La Corée du Sud prône le déploiement sur la péninsule coréenne de l'armement américain puissant: d'un groupe aéronaval d'attaque, de bombardiers stratégiques et de vecteurs du système de défense antimissile THAAD. Le ministère Sud-coréen de la Défense Song Young-moo a déclaré que pendant la réunion du Conseil de sécurité nationale après les essais en Corée du Nord les hauts responsables ont reconnu la nécessité de renforcer les mesures militaires, et non le dialogue diplomatique. Dans le même temps les militaires sud-coréens ont déclaré avoir découvert des signes de préparation de Pyongyang aux nouveaux lancements de missiles. Une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies s'est tenue lundi 4 septembre compte tenu de l'aggravation de la crise sur la péninsule coréenne. Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont l'intention de déployer sur la péninsule coréenne un groupe aéronaval d'attaque, des bombardiers stratégiques et d'autres forces et moyens pour réagir aux récents essais nucléaires en Corée du Nord. Ces informations se trouvent dans le rapport du ministère de la Défense du pays adressé à la commission parlementaire de la défense, rapporte l'agence de presse Yonhap. "Après les consultations avec les USA nous insisterons sur la possibilité de déployer des forces et des moyens stratégiques comme un groupe aéronaval d'attaque des USA et des bombardiers stratégiques", a annoncé le ministère de la Défense. Ce dernier a également déclaré que dès septembre des exercices seront unilatéralement organisés pour s'entraîner, entre autres, à utiliser des missiles de croisière Taurus KEPD 350/150 à partir des chasseurs bombardiers F-15K. Ces munitions air-sol d'une portée de 500 km sont destinées à effectuer des frappes de haute précision pour détruire des cibles hautement protégées, ainsi que des cibles en profondeur. En cas de conflit armé ces missiles pourraient servir à détruire les principaux sites du programme nucléaire et de missiles en Corée du Nord. La déclaration du ministère sud-coréen de la Défense a été faite le lendemain du sixième essai nucléaire de Pyongyang qui a considérablement accru la tension dans la région. Selon différentes informations, la puissance de la bombe H était comprise entre 70 et 120 kt, et l'ogive testée peut être installée sur un missile intercontinental. Durant les audiences parlementaires le ministre sud-coréen de la Défense Song Young-moo a déclaré qu'au cours des récents pourparlers avec le chef du Pentagone James Mattis il avait demandé de déployer des forces stratégiques américaines en Corée du Sud à titre permanent. C'était lié à l'exigence des politiciens sud-coréens de redéploiement de l'arme nucléaire tactique américaine. Dans le même temps, Song Young-moo a démenti qu'il avait effectivement exigé de redéployer l'arsenal nucléaire américain évacué de la péninsule coréenne au début des années 1990. Le ministre a ajouté que pendant la réunion du Conseil de sécurité nationale organisée rapidement après les essais nord-coréens les hauts responsables ont reconnu la nécessité de renforcer les mesures militaires, au lieu du dialogue diplomatique dans le cadre de la déclaration de Berlin. Rappelons que cette initiative pacifique a été proposée par le président sud-coréen début juillet. Elle s'appuie sur la dénucléarisation de la Corée du Nord avec des garanties de sécurité, ainsi qu'en utilisant des stimulations diplomatiques et économiques. Dans le même temps il faut mener un travail pour conclure un accord de paix et renoncer à la perspective de réunification forcée des deux Corées. Le rapport parlementaire stipule également que les militaires sud-coréens ont détecté des signes de préparation de la Corée du Nord à de nouveaux lancements de missiles. "Le Nord pourrait lancer un missile intercontinental pour montrer qu'il a conçu un vecteur stable capable d'atteindre le territoire des Etats-Unis", indique le communiqué. A cet égard le ministère sud-coréen de la Défense a rendu publique la déclaration d'intention de déployer sur le territoire du pays encore quatre systèmes de lancement de la défense antimissile américaine THADD. Il est noté également que deux systèmes ont déjà été déployés dans le district de Seongju à environ 300 km de Séoul. "Les systèmes de lancement restants seront prochainement déployés conformément aux accords entre la Corée du Sud et les USA pour faire face aux menaces nucléaires et de missiles croissantes émanant du Nord", a annoncé le ministère. Auparavant le ministère sud-coréen de l'Environnement après des vérifications écologiques supplémentaires a donné une autorisation pour le déploiement dans le pays des systèmes THAAD.
