Le prix du baril de pétrole coté à New York s'est légèrement apprécié jeudi pour terminer au plus haut depuis juillet 2015, aidé par la hausse de tarifs pratiqués par l'Arabie saoudite. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre, référence américaine du brut, a clôturé à 54,54 dollars sur le New York Mercantile Exchange après avoir oscillé entre pertes et gains pendant la majeure partie de la séance, prenant ainsi 24 cents. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a gagné 13 cents pour finir à 60,62 dollars. "Le marché continue d'être soutenu par la baisse des stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis et l'anticipation de la prolongation de l'accord conclu entre les membres de l'Opep et d'autres pays producteurs pour limiter leur production", a avancé Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Le cartel s'est engagé fin 2016 avec d'autres pays, dont la Russie, à restreindre ses extractions pour limiter l'offre d'or noir sur le marché mondial et tenter ainsi de redresser les prix. Une réunion sur l'avenir de l'accord, qui court actuellement jusque mars 2018, aura lieu fin novembre à Vienne. Dans ce contexte, le géant pétrolier saoudien Aramco "a fait grimper ses prix officiels du brut à destination de l'Asie jeudi matin, et ce pour le troisième mois consécutif", a noté Michael Tran, analyste chez RBC CM. C'est bien selon lui le signe que l'Arabie saoudite estime que le marché se rééquilibre. "Nous avions noté qu'avec des afflux importants de pétrole africain vers la Chine, les Saoudiens ne se permettraient pas de remonter à nouveau les prix si l'offre n'était pas réduite, car ils ne veulent pas perdre plus de part de marché", a-t-il détaillé.
60 dollars, prix plancher? Par ce geste, Ryad indique "à ses clients qu'il faut s'attendre à voir les cours grimper dans les prochains mois, signe que le pays est bien décidé à prolonger l'accord de limitation de la production", a de son côté commenté Phil Flynn de Price Futures Group. "On entend également dire que l'Arabie saoudite s'est fixé comme plancher pour l'an prochain le prix de 60 dollars le baril alors que jusqu'à présent Ryad parlait seulement de rééquilibrer le marché", a remarqué M. Flynn. Les investisseurs ont aussi continué jeudi à évaluer le rapport hebdomadaire sur les produits pétroliers aux Etats-Unis diffusé la veille, mitigé. "Les chiffres du département américain de l'Energie ont bien montré une baisse des stocks de brut mais d'une ampleur moindre que celle dévoilée la veille par l'API", la fédération professionnelle du secteur qui publie ses propres chiffres, a justifié Phil Flynn. Les réserves d'essence et de produits distillés ont aussi diminué. Mais le rapport a aussi fait part d'une légère baisse de la consommation de produits raffinés et d'une hausse de la production dans le pays. "Elle a presque effacé le recul qu'elle avait enregistré après le passage des ouragans cet été, et frôle désormais son plus haut en deux ans atteint fin septembre, à 9,56 millions de barils par jour", ont commenté les analystes de Commerzbank.
Rebond en Asie Les cours du pétrole rebondissaient jeudi en Asie mais dans une fourchette réduite, les analystes se demandant si le brut ne souffre pas d'un emballement excessif après des plus hauts de deux ans. Vers 05H00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, gagnait un cent à 54,31 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en janvier, s'appréciait de 10 cents, à 60,59 dollars. La veille, le brut avait terminé en baisse à New York comme à Londres sous l'effet des prises de bénéfices. "Les cours ont peut-être atteint un plus haut pour la période", a commenté Greg McKenna, analyste chez AxiTrader. Pour Jeffrey Halley, analyste chez OANDA, l'engouement des investisseurs dépasse la demande réelle d'or noir et les cours sont exposés à une correction à court terme. "Les achats excessifs font que les deux contrats sont vulnérables à des prises de bénéfices à court terme, elles-mêmes mues par les informations du jour", a-t-il dit. Cette possibilité de baisse existe "malgré le caractère très haussier des fondamentaux à moyen et plus long terme". Les cours ont augmenté ces derniers temps car les investisseurs tablent sur une prolongation de l'accord de réduction de la production par les pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et ses partenaires. Le cartel s'est engagé fin 2016 avec d'autres, dont la Russie, à limiter les extractions pour rééquilibrer un marché mondial plombé par une offre surabondante.
Stocks US en baisse Les stocks de pétrole brut, mais aussi ceux d'essence et de produits distillés ont reculé la semaine dernière aux Etats-Unis tandis que les exportations ont atteint un niveau record, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 27 octobre, les réserves commerciales de brut ont reculé de 2,4 millions de barils pour s'établir à 454,9 millions, quand les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur une baisse de 1,3 million de barils. A ce niveau, les réserves commerciales de brut sont en baisse de 5,7% par rapport à la même époque en 2016 mais restent dans la limite supérieure de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence ont de leur côté reculé de 4 millions de barils, alors que la médiane des estimations des analystes interrogés par Bloomberg prévoyait une baisse de seulement 1,55 million de barils. Elles s'inscrivent en repli de 4,9% par rapport à la même période l'an dernier et descendent au milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks de produits distillés (fioul de chauffage, etc.) ont diminué de 300.000 barils, soit moins que le recul de 2,5 millions de baril attendu par les analystes. Ils sont en repli de 14,4% par rapport à leur niveau un an auparavant et restent dans la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année.
Demande en baisse Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut du terminal de Cushing (Oklahoma, Sud), ont augmenté de 100.000 barils à 63,8 millions de barils. La production de brut est pour sa part restée à peu près au même niveau, les Etats-Unis extrayant en moyenne 9,55 millions de barils par jour contre 9,51 millions la semaine précédente. La cadence des raffineries s'est légèrement accélérée, à 88,1% contre 87,8% la semaine précédente. Les exportations d'or noir sont de leur côté montées à 2,13 millions de barils par jour. C'est le plus haut niveau depuis que ces données sont publiées, en 1991. Les importations ont se sont parallèlement contractées, à 7,57 millions de barils par jour contre 8,12 millions la semaine précédente. Concernant la demande, sur les quatre dernières semaines les Etats-Unis ont consommé en moyenne 19,5 millions de barils par jour, en baisse de 3,4% par rapport à la même période l'an dernier. La demande d'essence lors des quatre dernières semaines a progressé de 2,8% par rapport à l'an dernier et celles des produits distillés a chuté de 9,3%.