Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que l'Algérie joue un rôle essentiel dans l'instauration de la paix et de la stabilité soulignant qu'elle est un exemple de stabilité dans "une région confrontée à des troubles en permanence". Dans un entretien au quotidien Echourouk publié lundi, M. Erdogan considère que l'Algérie "est un pays émergent et reste un exemple de stabilité dans une région confrontée à des troubles en permanence", ajoutant que son pays "accorde une grande importance à la consolidation et au développement de la coopération bilatérale dans tous les domaines". Le président turc qui a entamé à partir de lundi une visite officielle en Algérie a mis en avant les relations étroites existant entre l'Algérie et la Turquie liées par une "histoire et un patrimoine culturel communs", formant le vœu de voir "ces relations se consolider" à l'occasion de cette visite. Le président Erdogan a fait part de la volonté de la Turquie d'œuvrer à la faveur de cette visite "à l'approfondissement de la coopération entre les deux pays dans les domaines politique, économique, culturel, touristique, énergétique et sécuritaire". Les relations économiques qui lient les deux pays dans les domaines du commerce, l'investissement, l'immobilier et le tourisme seront développées davantage à l'avenir", a-t-il poursuivi, ajoutant que pour tirer profit des potentialités des deux pays en matière de commerce et d'investissement, les deux parties sont appelées à "élaborer les accords nécessaires à cette démarche". Mettant l'accent sur l'importance de la liberté de circulation entre les deux pays et l'octroi de facilités mutuellement bénéfiques, M. Erdogan a affirmé que son pays "accorde une grande importance au développement des relations bilatérales dans les domaines culturel et technique et au raffermissement du cadre juridique de coopération entre les deux parties, à la lumière de l'histoire commune qui remonte à des siècles". Il a indiqué dans ce sens que l'Algérie "se réjouit toujours d'abriter les festivités culturelles que nous prévoyons d'organiser sur son territoire", rappelant les projets de réhabilitation exécutés dans le cadre d'une collaboration entre le ministère algérien de la Culture et l'Agence turque de la coordination et de la coopération (TIKA) pour la préservation du patrimoine commun entre les deux pays, à l'instar de la mosquée Ketchaoua d'Alger. Dans le domaine de la formation et de la coopération scientifique, M. Erdogan a rappelé que son pays "accorde des bourses d'études aux étudiants algériens depuis 1992", soulignant que cette coopération est à même de rapprocher les jeunes générations et de contribuer au renforcement des relations historiques entre les deux pays". A la faveur de cette visite, une réunion de la Commission mixte bilatérale va se tenir pour concrétiser des actions de partenariat et de coopération et donner une impulsion nouvelle aux relations bilatérales, notamment dans les domaines du tourisme, de l'agriculture et des énergies renouvelables. Force est de constater que la coopération économique algéro-turque se diversifie de plus en plus en vertu d'accords de partenariat dans les secteurs industriel (textile, sidérurgie...), énergétique, de transport maritime et du bâtiment dont certains ont été réalisés. Actuellement, 796 entreprises turques activent en Algérie et emploient plus de 28.000 personnes. En matière d'investissements enregistrés en 2017 auprès de l'Agence nationale du développement de l'investissement (ANDI), la Turquie a occupé la première place des investissements mixtes en terme de nombre et de montant de projets avec plus de 20 projets d'investissements d'un montant global de plus de 200 milliards de DA devant générer près de 6.000 emplois.
Une nouvelle vision de partenariat Dans le domaine du textile, une usine de filature de coton devra entrer en production dans les prochains mois à Relizane dans le cadre d'un partenariat algéro-turc. D'une capacité de production de 9.000 tonnes/an, cette usine fait partie d'un projet de complexe composé de 8 usines de production intégrées appartenant à la joint-venture Tayal formée de deux filiales du Groupe public national de textile Getex, du holding Madar (ex. Snta) et de l'entreprise turque Intertay. Outre cette usine de filature, ce complexe sera composé d'usines de tissage, de traitement, de confection, de bonneterie, et d'ennoblissement de tissus, soit le finissage, le blanchiment et la teinture. Le projet comporte deux étapes: la première, qui se terminera d'ici à fin 2018, porte sur la réalisation de huit (8) usines totalement intégrées, d'un centre d'affaires et d'une d'école de formation en métiers de tissage et de confection avec une capacité d'accueil de 500 stagiaires par session. Toujours dans le secteur du textile, un protocole d'accord a été signé entre l'entreprise publique nationale Texalg et le société turque Boyner Sanayi A.S, pour la création d'une joint-venture de production de filés de laine et d'autres produits textiles à Meskiana (Oum-El Bouaghi). L'usine sera dotée d'une capacité de production de 1.000 tonnes/an de filés laine et mélanges (laine, polyester, acrylique) dans une première phase puis 2.000 T/an la deuxième année et 3.000 T/an l'année suivante. Un autre partenariat d'envergure est l'extension du complexe sidérurgique d'aciérie et de laminoirs du groupe turc de droit algérien "Tosyali Iron and Steel Industry Algérie" sur une superficie de 100 hectares et dédiée à la production du rond à béton dans le pôle économique de Béthioua. Sa capacité de production est estimée à 2 millions de tonnes/an, devant permettre de réduire les importations de ce matériau de construction et répondre aux besoins des nombreux chantiers de construction. Dans le secteur énergétique, la compagnie pétro-gazière Sonatrach a signé en 2017 un mémorandum d'entente avec Ronesans Endestri Tesisleri lnsaat Sanayi ve Ticaret et Bayegan pour la réalisation d'une étude de faisabilité sur un projet d'installation de déshydrogénation du propane en Turquie. L'étude de faisabilité porte notamment sur la conception, l'ingénierie, l'approvisionnement, la construction et l'exploitation de cette installation et la production de 500.000 à 750.000 tonnes/an de polypropylène en Turquie. La compagnie nationale et ses partenaires turcs veulent ainsi mener conjointement l'étude de faisabilité détaillée relative au projet et évaluer ensemble la possibilité de créer une société conjointe aux fins de son développement. Le développement en partenariat de ce projet en Turquie permettra d'assurer un débouché à long terme au propane algérien. En parallèle, les échanges commerciaux algéro-turcs ont également connu un certain essor pour s'établir à près de 4 milliards de dollars en 2017 mais avec une balance commerciale en défaveur de l'Algérie. L'année dernière, la Turquie a ainsi été classée 6ème client de l'Algérie avec des exportations algériennes de 1,96 milliard de dollars, en hausse de plus de 45% par rapport à 2016. Ce pays a aussi occupé le 6ème rang de la liste des pays fournisseurs de l'Algérie qui a importé auprès de la Turquie pour près de 2 milliards de dollars (+3,2%).