Les cours du pétrole ont chuté vendredi, à nouveau affectés par un regain des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis et alors que l'ampleur de la production américaine, telle que montrée par un indicateur, suscitait l'inquiétude. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a fini la semaine à 67,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,22 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de mai a cédé 1,48 dollar à 62,06 dollars. Sur la semaine le WTI a reculé de 4,64% et le Brent de 4,65%, la plus forte baisse hebdomadaire depuis deux mois pour les deux types de contrats. Ils retrouvent leurs niveaux d'il y a deux semaines, avant un mouvement de forte hausse des cours. "Depuis plus de vingt ans, les baisses marquées sont associées à des faiblesses économiques. Les fortes tensions commerciales en attestent de nouveau", a observé James Williams de WTRG Economics. "La Chine est prête à aller jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix", a lancé Pékin à Washington vendredi après la menace du président américain jeudi soir d'imposer de nouveaux droits de douane de 100 milliards de dollars sur les importations chinoises, qui s'ajouteraient aux quelque 50 milliards de dollars de taxes déjà brandies le 3 avril par Washington. "Les Etats-Unis et la Chine sont les plus gros consommateurs et importateurs de pétrole au monde. Si l'escalade se poursuit et ralentit la demande de ces deux pays, cela aura un effet que l'on peut difficilement ignorer", ont noté les analystes de Commerzbank. Ces échanges de menaces ont également fait chuter les indices boursiers américains, l'indice Dow Jones perdant jusqu'à 3% peu avant la clôture de Wall Street. "Le pétrole évolue dernièrement au gré des hausses et des baisses de la Bourse américaine, et devrait donc rester volatile avec les évolutions des tensions commerciales", ont résumé les analystes de Saxo Bank. Les prix ont également réagi à la forte progression du nombre hebdomadaire de puits de pétrole actifs aux Etats-Unis, un indicateur avancé de la production américaine publié par la société Baker Hugues. Ceux-ci ont progressé de 11 unités à 808 puits après un recul inattendu de 7 unités la semaine dernière. "Ces données ont aggravé le coup de froid sur les prix car cela signifie une plus forte production américaine, déjà élevée", a indiqué M. Williams. Un rapport hebdomadaire publié mercredi a montré que les Etats-Unis avaient extrait 10,46 millions de barils par jour, un record.
Baisse en Asie Les cours du pétrole étaient orientés à la baisse, vendredi en Asie, les tensions entre Pékin et Washington ravivant les craintes d'une désastreuse guerre commerciale. Vers 04h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en mai reculait de 37 cents à 63,17 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en juin, perdait 34 cents à 67,99 dollars. Donald Trump a frappé fort jeudi en menaçant d'imposer 100 milliards de dollars de nouvelles taxes douanières sur les importations chinoises en riposte aux mesures de rétorsion annoncées par Pékin, au risque de renforcer un conflit commercial à l'issue incertaine. "Les signaux étaient encourageants pour la fin de semaine jusqu'à ces derniers titres", a observé Stephen Innes, analyste chez OANDA. "Les derniers grondements de Trump ont fait plonger les prix du pétrole de façon importante". Les cours avaient pourtant monté dans la semaine sous l'effet d'une baisse des réserves américaines de brut, ce qui est généraement interprété comme le signe d'une plus forte demande au sein de la première économie mondiale. Les experts pensent qu'une guerre commerciale pourrait plomber l'économie mondiale et réduire la demande en pétrole. "La hausse des tensions commerciales pèsera à court terme sur les prix du brut", prédit ainsi Benjamin Lu, de Phillip Futures.