Lors d'une réunion organisée mercredi dernier avec le Conseil économique de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe, le Président russe est revenu sur le rôle des compagnies russes engagées dans différents secteurs de l'économie russe et a espéré que de nouveaux contrats commerciaux et d'investissement seraient prochainement conclus. Recevant mercredi soir des représentants des milieux d'affaires français, Vladimir Poutine a déclaré que Moscou espérait que le prochain Forum économique de Saint-Pétersbourg déboucherait sur la conclusion de nouveaux grands contrats commerciaux et d'investissement avec les entreprises françaises. Et de souligner que la France restait un des partenaires essentiels de la Russie en Europe et que Moscou était prêt à développer un dialogue fondé sur une base pragmatique et un pied d'égalité. "Nous considérons la France comme un des partenaires clés de la Russie en Europe et aspirons à développer un dialogue avec votre pays sur toutes les questions d'ordre international et bilatéral fondé sur une base pragmatique et un pied d'égalité. Bien évidemment, nous accordons une importance à la coopération économique et commerciale", a indiqué le Président aux représentants du Conseil économique de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe. Et de souligner qu'à l'issue des onze premiers mois de l'année 2017, les échanges commerciaux entre les deux pays avaient augmenté de 15% par rapport à l'année précédente. "Le montant des capitaux français investis en Russie a atteint près de 14 milliards de dollars [près de 11,3 milliards d'euros, ndlr], plus de 500 entreprises françaises sont présentes dans différents secteurs de notre économie", a dit Vladimir Poutine. Selon lui, c'est la coopération bilatérale dans le domaine de l'énergie qui revêt une importance stratégique. "Des sociétés françaises ont été admises sur le marché russe des hydrocarbures, Engie envisage de participer avec [le géant gazier, ndlr] Gazprom à la construction du Nord Stream 2. Total a participé à la construction de l'usine de GNL [gaz naturel liquéfié, ndlr] sur la péninsule de Yamal. Nous saluons le souhait des entreprises de votre pays à délocaliser leurs productions en Russie et à passer des commandes à nos PME", a encore ajouté le dirigeant.
Quel message a été délivré? Le président de la filiale russe d'Alstom, Philippe Pégorier, a commenté pour Sputnik la récente réunion de Vladimir Poutine et de représentants des milieux d'affaires français et a élucidé les raisons du recul de l'Hexagone au 5e rang des partenaires commerciaux européens de la Russie, et ce, malgré une croissance du volume d'échanges. Les sanctions et les contre-sanctions décrétées en 2014 ne restant pas sans effets pour les hommes d'affaires européens installés en Russie, dont les Français, la réception des membres du Comité économique de la Chambre de Commerce et d'Industrie franco-russe (CCIFR) par Vladimir Poutine et le message que ce dernier leur a adressé sont des démarches importantes qui ont pour objectif de maintenir et de renforcer davantage l'intérêt des entreprises françaises envers la Russie, a indiqué dans un commentaire donné à Sputnik, Philippe Pégorier, président d'Alstom Russie et membre du Conseil d'administration de l'AEB (Association of European Business). Pour rappel, le Président russe a souligné mercredi soir que la France restait un des partenaires européens essentiels de la Russie et a émis le souhait que de nouveaux contrats tant commerciaux que d'investissement avec des entreprises françaises soient conclus lors du prochain Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF-2018) où, il convient de le rappeler, la délégation française sera conduite par Emmanuel Macron. À la question de savoir ce que les milieux d'affaires français devaient attendre de la présence du Président de la République à ce forum annuel, M.Pégorier a répondu: "Ce sont des signaux favorables qui sont transmis tant aux milieux d'affaires français qu'aux milieux d'affaires russes en faveur des Français". Il a toutefois souligné qu'il ne fallait pas oublier que la logique des affaires ne coïncidait pas toujours avec celle de la politique, mais que cette réalité ne devait pas être un frein à la signature de contrats et d'accords commerciaux.
La France devancée par l'Italie et la Pologne? S'entretenant avec des représentants des milieux des affaires français, le Président russe a en outre mentionné qu'à l'issue des onze premiers mois de l'année 2017, les échanges commerciaux entre les deux pays avaient augmenté de 15% par rapport à l'année précédente. Pourtant, selon le Service Fédéral des Douanes, l'Hexagone a, en 2017, reculé sur la liste des partenaires commerciaux européens de la Russie, se classant derrière l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Italie et la Pologne. Philippe Pégorier explique ces résultats par deux facteurs. Outre les sanctions et les contre-sanctions, il mentionne le phénomène de la localisation de la production par des entreprises françaises, ce qui faisait qu'elles exportaient moins. "Les grandes sociétés françaises, notamment Alstom, mais aussi Danone, Renault et PSA - on est nombreux - localisent de plus en plus leur production pour répondre aux attentes notamment des autorités russes et du ministère de l'Industrie et du Commerce. Donc, la localisation fait certainement partie de l'explication", a-t-il indiqué, tenant à souligner que les investissements n'avaient point baissé, bien au contraire.