Les Etats-Unis s'intéressent au plus haut point au continent le plus pauvre et le plus meurtri par des guerres des siècles passés. W. Bush, qui foule le sol africain à partir du 7 juillet, veut être plus efficace que son prédécesseur, le démocrate Bill Clinton dont les deux tournées africaines se sont révélées plutôt comme de simples safaris. La hotte du locataire républicain de la Maison-Blanche est bourrée de projets mais assortie de conditions draconiennes. Pour Bush, même l'assistance humanitaire a son revers. Définissant en juin dernier sa politique africaine devant le sommet du Corporate Council on Africa, le président américain n'a pas caché que son programme d'assistance alimentaire (1 milliard de dollars), exige l'ouverture des marchés africains aux produits agricoles US, issus de la biotechnologie, exhortant les gouvernements africains à lever l'interdiction qui frappe les organismes génétiquement modifiés (OGM). Il en est de même pour le faramineux programme de lutte contre le sida et les autres maladies infectieuses (15 milliards) : des ONG suspectent les autorités américaines de vouloir dispenser leur assistance sous forme de vente concomitante: l'accès aux thérapies de pointe doit être accompagné d'achats de produits et semences agricoles (US) qui trouvent difficilement preneur à l'étranger à cause justement de leurs caractères biotechniques. Pour Bush, c'est “moralement indéfendable” de priver des gens désespérés et affamés de nourritures que la science développe de façon exponentielle. L'accusation est dirigée plus spécifiquement contre l'UE qui est parvenue à faire partager à l'Afrique ses appréhensions sur ce type d'agriculture. L'on comprend alors l'absence de Bush à la session consacrée à l'Afrique par le G8, à Evian, à l'initiative du président français Chirac. Bush tient à avoir son propre programme pour l'Afrique et, pour lui, il n'est pas question de s'associer à une entreprise qui ne tienne pas compte des intérêts de l'agriculture US. Pour convaincre et allécher, Bush promet également une aide de 200 miIlions de dollars pour former 420.000 enseignants africains, des bourses à 250.000 jeunes filles d'Afrique et la distribution de 4 millions de manuels scolaires américains dans les universités africaines. Cette offensive, destinée à relever le niveau d'instruction en Afrique, vise également la promotion du modèle américain qui, aux yeux de Bush, devrait supplanter celui paternaliste de la vieille Europe. Clin d'œil également aux petits capitalistes du continent : 200 millions de dollars seront déboursés par la Banque mondiale, à l'initiative des Etats-Unis, pour contribuer à la réalisation de leur rêve à des petits entrepreneurs dans 10 pays d'Afrique. Pour Bush, la puissante combinaison du commerce et du libre-échange, telle que propagée par l''OMC est, non seulement, la seule méthode pour vaincre la pauvreté, mais aussi, le facteur dynamique des aspirations démocratiques affichées par les populations africaines. C'est pourquoi, a-t-il annoncé, dorénavant, ne seront récompensés par les Etats-Unis que les pays qui s'engagent en faveur des réformes politiques et économiques et de la liberté. Pour lui, les dirigeants africains doivent gouverner avec justice et, pour prouver sa détermination, il exige la démission du président Taylor du Liberia, l'activation des processus de paix au Congo, au Soudan, au Burundi et la collaboration étroite de l'Afrique dans la lutte antiterroriste d'autant que le phénomène la touche également de plein fouet. Bush se rend au Sénégal, au Botswana, en Ouganda, en Afrique du sud et au Nigeria. Les escales ne sont pas fortuites, à chacune sa symbolique. D. B.