Le numéro un nord-coréen Kim Jong Un a invité samedi le président sud-coréen Moon Jae-in à un sommet à Pyongyang, tandis que Washington mettait en garde contre "l'offensive de charme" olympique de la Corée du Nord. L'invitation a été transmise par Kim Yo Jong, la sœur du dirigeant nord-coréen en visite au Sud pour les jeux Olympiques d'hiver inaugurés vendredi, selon un porte-parole de la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne. M. Kim est prêt à rencontrer M. Moon "aussi tôt que possible", mais celui-ci n'a pas pour l'heure réagi à cette invitation. Un tel sommet serait le troisième du genre, après les rencontres entre le père de M. Kim, Kim Jong Il, et les présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Roh Moo-Hyun en 2000 et 2007, à chaque fois à Pyongyang. Mais il pourrait semer la discorde entre M. Moon, tenant du dialogue avec le Nord, et le président américain Donald Trump, qui jusqu'à récemment échangeait insultes personnelles et menaces apocalyptiques avec M. Kim. Alors que Kim Jong Un proclame que son pays est désormais un "Etat nucléaire à part entière", Washington martèle que le Nord doit prouver avant toute négociation qu'il est disposé à la dénucléarisation. Samedi, en repartant vers les Etats-Unis après avoir assisté à la cérémonie d'ouverture des JO, le vice-président américain Mike Pence a appelé à ne pas relâcher les efforts visant à isoler la Corée du Nord. M. Pence a indiqué que le président sud-coréen et lui-même avaient confirmé lors de leur rencontre que Washington et Séoul continuaient à "se tenir ferme" et à coordonner leurs efforts contre les programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord. "Il n'y a pas la moindre divergence entre les Etats-Unis, la République de Corée et le Japon sur la nécessité de continuer à isoler la Corée du Nord économiquement et politiquement jusqu'à ce qu'elle abandonne ses programmes nucléaire et balistique", a dit le vice-président américain. Invitation à Pyongyang Après des mois de silence sur la participation même du Nord aux JO de Pyeongchang, la compétition s'est révélé l'occasion d'un rapprochement spectaculaire entre les deux rivaux. Le Nord est en pleine offensive de charme, envoyant au Sud, athlètes, artistes, pom-pom girls et délégation de haut niveau. Le président sud-coréen a reçu à déjeuner Kim Yong Nam, chef de l'Etat de Corée du Nord, aux fonctions largement honorifiques, et le plus haut dignitaire nord-coréen à s'être jamais rendu au Sud. Kim Yo Jong, première membre de la dynastie régnant au Nord à fouler le sol sud-coréen depuis la fin de la guerre de Corée, était également de la partie. "Nous espérons vous voir rapidement à Pyongyang", a déclaré Kim Yo Jong au président sud-coréen après lui avoir remis une lettre personnelle de son frère, selon les autorités sud-coréennes. "Nous voulons que le président Moon devienne un protagoniste dans un nouveau chapitre en vue de la réunification, pour laisser de grandes traces dans l'Histoire", a-t-elle dit. Kim Yo Jong a assisté samedi soir, en compagnie du président Moon et du chef de l'Etat de Corée du Nord, au premier match de l'équipe féminine unifiée de hockey sur glace de Corée face à la Suisse. La péninsule coréenne est divisée depuis la fin de la guerre en 1953. La Corée du Sud démocratique est devenue la 11e économie mondiale, alors que le Nord stagne dans la pauvreté. La proposition de M. Kim survient après deux années de tensions extrêmes sur la péninsule. Le Nord a mené en septembre son sixième essai nucléaire et tiré des missiles balistiques capables d'atteindre le territoire continental américain. M. Moon pourrait se retrouver dans une position diplomatique délicate face à l'offre nord-coréenne. Mais il a esquivé une réponse immédiate, selon son porte-parole Kim Eui-kyeom, demandant que soient créées "les bonnes conditions" pour une telle visite.
La dénucléarisation préalable au dialogue Il a appelé le Nord à rechercher plus activement un "dialogue absolument nécessaire" avec les Etats-Unis. D'après les analystes, le Nord, qui a exhibé ses missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) jeudi lors d'un défilé militaire, cherche par sa campagne olympique à obtenir un adoucissement des sanctions de l'ONU. Il veut aussi enfoncer un coin dans la relation entre Séoul et Washington. Lors de la cérémonie d'ouverture des JO, Mike Pence n'a eu aucune interaction avec la délégation nord-coréenne, selon les autorités américaines. "Les Etats-Unis ne permettront pas que la farce que constitue la propagande nord-coréenne reste sans réponse sur la scène internationale", a lancé M. Pence sur Twitter. "Comme préalable à tout dialogue", a-t-il dit, Pyongyang doit "mettre la dénucléarisation sur la table". Ikram A.