Habitués à se rendre au rendez-vous du Salon du livre de Paris, les Algériens dont le Syndicat national des éditeurs de livres (SNEL), ont décidé de boycotter cette manifestation qui met à l'honneur, cette année, Israël. Cette décision a été prise à l'issue d'une assemblée générale tenue le 13 février dernier au siège du même syndicat. “Du fait de l'idéologisation de ce grand espace interculturel, et Israël invité d'honneur à l'occasion du soixantième anniversaire de sa création ”, le SNEL, sous la présidence de M. Mohamed Tahar Guerfi, a décidé, avec l'accord des éditeurs concernés, le boycott pur et simple de cette rencontre qui se tiendra du 23 au 27 mars prochain au Palais des expositions de la Porte de Versailles à Paris. Le Salon sera inauguré par Nicolas Sarkozy et le Premier ministre israélien le jeudi 13 mars à 19 heures. Pas moins de 39 écrivains israéliens sont d'ores et déjà invités à cette manifestation qui en est à sa 27e édition. Hormis le Syndicat national des éditeurs du livre, Casbah édition avait, bien avant, décliné l'invitation qui lui a été faite comme c'est le cas chaque année. Cette année, le choix s'est porté sur 39 auteurs de fiction (roman, poésie, bande dessinée et littérature jeunesse), privilégiant les écrivains de langue hébraïque traduits et publiés en français qui vivent en Israël. Le Salon du livre de Turin, qui se tiendra en mars prochain, a aussi -persque par hasard !- comme invité d'honneur Israël. Un seul écrivain israélien, Aaron Shabtaï, le poète contemporain qui a beaucoup d'influence sur la communauté juive, a boycotté l'événement livresque. Ce dernier a affirmé, qu'à titre purement personnel, il ne se joindra pas à sa délégation et n'ira ni au Salon de Paris ni à celui de Turin. Il précise qu'il “ ne pense pas qu'un État qui maintient une occupation, en commettant quotidiennement des crimes contre des civils, mérite d'être invité à quelque semaine culturelle que ce soit. Ceci est anti-culturel ; c'est un acte barbare cyniquement camouflé en culture. Cela manifeste un soutien à Israël, et peut-être aussi à la France, qui appuie l'occupation. Et je ne veux pas, moi, y participer. ” a-t-il expliqué. C'est la première fois que des manifestations d'envergure invitent Israël, un Etat qui depuis plus de 40 ans massacre sous les yeux du monde entier des innocents. Récemment, Nicolas Sarkozy avait soumis un projet dans lequel il envisageait le “ parrainage ” des 11.000 enfants juifs victimes des nazis par 11 000 enfants de CM2. Très controversé, ce projet avait provoqué un lever de boucliers chez la majorité des Français, notamment chez l'ancienne ministre, et ancienne présidente du Parlement européen, Simone Veil. Celle-ci avait dénoncé cette initiative de Nicolas Sarkozy, mais a fini par accepter de participer à la mission mise en place par le ministre de l'Education Xavier Darcos pour réfléchir aux modalités d'application de cette proposition controversée.