Des membres du Conseil de sécurité ont dénoncé le blocage du processus de paix au Sahara occidental occupé, appelant à des négociations directes, sans conditions préalables et de bonne foi, entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario. S'exprimant à l'issue du vote vendredi de la résolution du Conseil de sécurité, prorogeant le mandat de la Mission de l'Onu pour l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso) de six mois, la représentante des Etats Unis, Amy Noel Tachco, a déclaré que la mission aurait dû terminer son mandat il y a longtemps. "C'est une mission qui a commencé il y a 27 ans presque jour pour jour. C'était une mission destinée à atteindre un but précis. Celui que la Minurso n'a pas pu encore achever", a indiqué Mme Tacho, regrettant que le Conseil de sécurité ait "laissé le Sahara Occidental devenir l'exemple typique d'un conflit gelé". Soulignant "la nécessité de progresser vers une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantira l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", la représentante des Etats Unis a indiqué que son pays "souhaitait enfin voir des progrès dans le processus politique pour résoudre le conflit". "C'est pourquoi nous avons renouvelé le mandat de la Minurso pour six mois, au lieu d'un an. Au cours des six prochains mois, nous prévoyons que les parties retournent à la table (des négociations) et s'engagent avec l'Envoyé personnel Horst Kohler", a-t-elle expliqué. "Il faut absolument mettre fin au statu quo", a insisté la représentante des Etats Unis, dont le pays est porte-plume de la résolution. De son côté la représentante de l'Ethiopie, Mahlet Hailu Guadey, dont le pays s'est abstenu de voter la résolution, a souligné l'urgence de voir le Conseil de sécurité appuyer le travail de M. Horst Kohler, Envoyé personnel du SG de l'Onu pour le Sahara occidental, mettant l'accent sur l'importance d'éviter les tensions qui pourraient empêcher le règlement du conflit. En référence aux remarques de l'organe onusien sur la prétendue présence du Front Polisaro à El Guergarat, la représentante Ethiopienne a estimé que le Conseil de sécurité devait "s'abstenir de prononcer des déclarations qui sont de nature à compromettre la volonté des parties de participer au processus de paix". La représentante a conclu sa déclaration en appelant le Conseil à "ne pas donner l'impression qu'il prend parti".
Impartialité et préparation des conditions propices aux négociations Intervenant à son tour, le représentant de la Chine, Shen Bo, dont le pays s'est également abstenu de voter, a déclaré appuyer la prorogation de la mission de la Minurso, insistant sur le fait que la priorité était de maintenir la stabilité régionale et de créer des conditions propices à la reprise des négociations, avant de souligner que "le Conseil de sécurité doit rester uni et parler d'une seule voix". Pour sa part, le représentant du Koweit, M. Bader Abdullah Almunayekh, qui a évoqué le rôle essentiel joué par la Minurso, a réitéré l'appui de son pays à l'Envoyé personnel du secrétaire général "pour qu'il relance les négociations, sous les auspices de l'ONU, afin d'aboutir à une solution acceptable par tous consacrant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination". Pour le représentant des Pays-Bas, Karel Gustaaf Van Oosterom, a mis en avant "la relance du processus politique" pour le règlement du conflit du Sahara occidental, à travers "la reprise des négociations sans conditions préalables". Le Pérou, par la voix de son représentant, Paul Duclos, a vu comme un impératif urgent la reprise du processus politique sous les auspices des Nations Unies, en particulier de l'Envoyé personnel du secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi. "L'objectif poursuivi est de faciliter une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable par les parties, sur la base du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui conduise à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", a déclaré le diplomate péruvien. La Bolivie, de son côté, a apporté son plein appui à la démarche du secrétaire général qui vise à reprendre les négociations avec une nouvelle dynamique et un nouvel esprit, en vue d'arriver à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Son représentant, Pedro Luis Inchauste Jordan, s'est dit toutefois "préoccupé de constater que les suggestions de certaines délégations n'avaient pas été prises en compte, ce qui aurait permis d'avoir un texte plus équilibré approuvé par tous". En outre, le représentant de la Russie, Vladimir Safronkov, qui s'est abstenu lors du vote, a mis en garde contre tout règlement de la situation qui serait fixé "en coulisses", soulignant, dans le même contexte, "le rôle stabilisateur de la Minurso sur le terrain". Le diplomate russe, qui rappelé que son pays était, sur ce dossier, "un acteur impartial", a exprimé le souhait de voir la mission de M. Kohler se poursuivre normalement.
