Le président américain, George Bush, a achevé jeudi, par le Liberia, sa deuxième et dernière tournée en Afrique. La visite du président américain qui l'a menée dans six pays africains, affiche, certes, le prétexte de “récompenser la bonne gouvernance et les bonnes politiques économiques du continent noir”, mais ses objectifs vont beaucoup plus loin que cet argument de façade. En effet, la chasse américaine des matières premières stratégiques est à placer en tête des enjeux importants pour la présidence de George Bush. Le pétrole en premier lieu. Il faut rappeler que les Etats-Unis sont le plus gros consommateur de pétrole dans le monde. Ils consomment, à eux seuls près du quart de la production mondiale. La production intérieure américaine n'en couvre qu'une partie, de moins en moins importante. Les importations de brut des Etats-Unis représentaient 30% de leur consommation en 1972. A présent elles représentent 55% et on estime que la tendance va s'accélérer pour atteindre 70% au cours des 20 prochaines années. Par ailleurs, les Etats-Unis s'efforcent, depuis longtemps, d'économiser leurs réserves en achetant le brut à l'étranger, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Malgré cela les réserves d'Amérique du Nord ne représentent plus que 2,6% des réserves prouvées de pétrole du monde, contre 66% pour le Moyen-Orient, 12% pour l'Amérique latine, 7,4% pour l'Europe, 7,3% pour l'Afrique et 4,2% pour l'Extrême-Orient. Face aux mésaventures qu'il cumule au Moyen- Orient et son image ternie par la politique agonisante et impopulaire de son administration depuis l'invasion de l'Irak, le président Bush ambitionne de réduire de 75% la dépendance de son pays à l'égard du pétrole en provenance du Moyen-Orient. L'Arabie Saoudite est le pays essentiellement visé par cette volonté de réduire les importations. Diminuer des trois-quarts la quantité importée de cette région du monde, représentera un défi pour l'économie américaine. C'est donc dans ce contexte que les Etats-Unis lorgnent de plus en plus le continent africain. Depuis déjà trois ans, les Etats-Unis importent plus de pétrole d'Afrique (18 %) que du Moyen-Orient. En 2015, ils importeront plus du quart de leur pétrole d'Afrique, et Washington veut protéger ses sources d'approvisionnement et d'acheminement. Il faut dire qu'en Afrique, le géant américain est en concurrence frontale avec la Chine, qui importe déjà plus de 30 % de son pétrole d'Afrique, du Soudan notamment. Avec la Chine , progressant d'est en ouest, et les Etats-Unis très implantés dans le golfe de Guinée, la lutte d'influence des deux géants se joue dans les pays centraux, comme le Tchad. Mais aussi en Angola où Pékin pratique l'aid for oil (“aide au développement contre pétrole”) : 2 milliards de dollars (environ 1,3 milliard d'euros) de prêts pour construire des ponts, des routes, des hôpitaux et des écoles, en échange d'un accès aux ressources pétrolières. Avec une approche différente que celle des Etats-Unis, la Chine s'affirme comme un nouveau partenaire de confiance pour l'Afrique. La Chine est aujourd'hui son troisième grand partenaire après l'Union européenne et les Etats-Unis. Elle a réalisé un grand bond de 30 % d'investissements en Afrique au cours de dix derniers mois de 2007 seulement. Ces éléments permettent aux analystes et aux stratèges économiques de conclure qu'on ne peut pas arrêter la fureur du boom économique chinois. L'intérêt et l'engouement des pays africains pour la Chine s'expliquent par différentes raisons, à la fois économiques et politiques. Les pays africains, pour leur part, devraient capitaliser cet intérêt grandissant dont ils font l'objet. D'ailleurs, un pas décisif a été franchi avec le lancement officiel de la Commission africaine de l'énergie, Afrec, pour justement être à la hauteur de cette position qu'occupe désormais le continent sur l'échiquier énergétique mondial.