"Nous verrons" Dans la nuit de dimanche à lundi, 4 septembre, le président américain Donald Trump a confirmé la disposition de Washington à agir dans l'intérêt de sa propre défense et de la protection des territoires des alliés en utilisant l'ensemble des moyens diplomatiques, conventionnels et nucléaires à disposition des USA. Cette déclaration a été diffusée à l'issue des pourparlers de Donald Trump avec le premier ministre japonais Shinzo Abe. Alors que plus tôt à une question directe d'un journaliste de savoir s'il a l'intention d'attaquer la Corée du Nord, le locataire de la Maison blanche a répondu: "Nous verrons". Au vu de l'essai d'une bombe H en Corée du Nord, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni d'urgence lundi. En prévision de cette réunion le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a appelé à se tenir à la ligne diplomatique dans le règlement du conflit sur la péninsule coréenne. "Nous l'avons dit plusieurs fois et je le répète: continuer de faire pression sur la Corée du Nord n'a aucun sens. Certains pays pensent qu'il faut continuer de faire pression et de menacer, mais c'est une mauvaise solution", a déclaré le diplomate. Il a rappelé le plan sino-russe de "double gel" qui prévoit la réduction des essais nucléaires et de missiles en échange de l'abandon des exercices militaires américano-sud-coréens à proximité de la Corée du Nord. Et d'ajouter: "Nous sommes convaincus qu'il est possible de régler la situation pacifiquement. Je pense que certaines personnes soutiennent l'alternative à un autre conflit qui serait très dangereux." Pour sa part, le vice-président de l'Association des diplomates russes Andreï Baklanov a commenté les propos de Trump que la Maison blanche étudie la possibilité d'un conflit armé avec l'usage de l'arme nucléaire contre la Corée du Nord. "C'est tout à fait probable. Actuellement la situation évolue dans ce sens. […] L'azimut de la Corée du Nord est à ce jour le plus dangereux en termes de probabilité de dégénération de la situation en activités militaires. Le principal moteur de l'aggravation ce sont les USA et leurs alliés. Même si nous ne levons pas du tout la responsabilité de la Corée du Nord de ne pas avoir rempli l'exigence inconditionnelle de la communauté internationale de s'abstenir de l'obtention et qui plus est de la menace d'utiliser l'arme de destruction massive", a déclaré Andreï Baklanov.
Divisions sur de nouvelles sanctions De leur part, les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies sont restés divisés sur d'éventuelles sanctions contre la Corée du Nord pour son dernier essai nucléaire. Lundi lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ainsi que le Japon étaient favorables à de nouvelles sanctions, alors que des pays comme la Russie ont proposé de recourir aux moyens diplomatiques. L'ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies, Nikki Haley, a appelé à "des mesures les plus fortes possibles" par le Conseil de sécurité contre la Corée du Nord. "Le moment est venu d'épuiser tous les moyens diplomatiques pour mettre fin à cette crise, ce qui implique d'adopter rapidement les mesures les plus fortes possibles ici au Conseil de sécurité de l'ONU", a déclaré Nikki Haley lors de la réunion du Conseil qu'elle avait demandée avec des représentants de la Grande-Bretagne, de la France, du Japon et de la Corée du Sud. Le représentant permanent de la Russie à l'ONU, Vassili Nebenzia, a rappelé que l'échec passé du Conseil de sécurité à freiner les programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord était dû au fait que les résolutions "ne visaient qu'à mobiliser des mécanismes de sanctions". "La Russie appelle la communauté internationale à ne pas céder aux émotions (mais) à agir de manière calme et équilibrée", a-t-il déclaré lors de la même réunion, ajoutant qu'un règlement global ne peut être réalisé que par des voies politiques et diplomatiques. L'ambassadeur de France auprès des Nations Unies François Delattre a appelé à l'adoption de nouvelles sanctions par le Conseil de sécurité, en plus des sanctions autonomes par l'Union européenne. Selon lui, la menace de la Corée du Nord a changé à la fois en dimension et en nature. L'envoyé japonais Koro Bessho a déclaré: "Le Japon souligne la nécessité pour le Conseil d'adopter rapidement une nouvelle résolution avec d'autres mesures de sanctions solides". Pour sa part, le représentant permanent de la Chine auprès des Nations Unies, Liu Jieyi, a condamné le dernier essai nucléaire de la Corée du Nord, et a exhorté le pays à revenir sur la voie du dialogue. La Chine ne permettra pas le chaos et la guerre dans la péninsule coréenne, a-t-il souligné.