L'ancien Premier ministre et ex-chef de la diplomatie qatarie, Hamad Bin al-Jassem al Thani, a reconnu que son pays a été mandaté par les Etats-Unis et son sous-traitant dans la région, l'Arabie Saoudite, pour détruire le régime de Bachar Al-Assad au lendemain de l'insurrection en Syrie en 2011. Il a évoqué les opérations d'appui militaire, mais aussi le rôle de l'argent et celui des médias instrumentalisés par le Qatar dans son vaste plan pour déstabiliser des pays bien ciblés. Selon lui, Al-Magharibia TV est l'un de ces médias. Dans un entretien accordé récemment à la BBC, l'ex-premier ministre qatari, s'est livré à un véritable déballage concernant les pratiques obscures auxquelles se livraient son pays, l'Arabie Saoudite, la Turquie, les Emirats arabes unis, la Jordanie et les Etats-Unis pour soutenir les factions armées en Syrie et pour déstabiliser d'autres pays. Sur fond de conflit avec son allié d'hier, l'Arabie Saoudite, l'ancien haut responsable a révélé qu'il s'était rendu en Arabie "au début des événements en Syrie" en 2011, pour s'entretenir avec le roi Abdallah Ben Abdel Aziz Al-Saoud, père de l'actuel monarque Salman. À la fin de la rencontre, les deux parties ont convenu d'apporter leur soutien à la rébellion pour faire tomber Bachar Al-Assad. Le roi d'Arabie aurait même soutenu la ligne très agressive du Qatar dans ce qui allait devenir le dossier syrien. Le roi Abdallah avait donc exprimé son accord sans réserve pour que cet émirat microscopique dirige les opérations et mette en œuvre le soutien aux rebelles, tout ça avec l'approbation de Washington. Ainsi, "tout ce qui était envoyé en Syrie à destination des rebelles passait par la Turquie, transitant par la base américaine d'Incirlik, gérée conjointement par des officiers des services de renseignements américains, turcs, saoudiens, qataris, émiratis, marocains, jordaniens, israéliens, français et britanniques", ajoute Hamad ben Jassem al-Thani, qui a refusé de donner plus de détails sur les aides militaires. Cependant, il a fourni des chiffres intéressants sur les dépenses consenties par son pays pour soutenir cette guerre qui lui a coûté 137 milliards de dollars. Cet argent a servi à soudoyer les émirs terroristes devenus par la suite de véritables milliardaires, mais aussi, des militaires de l'armée régulière syriennes, achetés à coup de milliards. En plus du soutien militaire, des opérations de soudoiement au sein de l'armée syrienne et la manipulation des chefs des factions armées, le Qatar a également tenté de déstabiliser le régime de Bachar Al-Assad de l'intérieur en corrompant certains de ses hauts dirigeants, à l'instar de l'ex-premier ministre, Riyad Hidjab, acheté par le Qatar avec le concours de l'un de ses cousins établi en Jordanie lui ayant transmis une offre de 50 millions de dollars. Selon l'ex-responsable qatari, l'émirat a utilisé l'argent pour arriver à ses fins, mais aussi les médias qui ont joué un rôle important. La chaîne de télévision Al-Jazeera a été une véritable arme qui a servi à instaurer le chaos dans plusieurs Etats de la région dans le sillage du printemps arabe. Touchant un autre exemple, l'ex-homme fort du Qatar a cité celui de la chaîne algérienne basée à Londres, Al-Magharibia TV. Selon lui elle n'avait d'autre mission que de contaminer l'Algérie avec le virus des révolutions arabes.
