Le Japon, comme les Etats-Unis, exhorte la Chine à jouer un rôle plus important pour contenir le programme nucléaire et balistique de la Corée du Nord Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a supervisé un essai de missile balistique contrôlé par un système de navigation et a ordonné le développement d'armes stratégiques plus puissantes, a annoncé, hier, l'agence de presse nord-coréenne, Kcna, au lendemain d'un nouveau tir de missile, dernier essai en date d'une série rapprochée menée au mépris des décisions des Nations unies. Face à Pyongyang, Tokyo, comme Washington, a appelé Pékin à jouer un rôle plus important pour contenir les projets militaires du régime, tandis que la Corée du Sud a annoncé la tenue d'un exercice conjoint avec les Etats-Unis. Kim Jong-un s'est dit convaincu que le pays allait «faire un bond en avant encore plus important dans cet esprit d'envoyer un ‘‘paquet cadeau'' plus grand aux Yankees», face aux provocations militaires américaines, poursuit l'agence nord-coréenne. Le missile était équipé d'un système perfectionné de pré-lancement, une nouveauté par rapport aux précédents missiles de courte portée, ajoute Kcna, confirmant le tir d'un missile de type Scud modifié annoncé par la Corée du Sud. L'essai visait à vérifier les capacités de ce nouveau système de navigation et la fiabilité d'un nouveau lanceur mobile. Selon Kcna, ce tir a été un succès. «Le missile balistique a volé vers l'est où le jour se levait et a parfaitement atteint sa cible après avoir parcouru la moitié de la distance dont il est capable», a précisé l'agence nord-coréenne. Les médias officiels nord-coréens publient usuellement un compte-rendu le lendemain des essais. Depuis l'année dernière, la Corée du Nord a accéléré le rythme de ses essais balistiques et revendique des avancées majeures en la matière. Ces revendications, difficiles à vérifier, comportent, selon des experts, un fond de vérité. Mardi, le Japon a exhorté la Chine à jouer un rôle plus important pour contenir le programme nucléaire et balistique de la Corée du Nord. Le conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre Shinzo Abe, Shotaro Yachi, s'est entretenu pendant cinq heures, hier, près de Tokyo avec le conseiller chinois des Affaires de l'Etat, Yang Jiechi. Le responsable japonais a estimé devant son collègue chinois que les actions de Pyongyang avaient atteint un nouveau niveau de provocation. «Le Japon et la Chine doivent travailler ensemble pour exhorter fortement la Corée du Nord à éviter de nouvelles provocations», a déclaré Yachi selon une déclaration de la diplomatie japonaise. Le ministre des Affaires étrangères chinois a publié un communiqué à propos de la rencontre mais n'y a pas fait mention de la Corée du Nord. En parallèle, la Corée du Sud a annoncé, hier, avoir procédé la veille à un exercice militaire conjoint avec un bombardier américain B-1B. Pyongyang a accusé les Etats-Unis d'organiser des exercices visant à préparer un bombardement nucléaire de la péninsule coréenne. L'US Navy a précisé en outre que le groupe aéronaval Carl-Vinson projetait un exercice avec un second porte-avions américain, l'USS Ronald-Reagan, dans les eaux à proximité de la péninsule, sans préciser de date. Toutefois, le déploiement secret de quatre batteries anti-missile du système Thaad a «scandalisé» le président sud-coréen. Le président sud-coréen Moon Jae-in a fait savoir, hier, qu'il avait ordonné une enquête sur ce déploiement non signalé à son administration. Son porte-parole a précisé que le nouveau président, investi le 10 mai, avait été «scandalisé» en découvrant que ces quatre batteries additionnelles, en plus des deux autres déployées avant son élection, avaient été installées sans que lui-même ni la population n'en soient informés. Négocié entre l'administration précédente et les Etats-Unis, le déploiement de ces missiles anti-missile Thaad est censé répondre à la menace balistique nord-coréenne. Leur installation en mars dans la région de Seongju (sud-ouest) a provoqué l'inquiétude de Pékin, qui redoute que les systèmes de radar dont sont équipés ces systèmes d'interception de missiles en haute altitude ne servent aussi à surveiller les mouvements de troupes en Chine ou ses propres systèmes de missiles. Au cours de la campagne électorale, Moon Jae-in s'est prononcé pour un examen parlementaire du déploiement du système Terminal High Altitude Area Defense (Thaad). Yoon Young-chan, le porte-parole de la Maison bleue, le siège de la présidence sud-coréenne, a souligné que le déploiement de ces quatre batteries supplémentaires n'avait pas été porté à la connaissance de la nouvelle administration présidentielle. Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de l'état-major des forces américaines en Corée du Sud ou de l'armée sud-coréenne. Quelque 28 500 soldats américains sont stationnés en Corée du Sud en vertu du traité de défense mutuelle qui lie Séoul et Washington depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953). Reuters