Au vu de la grande différence entre les opérations de vente et d'achat des devises de la Banque d'Algérie et celle du marché parallèle, il est urgent de tenter d'éradiquer ce marché informel de la devise qui nuit à l'économie nationale. A titre d'exemple, hier, pour 1 euro, la Banque achetait à 132,7914 DA alors qu'au marché parallèle il était à 200 DA. Quant à la vente, le chiffre de la Banque d'Algérie était établi hier à 132,8657 DA alors qu'au marché parallèle, il était à 205 DA. Une ouverture des bureaux de change privés pourrait ne serait-ce que diminuer cette fluctuation et cette différence criarde. Faut-il pour ce faire, rappeler qu'au mois de mars de l'année dernière, le ministre des Finances d'alors a confié l'existence d'un projet en gestation au niveau de la Banque centrale, dédié à traquer l'argent de l'informel. Ainsi, et après avoir mis en place le dispositif de mise en conformité fiscale volontaire, destiné plus précisément aux fonds de la sphère marchande de l'économie informelle, le Gouvernement s'était penché sur le marché parallèle des devises en pensant à une réponse réglementaire. A ce moment-là, on avait bien envisagé une révision de la réglementation sur le change afin de permettre à des investisseurs de pouvoir ouvrir des bureaux de change privés. La loi existe, certes, mais il manque justement les incitatifs aussi bien au niveau de la rémunération qu'au niveau du rapport entre ces bureaux et la Banque centrale. On envisageait alors un véritable lifting du dispositif juridique existant à même de le rendre accessible et incitatif aux yeux des investisseurs intéressés par l'activité de change légale. L'activité illégale de change pèse sur l'économie nationale et bien évidement sur la valeur de la monnaie nationale. La solution est donc la libéralisation de l'activité de change et l'ouverture de bureaux privés. Pour assécher le marché informel des devises, il faut donc aller progressivement vers l'ouverture de bureaux de change privés. Dans la mesure où l'assise juridique à l'ouverture des bureaux de change privés existe déjà, il ne reste plus que des remodelages réglementaires, avec bien évidement des actualisations pour passer à l'action de l'ouverture pratiques. Et c'est ce qui a été fait au mois d'avril de l'année dernière où la Banque d'Algérie a officiellement ré-autorisé les bureaux de change à effectuer des opérations de change des devises, dans un nouveau règlement publié dans le Journal officiel. Cette opération, effectuée exclusivement par les banques depuis 2007, devrait constituer un pas dans la lutte contre le marché informel de la devise. Et le nouveau règlement de la Banque d'Algérie (BA) relatif aux règles applicables aux transactions courantes avec l'étranger et aux comptes devises autorise les bureaux de change à effectuer des opérations de change. La BA précise que ces opérations de change sont un "achat contre monnaie nationale de billets de banque et de chèques de voyage libellés en monnaies étrangères librement convertibles auprès des personnes physiques résidentes et non-résidentes, au sens de l'article 2 du règlement n° 07-01 du 15 Moharram 1428 correspondant au 3 février 2007, susvisé", explique la BA dans le Journal officiel. Il s'agit aussi de "vente contre monnaie nationale de billets de banque libellés en monnaies étrangères librement convertibles, au profit des personnes physiques non-résidentes, concurrence du reliquat des dinars en leur possession, la fin de leur séjour en Algérie et provenant d'une cession de devises préalablement réalisée". En réalité, l'exercice de ces bureaux en Algérie a été autorisé en 1997. Mais cela n'a pas incité les personnes morales et physiques à s'y impliquer, au constat de la faible offre des devises et la faible rémunération de ces bureaux, fixée à 1% par la BA. "Une marge bénéficiaire de 1%, comme c'est le cas actuellement, veut dire que le bureau de change peut acheter la devise à un prix inférieur à 1% par rapport au taux de change de la BA et la vendre à un prix supérieur de 1% de ce taux, et c'est infime comme gain, comparé aux gains réalisés sur le marché informel de la devise", relève un banquier. Cela voudrait simplement dire qu'il faudrait désormais augmenter ces marges bénéficiaires de manière "très significatives", pour inciter les investisseurs à ouvrir des bureaux de changes privés. Or, lors de ce même mois d'avril 2016, le gouverneur de la Banque d'Algérie, avait bien déclaré que l'ouverture de bureaux de change en Algérie n'est pas à l'ordre du jour. Pour lui, il est " prématuré " de parler des bureaux de change car le dinar algérien n'est pas convertible. De plus, le pays ne connaît pas une intense activité touristique. " L'ouverture de bureaux de change, qui ne constitue d'ailleurs pas une priorité, risque de provoquer un épuisement rapide de nos réserves de devises ", a-t-il prévenu alors, dans sa réponse aux préoccupations soulevées par les membres du Conseil de la nation lors d'une session plénière durant laquelle il a présenté le rapport sur la situation économique et financière du pays. Concernant la revalorisation du montant de l'allocation touristique telle que demandée par un membre du Conseil de la nation, le gouverneur de la Banque d'Algérie a soutenu qu'elle n'était pas à l'ordre du jour dans le contexte économique actuel. Selon lui, en prenant en compte les 4 millions de détenteurs de passeports biométriques, une simple opération arithmétique renseignerait sur le montant de devises à mobiliser en cas d'une revalorisation de l'allocation touristique. " Il n'est pas question d'alimenter les économies étrangères (des pays destinataires des touristes algériens) alors que l'économie nationale a le plus besoin de ces devises ", a-t-il encore soutenu.