Al-Magharibia TV est financée par le Qatar L'ancien Premier ministre et ex-chef de la diplomatie qatarie, Hamad bin al-Jassem al Thani, a reconnu, lors d'un entretien avec la BBC, que son pays a été mandaté par les Etats-Unis pour contaminer l'Algérie avec le virus des révolutions arabes. Il a évoqué le rôle de l'argent et celui des médias instrumentalisés par le Qatar dans son vaste plan pour déstabiliser des pays bien ciblés. Selon lui, Al-Magharibia TV est l'un de ces médias. En effet, l'ex-chef de la diplomatie qatarie, qui serait en désaccord avec des membres de la famille régnante al Thani, a tenu à mettre en garde contre le rôle joué par des médias comme la chaîne Al-Jazeera dans cette stratégie globale d'instaurer le chaos dans plusieurs Etats de la région. Et de citer d'autres médias financés par l'Emirat du Qatar comme la chaîne de l'ex-FIS Al-Magharibia, chargée de ternir l'image de l'Algérie, en travestissant la réalité pour accomplir une telle besogne. Al-Magharibia obéirait, donc, à une stratégie supranationale, initiée par un pays étranger, en vue de créer le chaos en Algérie à l'instar de ce qui s'est passé en Libye. Sa proximité avec un parti dissous, responsable de la tragédie nationale, devrait alerter les Algériens de manière générale et les intervenants en particulier qui fréquentent ses plateaux sur les arrière-pensées politiques de cet outil de propagande et sa stratégie consistant à faire basculer de nouveau le pays dans l'inconnu. Ces révélations ne sont pas nouvelles puisqu'il est de notoriété publique que le Qatar, qui héberge Abassi Madani, avait fourni des subsides pour lancer et faire vivre cette chaîne de télévision, mais le fait à relever est indéniablement la parole forte du pourvoyeur en chef, c'est à dire l'ex-premier ministre Hamad Bin Jassem al-Thani, qui s'est mis à table pour un grand déballage au sujet du rôle de son pays dans la déstabilisation, en sus de l'Algérie, de la Syrie, de la Libye, de l'Egypte, de la Tunisie. La mèche a été vendue par Abdelaziz al Thani, l'oncle paternel de l'émir du Qatar. Ces révélations répercutées par le média arabe mettent en exergue les véritables objectifs assignés à la chaîne Al-Magharibia comme à Al Jazeera, véritable relais et "arme de destruction massive" du gouvernement qatari. Beaucoup "plus préoccupée à semer la discorde entre les peuples arabes" elle "a été créée au service des intérêts sionistes dans la région arabe", accuse le prince rebelle.
Pression de Ryad pour… son soutien au terrorisme Ces "révélations", qui interviennent dans un contexte de crise avec l'Arabie saoudite soutenue par les Emirats arabes unis et l'Egypte, surviennent plus d'un an et demi après de premières déclarations dans un entretien au Financial Times, en avril 2016 : "Je vais vous dire une chose pour la première fois… Quand nous avons commencé à nous engager en Syrie, en 2012, nous avions le feu vert pour que le Qatar dirige les opérations, car l'Arabie saoudite ne voulait pas le faire à l'époque." Après avoir tout fait, en février 2012, pour que la médiation de la Ligue arabe échoue - ce qui s'est produit -, tout en poussant à la militarisation des révoltes syriennes, le petit Qatar s'était dit prêt à entrer en guerre contre la Syrie pour "mettre fin aux tueries". Et dans ce contexte de "printemps dit arabe", où la mouvance islamiste, les Frères musulmans notamment, avait le vent en poupe grâce à l'argent qatari et à la puissance de frappe médiatique d'Al Djazira TV, Hamas Bin Jassim n'avait pas peur de menacer certains régimes arabes qui hésitaient à le suivre, en particulier l'Irak, la Mauritanie et l'Algérie, quand il n'était pas derrière les entreprises de déstabilisation visant ces pays. À demi-mot cependant, il a admis que tout ou partie des armes était tombé entre les mains d'al-Qaida. "Peut-être s'agissait-il d'une erreur", a-t-il affirmé, et ce, tout en réfutant - il l'a qualifié d'"exagéré" - tout soutien direct à Daech. Selon lui, le soutien au Front al-Nosra a cessé - il n'a pas précisé quand - dès lors que Washington l'a considéré comme "inacceptable". Au passage, il n'a pas manqué d'égratigner son ex-allié saoudien: "Nous étions dans le même camp (…), maintenant, si vous avez changé, dites-le, car nous aussi, nous avons changé." Aujourd'hui, sous pression de l'Arabie saoudite et de ses alliés qui l'accusent de soutenir le terrorisme, le Qatar, par la voix de son ex-premier ministre, essaie de se défausser sur son voisin saoudien et se pose en victime d'une situation - le chaos moyen-oriental - dont il a été l'un des éléments actifs. Une situation dont il sait - Hamad Bin Jassim le reconnaît lui-même - qu'elle échappe désormais aux pays du Golfe: le régime de Bachar n'est pas tombé, Daech recule territorialement et militairement, les djihadistes syriens sont sur la défensive, et la Russie, qui avait été mise à l'écart au tout début de la crise syrienne, détient en partie les clés de la situation.