Les cours du pétrole ont terminé en hausse jeudi, tirés vers le haut par les incertitudes autour de l'accord sur le nucléaire iranien et la situation au Venezuela ainsi que par l'élan de la Bourse de New York. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a terminé à 74,74 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 74 cents par rapport à la clôture de mercredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance a pris 14 cents à 68,19 dollars. "Les risques géopolitiques représentent encore un facteur clé de soutien aux prix", remarque Robbie Fraser de Schneider Electric. En particulier, le président français Emmanuel Macron "a l'air de penser que malgré ses efforts de conviction, le président (Donald) Trump va se retirer de l'accord nucléaire iranien", remarque-t-il. Le locataire de la Maison Blanche a jusqu'au 12 mai pour annoncer s'il désavoue ou non ce texte signé en 2015 par son prédécesseur. Les Etats-Unis pourraient rétablir des sanctions contre l'Iran, un des plus grands producteurs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). La chancelière allemande Angela Merkel est attendue vendredi à Washington pour une ultime tentative européenne de convaincre M. Trump de sauvegarder l'accord aux termes duquel Téhéran a accepté de geler son programme nucléaire jusqu'en 2025. Mais "il semble probable que (le président) décide de le rejeter pour redémarrer à zéro, en envoyant ses +faucons+ Mike Pompeo et John Bolton à la table des négociations", a estimé Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. M. Pompeo, le tout nouveau patron de la diplomatie américaine, et M. Bolton, le nouveau conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, sont ouvertement opposés à l'accord actuel. Autre risque géopolitique important: la tenue prochaine des élections présidentielles au Venezuela. Même si à long terme la production du pays pourrait revenir au-dessus de ses niveaux actuels, "à court terme le recul continue des extractions de brut dans le pays" ainsi que "l'incertitude" sur l'avenir politique du régime de Caracas fait grimper les cours, note James Williams de WTRG Economics. Les cours de l'or noir ont aussi été tirés jeudi par la forte hausse des indices de Wall Street, selon Kyle Cooper d'IAF Advisors. "La corrélation entre le marché des actions et celui du pétrole est particulièrement étroite en ce moment", remarque le spécialiste.
Hausse en Asie Le pétrole continuait de monter en Asie jeudi, les inquiétudes sur un rétablissement des sanctions américaines contre l'Iran prenant le dessus sur la hausse inattendue des stocks aux Etats-Unis. Vers 05h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en juin, gagnait 35 cents à 68,40 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, également pour juin, prenait 45 cents à 74,45 dollars. D'après les chiffres hebdomadaires de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), les réserves de brut et d'essence aux Etats-Unis ont progressé (+ 2,2 millions de barils pour ce qui est du brut). Les données font aussi état d'un nouveau record pour la production dans le pays, qui extrait maintenant plus d'or noir que l'Arabie saoudite. Mais les marchés préfèrent se concentrer sur les risques de perturbation de l'offre au Moyen Orient, expliquent les analystes. Téhéran et Moscou ont catégoriquement rejeté tout nouvel accord sur le nucléaire iranien, évoqué par Donald Trump et par Emmanuel Macron qui s'est dit très pessimiste sur les chances de sauver le texte actuel. Fruit d'âpres négociations entre Téhéran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), celui-ci est qualifié de "ridicule" par Donald Trump. Le président américain doit dire le 12 mai s'il le jette aux orties. "Les investisseurs continuent d'évaluer tous les bruits autour du programme nucléaire iranien", a déclaré Stephen Innes, analyste chez Oanda. "Mais plus on se rapproche du 12 mai, date-limite pour (le rétablissement éventuel de sanctions américaines), plus la rhétorique s'enflamme. On peut être sûr que la dynamique restera agitée durant les prochaines semaines". "En plus des tensions géopolitiques, la demande mondiale de brut reste forte, et si le respect de l'accord Opep de limitation de la production se maintient, les cours devraient rester fermes durant toute l'année 2018".
Les stocks US augmentent Les stocks de pétrole brut ont progressé de façon inattendue aux Etats-Unis la semaine dernière tandis que la production a atteint un nouveau record dans le pays, selon les chiffres publiés mercredi par l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA). Lors de la semaine achevée le 20 avril, les réserves commerciales de brut ont augmenté de 2,2 millions de barils pour s'établir à 429,7 millions, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg prévoyaient un repli de 2,2 millions de barils. Elles s'inscrivent en baisse de 18,7% par rapport à la même époque l'an dernier et restent dans le bas de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut WTI du terminal de Cushing (Oklahoma, sud) ont augmenté, de 500 000 barils à 35,4 millions de barils. Les Etats-Unis continuent à accroître leur production de brut à un nouveau record, extrayant en moyenne 10,59 millions de barils par jour (mbj) contre 10,54 millions la semaine précédente. Parallèlement la cadence des raffineries a reculé, celles-ci ayant fonctionné à 90,8% de leurs capacités contre 92,4% la semaine précédente. Les réserves d'essence ont, elles, augmenté, de 800.000 barils, également à la surprise des analystes qui s'attendaient à un repli de 2 millions de barils. Elles sont en repli de 1,8% par rapport à leur niveau d'il y a un an et se maintiennent dans la partie haute de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks d'autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont en revanche baissé, de 2,6 millions de barils, soit un peu plus que le repli de 1,5 million prévu. Ils sont en recul de 18,7% par rapport à leur niveau à la même époque en 2017 et demeurent dans la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Du côté de la demande, les Etats-Unis ont au total consommé en moyenne 20,4 mbj de produits raffinés au cours des quatre dernières semaines, une progression de 4,3% par rapport à la même période de l'an dernier. La demande d'essence a augmenté de 1,3% quand celle des autres produits distillés a reculé de 2,5%. Les exportations américaines ont atteint un nouveau pic historique depuis que ces statistiques ont commencé à être compilées par l'EIA en 1991, avec 2,3 mbj envoyés à l'étranger. Les importations ont quant à elles augmenté, à 8,47 mbj. Le prix du pétrole américain, qui évoluait en légère hausse avant la publication de ce rapport, hésitait après sa diffusion. Vers 15H00 GMT, le baril de WTI perdait 5 cents à 67,65 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).