De nouvelles mesures seront lancées par la Banque d'Algérie afin de faciliter l'ouverture des bureaux de change, a déclaré, hier à Alger, son gouverneur Mohamed Laksaci. Cet acte dissipera-t-il le marché informel de la devise en Algérie ? L'Algérie est l'un des pays au monde qui souffre de l'inexistence des bureaux de change de la devise. Le marché de l'informel est sur le devant de la scène bancaire, avec une allocation touristique fixée à 139 euros par an. Les Algériens se retrouvent ainsi obligés d'opérer à des opérations de change en se rapprochant des cambistes du Square de Port Said. Il faut savoir qu'en 1997, les bureaux de change, qui ont été autorisés, n'ont toujours pas vu le jour au fil des années. Dans la conjoncture économique actuelle suite à la chute drastique des prix du pétrole, le gouvernement, en manque de ressources financières, se retrouve dans l'obligation d'accélérer l'installation de bureaux de change agréés. Pour pallier à ce problème qui persiste, la Banque d'Algérie a élaboré un nouveau règlement modifiant les conditions d'agrément des bureaux de change. Cette mesure a pour objectif d'absorber les devises circulant dans le marché informel sur fond d'une baisse drastique des revenus du pays en devises, a expliqué le gouverneur Mohamed Laksaci. Cette mesure mettra-t-elle fin au marché informel de la devise ? Le gouverneur de la Banque d'Algérie a expliqué que «le Conseil de la monnaie et du crédit a finalisé le 6 mars dernier un nouveau règlement portant élargissement du change manuel de manière à expliciter les conditions d'éligibilité des personnes physique ou morale pouvant ouvrir des bureaux de change en Algérie». Lors d'une séance plénière à l'APN, hier à Alger, consacrée aux réponses aux préoccupations des députés quant au rapport sur les évolutions économiques et monétaires pour 2014 et les neuf premiers mois de 2015, Mohamed Laksaci a rappelé que «l'instruction 03-97 du 16 avril 1997, régissant l'activité des bureaux de change, définit le change manuel comme toute opération d'achat et/ou de vente de billets de banque et/ou de chèques de voyage libellés en monnaies étrangères librement convertibles contre la monnaie nationale». Il a, par ailleurs, souligné que «ces bureaux ne sont pas autorisés, pour le moment, à vendre de la devise ou à acheter des dinars». Cependant, dans son intervention, le gouverneur de la Banque d'Algérie n'a pas donné plus de détails sur ces mesures par lesquelles sera élargi le change manuel. Il a, en outre, déclaré que, sur 46 bureaux de change agréés depuis 1997, seulement six sont opérationnels aujourd'hui. Dans ce sens, il a expliqué ce peu d'engouement pour l'ouverture de bureaux de change à cause de la faible offre des devises et par la faible rémunération offerte à ces bureaux. L'absence d'enthousiasme vers l'ouverture des bureaux de change est due notamment à la marge bénéficiaire fixée depuis 1997 à 1%, qui est décourageante. A cet effet, la Banque d'Algérie compte augmenter cette marge afin d'encourager les investisseurs dans le marché de la devise. «Une instruction, qui va paraître juste après la publication du nouveau règlement au journal officiel, va augmenter la marge bénéficiaire des bureaux de change pour rendre cette activité plus attractive», a déclaré le gouverneur de la Banque d'Algérie. Vers l'augmentation de l'allocation touristique L'une des raisons qui font que le marché de l'informel de la devise est très actif en Algérie est la valeur actuelle de l'allocation touristique qui est fixée à 139 euros par an. A cet égard, le gouverneur de la Banque d'Algérie a indiqué, hier à Alger, que la Banque se penche sur les modalités d'augmentation des plafonds fixés pour l'allocation voyage pour le tourisme, études ou soins à l'étranger, de manière à arranger les ménages mais sans permettre des répercussions négatives sur la balance des paiements. « Les plafonds fixés pour le droit de change pour le voyage à l'étranger sont faibles actuellement, il y aura des mesures qui vont augmenter ces plafonds pour arranger les ménages sans pour autant permettre que ces hausses portent préjudice à la balance des paiements du pays», a expliqué Mohamed Laksaci, hier à l'APN. Le gouverneur n'a cependant pas avancé plus de détail sur les seuils des augmentations envisagées ni sur les délais d'entrée en vigueur de cette mesure.