Il a crevé l'écran de fumée qui cachait depuis des décennies le rôle trouble des monarchies du Golfe dans les opérations de déstabilisation contre plusieurs pays dont l'Algérie «Le Qatar finance Al Magharibia et a dépensé 137 milliards de dollars pour détruire la Syrie...» L'ex-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Hamad Bin Jassim al Thani, a brutalement crevé l'écran de fumée qui cachait depuis des décennies le rôle trouble des monarchies du Golfe dans les opérations de déstabilisation contre plusieurs pays dont l'Algérie. Dans un entretien à la chaîne BBC, il a reconnu sans le moindre faux-fuyant que c'est bien le Qatar où réside l'ancien chef du FIS dissous, Abassi Madani, qui finance la télévision Al Magharibia. Celle-ci, on le sait, appartient à l'un des fils de Abassi Madani et sa mission, depuis Londres, est de calomnier et de discréditer l'Algérie. Doha n'a ménagé ni les moyens ni les soutiens à cet effet, et selon Jassim al Thani, Al Magharibiya a eu recours aux fils de harkis pour mieux acérer la lame utilisée contre notre pays. Evidemment, la révélation n'en est pas une mais elle revêt un crédit certain dès lors que c'est le principal artisan de la stratégie qatarie, elle-même adoubée à la mission de l'Arabie saoudite, qui le proclame haut et fort. L'homme est connu des Algériens depuis qu'il s'est permis, en 2012, pendant une réunion de la Ligue arabe, des menaces explicites à l'encontre de l'Algérie «dont le tour viendra aussi». Outre qu'il avait imposé le renvoi de la Syrie contre lequel seule l'Algérie avait «osé» se dresser et son remplacement par une délégation de malfrats, il savait bien de quoi il retournait, mais voilà que, sept ans plus tard, au plus fort de ses confidences tonitruantes, il se souvient «aussi» que l'Algérie est «le pays du million et demi de chouhadas». Une reconnaissance qui résonne comme une insulte si l'on en juge par le contexte dans lequel intervient «cette confession». Sous les feux de la rampe jusqu'en 2014, Hamad Bin Jassim al Thani est brutalement retourné dans les catacombes, ressassant son dépit et sa rancoeur à l'égard de ses acolytes quand il s'agissait de détruire tous les pays arabes ayant une capacité militaire et socio-économique émergente. Cette catharsis tardive, il la vit comme la renaissance du Phoenix secouant ses cendres dans le cimetière de sa glorieuse épopée. On appréhende bien mieux les tenants et les aboutissants de cette chaîne qui cible exclusivement l'Algérie, avec une violence extrême et des propos souvent caricaturaux, car ni le Qatar ni l'Arabie saoudite ne sont des mécènes que motive seul le désir de figurer parmi les bienfaiteurs de l'humanité. D'ailleurs, en se mettant à table avec une frénésie inhabituelle, cheikh Hamad Bin Jassim al Thani n'a pas hésité à mettre les bouchées doubles dans son déballage, narrant dans le menu détail les différentes étapes d'un vaste plan de déstabilisation à l'encontre de l'Algérie, de la Syrie, de la Tunisie, de la Libye et de l'Egypte. Un plan qui visait clairement à la destruction totale de ces pays à partir d'un chaos créé de toutes pièces. Avec ce grand déballage, on ne peut que s'interroger sur Al Magharibia dont la proximité avec le FIS-dissous devrait, a priori, alerter les Algériens quant à ses motivations latentes et évidentes. Voilà un média qui bénéficie de la mansuétude britannique malgré une propension visible aux ingérences flagrantes dans les affaires intérieurs d'un pays tiers et qui s'avère, de surcroît, un instrument consenti d'une stratégie américaine, saoudienne, israélienne et qatarie de déstabilisation d'un Etat souverain. Cela, c'est l'ancien stratège en chef de cette politique qui le proclame en personne, toute honte bue. Le Royaume Uni a toujours fait preuve d'un laxisme suspect envers la mouvance terroriste qui, on s'en souvient, revendiquait haut et fort dans les années 1990, les meurtres commis en Algérie contre des militaires, bien sûr, mais aussi des chercheurs, des universitaires, des journalistes, des enseignants etc., hommes et femmes confondus. Il va de soi, comme il le souligne lui-même, que le Qatar et l'Arabie saoudite n'auraient pu à eux seuls s'ingérer dans les affaires internes des pays ciblés et qu'ils ont donc bénéficié d'un soutien conséquent de certaines puissances internationales et régionales. Si l'on en juge par les nombreux détails que l'ancien Premier ministre qatari apporte sur la campagne menée contre la Syrie, depuis la base américaine Incirlik en Turquie, avec le concours diligent des services de renseignements américains, turcs, saoudiens, qataris, émiratis, marocains, jordaniens, israéliens, français et britanniques, on ne peut que ressentir de l'effroi face à une mobilisation incroyable de six satellites espions et des autres bases US en Jordanie et au Qatar, notamment. Pour apprécier davantage l' «engagement» du vilain petit Qatar contre les pays arabes honnis par le CCG et ses mentors occidentaux, Jassim al Thani pose la cerise sur le gâteau, chiffrant, sans l'ombre d'un doute, à 137 milliards de dollars les sommes dépensées par cet Emirat afin de dynamiter uniquement la Syrie, à coups de mercenaires, d'armements sophistiqués et de ralliements obtenus rubis sur l'ongle. Sachant parfaitement de quoi il parle, il cite des noms d' officiers félons, de soi-disant émirs terroristes qui ont «accumulé» des milliards, profitant à profusion de la manne financière déversée par les Qataris. C'est le cas de l'ex-Premier ministre syrien Riyadh Hidjab, de l'ex-commandant de la Garde républicaine Manef Tlass, fils de l'ancien ministre de la Défense de Hafedh al Assad ou du Premier ministre libanais Saâd Hariri, régentant le trafic d'armes depuis la ville turque de Gazientep. La machine mise en branle par le Qatar et l'Arabie saoudite, sous le parrainage des puissances occidentales dont les Eats-Unis au premier chef, a sauvagement broyé la Syrie, avec un déferlement de 200.000 terroristes venus de 87 pays différents, ruinant son économie, causant la mort de 300.000 personnes et l'exil de 7 millions de réfugiés. Un véritable crime contre l'humanité, sans compter les innombrables crimes de guerre dont la CPI ne s'autosaisira jamais.