Depuis l'échec du modèle de partenariat entre l'Etat, le capital et le travail, l'échec du modèle socialiste, l'échec du modèle porté, défendu par les pays du Tiers-monde, nous entrons dans un modèle où il est demandé à l'Etat de s'effacer pour laisser sur le terrain le capital en domination hégémonique sur le travail, ce qu'on peut appeler le libéralisme, sans peur et sans reproche, car sans foi mais avec des lois qu'il aura lui-même imposées. Le combat porté par les altermondialistes n'apparaît pas être celui de créer une alternative à la mondialisation, mais de ne pas tout marchandiser, notamment pas les secteurs de la culture et des services. Alors, depuis que l'"économique" a la primauté sur le "politique", les vainqueurs et les vaincus de la guerre économique sont connus d'avance, et concernent aussi bien les Etats que des couches populaires. Très peu d'Etats auront dans leurs mains la majorité des richesses mondiales et une classe au sein de populations disposera de la majorité des richesses dans chaque pays. Inégalités entre Etats et inégalités au sein de chaque Etat. Ce sont bien les pays riches qui dirigent les institutions financières et commerciales internationales, ce sont bien les pays riches alliés aux firmes internationales qui ont conçu la mondialisation, ce sont bien les firmes internationales ou le capital si l'on préfère cette expression qui financent les campagnes électorales dans les pays riches, c'est bien le complexe militaro indistinct américain (c'est ce qui se dit souvent) qui dirige les Etats-Unis. Des pays tels que le nôtre peuvent-ils faire en quelques années ce que les pays riches ont fait en des siècles, car il nous est demandé de nous mettre à niveau et de procéder à des réformes qui permettent aux firmes internationales de pénétrer chez nous en pays conquis ? Quel pays du tiers monde est devenu développé en suivant les instructions des institutions financières internationales qui se soucient uniquement d'augmenter la capacité de remboursement des dettes contractées, tandis que les pays riches se soucient uniquement de voir s'élever nos capacités à être de bons clients. Il était bien pris à Doha l'engagement au sein de l'OMC de réduire la pauvreté en compensation de l'ouverture au commerce international, mais il est démontré que la prospérité n'a pas un caractère transfrontalier. Si on nous appelle alors pays en transition ou en développement, il faudrait bien préciser quel est le risque que notre destination ne soit pas le développement, mais la désindustrialisation, causée par l'impossibilité d'une concurrence à niveau égal.