique de l'Afghanistan. Hormis les gisements d'or, d'argent et de platine, le sous-sol afghan abrite une grande quantité de minerais de fer, d'uranium, de zinc, de tantale, de bauxite, de charbon, de gaz naturel et de cuivre - ce qui est précieux compte tenu du manque de nouvelles mines de cuivre dans le monde entier. Selon certaines informations, l'Afghanistan pourrait devenir une "Arabie saoudite du lithium" grâce à ses immenses réserves. Cette matière première est en effet utilisée dans les téléphones et les voitures électriques. Mais l'absence de logistique de base empêche pour l'instant toutes les tentatives de Kaboul d'exploiter, avec le soutien des étrangers, ces ressources minières pour en faire un secteur stratégique de l'économie afghane. Même un grand projet comme la mine de cuivre de Mes Aynak, exploitée par un groupe chinois, est pour l'instant au "niveau zéro". Selon William Byrd, expert du développement à l'Institut des USA pour la paix, le "maraudage industriel" à grande échelle prospère en Afghanistan. Il existe beaucoup de mines, petites et moyennes, mais nombre d'entre elles échappent au contrôle de l'Etat et tirent leur propre profit de ces puissantes ressources, privant le trésor afghan d'environ 300 millions de dollars d'impôts impayés. Avec l'arrivée au pouvoir de la nouvelle administration américaine, les dirigeants afghans tentent d'accroître l'intérêt de Washington pour l'exploitation des réserves de ressources minières dans le pays. Des responsables américains ont déclaré à l'agence de presse Reuters que Trump avait annoncé, pendant une réunion avec ses conseillers à la Maison-Blanche en juillet, que les USA devaient exiger une part des richesses minières afghanes en échange d'une aide au gouvernement afghan. Mais les investisseurs privés sont prudents quant à cette idée, particulièrement à cause de l'absence de réseaux logistiques et d'exportation en Afghanistan, mais aussi face à la menace réelle d'une arrivée des islamistes au pouvoir. D'après les experts, il faudra encore des années pour que Washington et ses alliés remportent une victoire significative en Afghanistan.