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Halal, haram, kasher ou pas? : Les crypto-monnaies passées au crible des religions
Publié dans Le Maghreb le 26 - 02 - 2018

Face à la montée fulgurante des crypto-monnaies, les religions traditionnelles réagissent. Certaines condamnent les monnaies virtuelle, d'autres les tolèrent, certaines encouragent les dons en bitcoin et d'autres vont plus loin encore...
Alors que la folie des crypto-monnaies s'est vue par certains observateurs comme l'émergence d'une nouvelle religion, les confessions traditionnelles tentent de formuler leur position face à ce phénomène qui ne cesse d'attirer de nouveaux adhérents.

Le monde musulman prudent
Récemment, le chef de la République tchétchène Ramzan Kadyrov se référant au grand mufti de la région a fait savoir qu'il était encore tôt pour décider de la conformité des monnaies virtuelles aux règles de l'islam. Pourtant, le dirigeant tchétchène a souligné qu'en cas de menace "pour la politique, l'économie et la situation financière d'un Etat", les crypto-monnaies doivent être reconnues comme "haram". La Tchétchénie aurait ainsi démontré une tolérance exemplaire en la matière, surtout en comparaison avec le double coup dur subi par les monnaies numériques en Egypte: en décembre dernier, l'Autorité égyptienne de surveillance financière (EFSA) avait reconnu comme illégal tout commerce de la cryptomonnaie, et un mois après, le grand mufti de ce pays musulman Shawki Allam a émis une fatwa renforçant ce point de vue. D'après le dignitaire religieux, le bitcoin est susceptible de "nuire à la sécurité économique et sociale du pays" et présente le risque de faire tomber le système monétaire et financier qui régit actuellement les sociétés. La Présidence des Affaires Religieuses de Turquie, le Diyanet, avait également estimé en novembre que l'achat et la vente de monnaies virtuelles étaient incompatibles avec les normes islamiques en raison du manque de réglementation et des soupçons de liens avec des activités illégales.

BitCoen, cryptomonnaie totalement kasher
En août dernier, l'entrepreneur Viatcheslav Sementchouk a introduit la première cryptomonnaie kasher, le BitCoen, destiné selon son concepteur à faciliter les échanges monétaires entre les communautés juives à travers le monde. Pour amuser les complotistes, la monnaie sera contrôlée par un Conseil des Six, composé de membres respectés des communautés juives. 10% de tous les BitCoens vendus seront utilisés pour financer des œuvres de charité, en conformité avec les canons du judaïsme. M. Sementchouk envisageait à l'époque d'émettre 100 millions de BitCoens. Toujours selon lui, plus d'une centaine de restaurants, magasins et sociétés kasher à travers le monde ont annoncé qu'ils accepteraient les BitCoen.

Qu'en pensent les chrétiens?
Dans le monde chrétien, c'est l'Eglise évangélique de l'International Christian Fellowship (ICF) qui a opéré une petite révolution: l'ICF de Zurich, en Suisse, a annoncé en janvier qu'elle acceptait désormais les dons en bitcoin. "Nous cherchons dans tous les domaines, comme la musique et la technologie, à être au diapason de notre époque", a déclaré alors le porte-parole d'ICF Nicolas Legler cité par l'agence de presse Idea. En novembre 2017, la compagnie Life Change a annoncé le lancement de la "première monnaie virtuelle chrétienne" baptisée Christ Coin. Selon une conception innovante, les Christ Coin devront être minés non par des ordinateurs, mais par des pratiques religieuses, des actes de volontariat et de charité. En dépit de ces termes clairs, le mécanisme reste ainsi assez obscur: L'Eglise orthodoxe russe a adopté une position plutôt attentiste à l'égard des monnaies numériques. Selon le porte-parole du Patriarcat de Moscou Hilarion, il est "très important d'étudier la composante morale de ce phénomène" et l'Eglise devra un jour y prendre part. Toujours d'après l'ecclésiastique, l'actuelle flambée des cryptomonnaies n'est qu'une nouvelle étape dans la mise en place d'une énorme pyramide financière, privée de tout fondement réel.

