"Je pense qu'il doit y avoir des défauts chez nous, tout comme chez vous, et il nous faut savoir pourquoi. Cela n'a rien à voir avec l'accord d'association conclu entre l'Algérie et l'Union européenne, mais le système d'organisation n'est pas parfait ni chez nous ni chez vous". C'est ce qu'a déclaré, hier, à Moscou, le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, en visite officielle en Russie depuis lundi, a estimé nécessaire de préciser un certain nombre de concepts en matière de relations stratégiques entre l'Algérie et la Russie. Sur le plan du commerce "nous ne pouvons pas dire que nous pouvons être satisfaits ni vous ni nous, et il faudrait savoir pourquoi 2006 avait été meilleure que 2007 en termes de volume des échanges entre les deux pays” a déclaré, le président Bouteflika à l'adresse du président russe, Vladimir Poutine, au début de leurs entretiens en tête-à-tête au Kremlin. "Sur le plan des relations stratégiques il y a un certain nombre de concepts à préciser. Vous travaillez avec nous mais pas au-delà des lois de la Fédération de Russie, de même que nous travaillons avec vous mais nous ne pouvons pas le faire au-delà des lois de la République algérienne. De temps en temps, il y a des grincements de dents dans la presse (russe) parce que nous n'avons pas conclu des marchés de gré à gré. Nous sommes obligés de lancer des appels d'offres internationaux et de les étudier", poursuit le président Bouteflika, plus explicite. Droit au but, le Président, donne l'exemple des entreprises russes, en l'occurrence, Russian Railways, qui ont été chargées de la réalisation du projet de lignes de chemins de fer autour d'Alger. Ces marchés de gré à gré inspirent le président Bouteflika qui appelle, dans la mesure du possible, de créer des situations comme celle-ci, "mais c'est une exception et ça ne peut pas être la règle", car, selon Bouteflika, les entreprises russes "n'ont pas encore découvert les créneaux dans lesquels elles peuvent être en partenariat avec l'Algérie". "Tout comme vous, nous avons hérité de structures anciennes du temps de la socialisation de la société et il ne vient pas à l'esprit de les privatiser toutes. Il serait bon d'avoir des partenariats commerciaux et il est curieux d'en trouver en Europe occidentale et pas en Fédération de Russie", a dit Bouteflika avant d'ajouter que "c'est exactement comme si vous faisiez un rejet de cette époque du socialisme, ce que je ne crois pas". De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé que l'Algérie était le partenaire clé de son pays, "non seulement en Afrique du Nord, mais dans tout le bassin méditerranéen". "Je me réjouis beaucoup du fait que nos relations se développent bien", déclare le président Poutine au début de ses entretiens au Kremlin avec le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. "Nous savons que l'Algérie et l'Union européenne vont établir un espace de libre-échange à l'horizon 2012 et déjà les droits de douanes sont abolis pour certains produits en provenance de l'UE", indique le chef de l'Etat russe, avant d'ajouter que la Russie "veut éviter que ses entreprises se trouvent dans une situation difficile" du fait de la concurrence des entreprises européennes. Le président Poutine a relevé, d'autre part, l'importance du "dialogue énergétique" bilatéral, rappelant que l'Algérie est le quatrième exportateur mondial de gaz naturel et qu'elle préside actuellement l'Opep. "Nous avons beaucoup de thèmes à discuter y compris celui de la coopération militaire et technique", a-t-il poursuivi. Par ailleurs, concernant l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, une préoccupation majeure pour le président Bouteflika, celui-ci a rappelé qu'"au moment de la signature des accords de Marrakech en 1994, relatifs à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (General Agreement on Tariffs and Trade GATT ancêtre de l'OMC), l'Algérie n'avait, pour ainsi dire, pas de gouvernement et nous ne les avions donc pas signés", a rappelé le président Bouteflika. "Maintenant, nous sommes en train de faire le chemin de Damas pour devenir membre de l'OMC", a-t-il dit. "Nous pouvons étudier avec vous la possibilité d'arrangements bilatéraux et, il est tout à fait clair que la préoccupation essentielle de l'Algérie est d'entrer à l'OMC", conclut Bouteflika.