Les prix du pétrole new-yorkais et londonien ont terminé jeudi en légère hausse et grimpé à leur plus haut niveau en clôture depuis décembre 2014, porté par la forte chute des stocks de brut aux Etats-Unis. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, référence américaine du brut, a gagné 38 cents pour finir à 62,01 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a terminé à 68,07 dollars, en hausse de 23 cents par rapport à la clôture de mercredi. Avec des raffineries fonctionnant à un rythme particulièrement élevé, les stocks de pétrole brut ont chuté plus fortement que prévu aux Etats-Unis la semaine se terminant au 29 décembre, reculant de 7,4 millions de barils selon un rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE). "Il est évident qu'un repli de cet ampleur fait monter les cours", a souligné Andrew Lebow de Commodities Research Group. "Cela confirme la tendance globale d'une forte diminution des produits pétroliers depuis cet été", a-t-il ajouté. "La cadence des raffineries américaines s'est envolée depuis cet été, quand elles avaient été immobilisées par la tempête Harvey", a commenté Torbjorn Kjus, analyste chez DNB Markets. "Les raffineries vont désormais devoir ralentir pour des travaux de maintenance, ce qui devrait faire grimper les stocks de brut", a-t-il prévenu. Les réserves d'essence ont de leur côté gonflé la semaine dernière de 4,8 millions de barils et celles de produits distillés de 8,5 millions de barils. Toutefois, a souligné Kyle Cooper d'IAF Advisors, "le rapport sur la dernière semaine de l'année n'est en général pas à prendre au pied de la lettre car les entreprises, pour des raisons fiscales, ont tendance à bouger leurs stocks en fonction de ce qui les arrange", a-t-il ajouté.
Vague de froid La vague de froid qui s'est abattue sur les Etats-Unis ces derniers jours a aussi participé à la bonne tenue des prix de l'énergie, sans toutefois conduire à un mouvement de panique sur les marchés à terme, a relevé M. Lebow. Selon le rapport hebdomadaire du DoE, la demande de produits distillés, qui comprend le fioul de chauffage, lors des quatre dernières semaines a ainsi avancé de 5,8% par rapport à la même période l'an dernier. Il existe également ponctuellement dans certaines zones des fortes tensions sur le prix du gaz naturel, et le contrat à terme de référence aux Etats-Unis a pris près de 20% entre le 22 décembre et le 1er janvier. Mais après plusieurs jours de stabilisation, il reculait mercredi vers 20H15 GMT de plus de 4% par rapport à la veille. "Même si la demande pour le gaz naturel est à un niveau record, le marché sait que la production, grâce à l'exploitation des bassins de schiste, est à un niveau record et que l'offre devrait suivre", a estimé M. Lebow, soulignant que les températures devraient également remonter dès la semaine prochaine. Par ailleurs, les marchés restaient attentifs à l'évolution de la situation en Iran, où, après plusieurs jours de troubles dans le pays, la capitale Téhéran et la plupart des villes de province ont passé une deuxième nuit calme. "L'Iran s'est efforcé de montrer que ses infrastructures pétrolières n'étaient pas menacées", ont noté les analystes de JBC Energy, pour qui le risque provient plutôt des tensions ravivées avec les Etats-Unis. "Mi-janvier est la date limite pour que l'administration américaine prolonge l'accord qui permet à l'Iran d'exporter du pétrole vers certains grands consommateurs asiatiques, notamment le Japon", ont-ils rappelé.
Hausse en Asie Les cours du pétrole étaient orientés à la hausse, en Asie, atteignant un plus haut de deux ans et demi, en raison de l'instabilité en Iran et de la progression de l'activité dans le secteur manufacturier aux Etats-Unis. Vers 04H00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février, gagnait 28 cents à 61,91 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mars, progressait de 12 cents à 67,96 dollars. "La géopolitique joue à nouveau un rôle en raison de la guerre par procuration entre l'Iran et l'Arabie saoudite dans la région. La géopolitique est un facteur encore plus important du fait du mouvement de protestation en Iran", a expliqué Greg McKenna, analyste chez AxiTrader. L'impact de la situation iranienne pourrait s'aggraver encore si le président Donald Trump en profitait pour "réimposer des sanction à l'Iran et revenir sur l'accord conclu par la précédente administration qui avait permis à l'Iran de reprendre ses exportations de brut". "Cela retirerait beaucoup de barils du marché", a-t-il dit. Sukrit Vijayakar, de Trifecta Consultants, estime de son côté que la hausse des prix pourrait inciter les producteurs américains de schistes à inonder le marché, ce qui contrerait les effets des efforts de l'Opep pour lutter contre la surabondance de l'offre. Certains analystes estiment en outre que les prix sont dopés par la progression en décembre de l'activité dans le secteur manufacturier aux Etats-Unis.
Les stocks de brut US chutent Avec des raffineries fonctionnant à un rythme particulièrement élevé, les stocks de pétrole brut ont chuté plus fortement que prévu aux Etats-Unis la semaine dernière tandis que les réserves d'essence et de produits distillés ont bondi, selon un rapport diffusé jeudi. Lors de la semaine achevée le 29 décembre, les réserves commerciales de brut sont descendues de 7,4 millions de barils pour s'établir à 424,5 millions, a indiqué le département américain de l'Energie (DoE). Les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur un recul de seulement 4,7 millions de barils. A ce niveau, les réserves commerciales de brut sont en baisse de 11,4% par rapport à la même époque en 2016 et se maintiennent dans le milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut du terminal de Cushing (Oklahoma, sud), ont baissé de 2,4 millions de barils à 49 millions. La cadence des raffineries a pour sa part augmenté, les infrastructures opérant à 96,7% de leurs capacités contre 95,7% la semaine précédente. Un rythme aussi intense n'avait pas été enregistré depuis 2005.
Fioul face au froid Les réserves d'essence ont de leur côté gonflé de 4,8 millions de barils, soit bien plus que la progression de 2 millions de barils anticipée par les analystes. Elles s'inscrivent en repli de 1,0% par rapport à la même période l'an dernier mais passent au-dessus de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks de produits distillés (fioul de chauffage, etc.) ont avancé de 8,5 millions de barils alors que les analystes anticipaient une hausse de seulement 500.000 barils. Ils sont en repli de 14,1% par rapport à leur niveau un an auparavant et s'inscrivent dans le milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Concernant la demande sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20,6 mbj, en hausse de 5% par rapport à la même période l'an dernier. Portée par la vague de froid qui s'est abattue sur les Etats-Unis ces derniers jours, la demande de produits distillés lors des quatre dernières semaines a avancé de 5,8% par rapport à la même période l'an dernier. Celle d'essence a progressé de 2,1%. La production de brut a pour sa part repris sa progression après une semaine de repli, les Etats-Unis extrayant en moyenne 9,78 millions de barils par jour contre 9,75 mbj la semaine précédente. Les exportations d'or noir ont progressé, à 1,47 million de barils par jour contre 1,21 million de barils par jour la semaine précédente.