Un nouveau Premier ministre "de consensus", Aristides Gomes, a pris lundi ses fonctions en Guinée-Bissau, avec pour tâche principale de conduire le pays jusqu'aux législatives de novembre et de mettre fin à une crise politique de plus de deux ans. Quelques heures après avoir été nommé par le président bissau-guinéen José Mario Vaz, M. Gomes a prêté serment au Palais présidentiel. A 63 ans, il succède à Augusto Antonio Artur Da Silva, nommé fin janvier, qui comme ses prédécesseurs depuis la mi-2015 n'avait pas réussi à former de gouvernement, faute d'avoir obtenu le soutien des partis signataires d'un accord de sortie de crise d'octobre 2016. A la grande inquiétude de l'ONU, la Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest, traverse des turbulences depuis la destitution en août 2015 par le président Vaz de son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Les deux hommes, membres du même parti, ne s'entendaient plus sur la direction du pays, notamment au sujet de la corruption. Domingos Simoes Pereira était présent à la cérémonie d'investiture de M. Gomes, tout comme le chef du Parti de la rénovation sociale (PRS), deuxième formation parlementaire, Florentino Mendes Pereira, qui soutenait ces dernières années le président Vaz. "La réussite de ma mission républicaine dépendra en premier lieu de la volonté et de la collaboration qui me seront manifestés par le président de la république et par toute la classe politique", a déclaré M. Gomes, qui avait déjà été Premier ministre (novembre 2005 - avril 2007). "J'ai été choisi pour animer un processus qui devrait conduire vers des élections législatives". Il confirmé la date de ce scrutin, le 18 novembre, qui avait été annoncée samedi à Lomé à l'issue d'un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), où M. Vaz était accompagné des principaux responsables politiques du pays. Le 1er février, la Cédéao s'était impatientée devant le blocage et avait pris des sanctions contre 19 personnalités bissau-guinéennes pour non-respect de l'accord de sortie de crise. Celui-ci prévoit une "procédure consensuelle" pour choisir un Premier ministre "ayant la confiance du président" et devant rester en place jusqu'aux législatives. Cette accélération du calendrier est également due à l'approche de la fin de législature actuelle, qui s'achève le 23 avril. Selon le communiqué de la Cédéao, "l'ensemble des acteurs politiques a également décidé de l'ouverture du Parlement le 19 avril 2018 pour statuer notamment sur les points liés à la nomination des membres de la Commission électorale et de la prorogation de la législature". Diplômé en sociologie et sciences politiques de l'université de Paris VIII, M. Gomes a entretenu au fil des années des relations houleuses avec le PAIGC, dont il est membre les années 1970. En 2009, il avait voulu se présenter à la présidentielle sous les couleurs de sa propre formation, le Parti républicain pour l'indépendance et le développement (Prid) après l'assassinat du président Joao Bernardo Vieira, dont il était proche, mais sa candidature avait été retoquée par la Cour suprême. Retourné dans son parti d'origine, il avait depuis lors fait profil bas sur le plan politique et exerçait des fonctions de consultance. La prochaine élection présidentielle est prévue en 2019.