Carney: le bitcoin "a échoué" à s'imposer comme monnaie
Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a estimé que le bitcoin avait échoué à s'imposer comme monnaie, alors que les autorités financières et les gouvernements multiplient les avertissements contre cet actif non régulé. "Il a plutôt échoué jusqu'à présent concernant (...) les fonctions traditionnelles de la monnaie", a déclaré M. Carney, lors d'un échange avec des étudiants lundi soir à la Regent's University à Londres rapporté par l'agence Bloomberg. "Ce n'est pas une réserve de valeur parce qu'il part dans tous les sens" et "personne ne l'utilise comme moyen d'échange", selon le gouverneur. M. Carney faisait référence à deux fonctions essentielles d'une monnaie, à savoir la réserve de valeur qui correspond à la certitude que la devise va rester à peu près stable, ainsi que le moyen d'échange qui garantit la capacité à acheter et vendre des biens. La troisième fonction d'une monnaie est l'unité de compte, qui permet d'attribuer un prix à un bien. Le bitcoin fait preuve d'une grande volatilité au point qu'il peut gagner ou perdre des centaines de dollars en l'espace de quelques dizaines de minutes. Il évolue à l'heure actuelle autour de 11.500 dollars, après avoir chuté sous 6.000 dollars début février alors qu'il s'était approché des 20.000 dollars en décembre. Les monnaies virtuelles, qui permettent d'effectuer des transactions internationales parfaitement anonymes, sont en outre accusées de servir d'outil de blanchiment pour des réseaux criminels. Le gouvernement britannique avait de son côté appelé fin janvier à réguler le bitcoin rapidement, avant qu'il ne finisse par représenter une vraie menace pour le système financier. Le sujet sera abordé au prochain G20 Finances en mars, où les ministres français et allemand des Finances vont présenter des propositions communes sur la régulation des crypto-monnaies. Dans une étude publiée mardi, l'agence de notation Standard and Poor's estime quant à elle que les crypto-monnaies sont avant tout des outils de spéculation et qu'elles n'ont pas la capacité de menacer la stabilité financière mondiale au cas où leur valeur s'effondrerait. Pour l'agence, ces actifs ne pourront prospérer auprès des investisseurs professionnels que s'ils sont régulés au niveau mondial. En attendant, tout soubresaut des crypto-monnaies affecterait pour l'heure principalement les investisseurs particuliers, alors que l'exposition des grandes banques reste limitée, note Standard and Poor's.

Le bitcoin poursuit sa remontée
Après sa chute de début février, le bitcoin reprend sa croissance, les craintes face à une réglementation plus stricte de ce segment du marché semblant se dissiper. Le bitcoin continue sa montée en puissance après avoir dépassé la barre des 11.500 dollars pour la première fois depuis janvier, comme le montrent les données du marché. Selon le site CoinMarketCap, à 05h49, heure de Paris, le cours du bitcoin a augmenté de 8,9%, atteignant 11.601 dollars. La bourse Bitfinex a enregistré une hausse de 8,86%, à 11.474 dollars, OKEx de 9,3%, à 11.489 dollars. Selon le site Coindesk, le bitcoin a augmenté de 2,7%, pour atteindre 11.465 dollars. La capitalisation boursière de l'ensemble du marché des crypto-monnaies, selon CoinMarketCap, est actuellement de 512,21 milliards de dollars. La part du bitcoin est d'environ 38%, celle de l'Ethereum est de 18%, et celle du Ripple, de 9%. Le rebond du bitcoin fait suite à sa chute début février, jusqu'à 6.000 dollars, suite à certaines restrictions touchant le commerce des crypto-monnaies imposées par certains groupes bancaires et les autorités de certains pays. Mais les craintes liées à cette réglementation plus stricte semblent se dissiper, conclu la chaîne CNBC.

Les raisons du nouveau rebond
Mardi 20 février, le cours du bitcoin a dépassé 11.000 dollars. Les experts perçoivent une reprise du marché des crypto-monnaies et constatent l'absence de facteurs négatifs. L'optimisme des investisseurs est principalement dû au contexte médiatique positif: les régulateurs mondiaux revoient leur attitude envers les actifs numériques et renoncent peu à peu à leur politique d'interdiction totale, écrit mercredi le site de la chaîne RT. Cependant, les analystes continuent de pointer la présence de risques et mettent en garde les investisseurs contre des investissements excessifs dans les tokens. Pendant la journée d'hier, le bitcoin a continué sa remontée en flèche pour finalement tourner autour de 11.600 dollars. Ainsi, le bitcoin s'est complètement remis de ses pertes après un effondrement au début du mois, et sa valeur a pratiquement doublé en deux semaines. Le 6 février, sa valeur était descendue jusqu'à 5.900 dollars. D'après Vladimir Annikov, conseiller du président du Service juridique européen pour les marchés numériques, cette nouvelle vigueur résulte notamment des actions des acteurs du marché, ainsi que d'un contexte médiatique positif. Les investisseurs sont de plus en plus optimistes, en particulier grâce aux nouvelles positives en provenance de Corée du Sud. La semaine dernière, les autorités sud-coréennes ont fait part de leur intention de se concentrer sur la mise en place de conditions transparentes pour le commerce avec des monnaies numériques. Le gouvernement de Séoul a assuré qu'il n'avait pas l'intention de proclamer les crypto-monnaies hors-la-loi. Comme l'indiquent les experts interrogés par RT, actuellement le marché continue son embellie suite aux déclarations optimistes des autorités financières des USA. Début février, les régulateurs américains ont évoqué les crypto-monnaies pendant les audiences au Sénat et les autorités américaines ont annoncé une nouvelle approche plus pesée. Ainsi, les sénateurs ont renoncé à l'idée d'un blocage total de tout le secteur de monnaies numériques, au lieu de quoi les politiciens ont suggéré de se focaliser sur la garantie d'une protection maximale des crypto-investisseurs. Vladimir Annikov souligne que les mêmes tendances sont observées en Europe. En particulier, la Suisse publie régulièrement des directives pour les crypto-enthousiastes et annonce le renforcement de la base normative visant à réguler le marché. Une telle politique financière contribue également à l'amélioration du contexte médiatique global, conclut l'expert.


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