Le Maroc mis au pied du mur Le Conseil de sécurité s'est fixé rendez-vous en octobre prochain pour évaluer l'avancée du processus de paix au Sahara Occidental occupé, mettant le cap sur une nouvelle démarche visant à ramener les parties au conflit à la table des négociations dans un délai de six mois. Les Etats Unis, agacés par le blocage persistant du processus de paix, ont déclaré vendredi à l'issue du vote prorogeant le mandat de la Minurso, qu'ils s'attendaient à une reprise des pourparlers au cours des six prochains mois. Amy Tachco, la coordinatrice politique auprès de la mission américaine à l'ONU a précisé que son pays a adopté cette année une approche différente en ramenant la durée du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso) à six mois au lieu d'une année. "Notre objectif est d'envoyer deux messages : Le premier est qu'il ne peut plus y avoir de statu quo concernant la Minurso et le Sahara occidental. Le deuxième est qu'il est maintenant temps d'apporter notre appui, notre plein appui à l'Envoyé personnel Kohler dans ses efforts pour faciliter les négociations avec les parties au conflit", a-t-elle précisé. "Les Etats-Unis soulignent la nécessité d'avancer vers une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantit l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", a ajouté la diplomate américaine, affirmant qu'"il "était temps de voir des progrès vers une solution politique après 27 ans de statu quo". La représentante américaine a relevé que la Minurso est une mission de maintien de la paix (chargée d'organiser le référendum d'autodétermination) qui aurait dû finir son travail il y a longtemps. "C'est une mission qui a commencé il y a 27 ans presque jour pour jour", a-t-elle rappelé. Pour autant, elle a estimé que la responsabilité incombait au Conseil de sécurité qui a laissé "le Sahara occidental devenir un exemple typique de conflit gelé ". Rappelant le constat de l'ancien ambassadeur américain à l'ONU, John Bolton, qui avait soutenu dans ses mémoires que la Minurso était sur la voie d'acquérir une existence presque perpétuelle parce que personne ne savait quoi en faire, la coordinatrice politique a relevé que la mise en garde du Conseiller à la sécurité du président Trump "s'est révélée exacte ". "Avec le renouvellement d'aujourd'hui, le Conseil de sécurité a fait un pas en avant pour mettre fin à ce cycle. La prochaine étape sera pour nous de soutenir l'Envoyé personnel (du SG de l'Onu), M. Kohler, et de voir enfin la reprise de discussions réelles et substantielles", a-t-elle dit.
La démarche américaine n'est pas du gout de la France Amy Tachco a prévenu que le Conseil de sécurité serait appelé en octobre prochain à "examiner attentivement son travail et ses responsabilités si cet objectif n'est pas atteint". La nouvelle démarche met directement le Maroc devant ses responsabilités. Ayant entravé le travail de deux émissaires onusien, le Maroc s'attèle à chercher des prétextes pour ne pas retourner à la table des négociations. La France, seul soutien du Maroc au Conseil de sécurité parmi les membres permanents, a indiqué vendredi que "ce renouvellement pour six mois qui vise à maintenir la mobilisation du Conseil en appui au processus politique, doit rester une exception". "Le maintien d'un cadre annuel garantit la stabilité des opérations de maintien de la paix", a indiqué son représentant à l'ONU, l'ambassadeur François Delattre, qui a avancé que la nouvelle démarche risquait de perturber la gestion et la planification des ressources de la Minurso. Des débats du Conseil de sécurité vendredi, il s'est dégagé un consensus important sur la nécessité d'accélérer le règlement du conflit et de soutenir l'émissaire Horst Kohler à cet effet. La majorité des membres du Conseil, y compris ceux qui ont voté en faveur de la résolution, ont déploré le fait que leurs propositions formulées durant les tractations ne soient pas prises en compte. En références aux remarques du Conseil sur la prétendue présence du Front Polisario à El Guergarat, ces pays membres ont considéré que l'organe onusien devait s'abstenir de faire des déclarations de nature à compromettre le processus de paix. La Russie a mis en garde contre un règlement qui "serait fixé en coulisse", alors que l'Ethiopie a appelé le Conseil à "éviter de donner l'impression qu'il prenait parti". Par 12 voix pour et trois abstentions (La Russie, la Chine et l'Ethiopie), le Conseil de sécurité a adopté vendredi soir une résolution prorogeant le mandat de la Minurso de six mois jusqu'au 31 octobre 2018.
Reprise "immédiate" des négociations Le Front Polisario a appelé vendredi à la reprise "immédiate" du processus onusien, souhaitant que le renouvellement du mandat de la Minurso puisse servir de "levier" pour assurer un "retour rapide" des partis au conflit à la table des négociations. Dans un communiqué publié juste après la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental de six mois, le Front Polisario a indiqué "prendre note de cette évolution en particulier la courte durée du renouvellement qui reflète la nécessité d'une reprise urgente du processus politique de l'ONU". Le Front Polisario a réitéré à ce propos, son engagement à entrer dans un processus de négociations directes avec le Maroc, assorti de délais, pour permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination conformément à la doctrine des Nations Unies concernant la décolonisation. La partie sahraouie relève que la résolution du Conseil de sécurité insiste sur la reprise des négociations sans pré-conditions et de bonne foi. "C'est un message clair et fort envoyé au Maroc qui a toujours assujetti tout engagement dans les négociations à des pré-conditions ", souligne le Front Polisario. "Nous espérons que la prorogation du mandat de la Minurso de six mois servira de levier pour assurer un retour rapide à la table des négociations", a-t-il dit, réaffirmant que "le peuple sahraoui n'acceptera rien de moins que le plein respect de son droit légal à l'autodétermination et à l'indépendance". Et d'ajouter: "Nous restons optimistes quant aux efforts de l'Envoyé personnel pour le Sahara Occidental, Horst K?hler, mais le Conseil de sécurité doit faire face à l'intimidation du Maroc par une action ferme afin de réaliser de véritables progrès et de mettre un terme au chantage permanent du Maroc". La partie sahraouie, a cependant regretté que la résolution de cette année ait donné du crédit aux allégations marocaines qui en fait ne sont qu'une "tactique évidente et prévisible, conçue pour détourner l'attention du Conseil de sécurité du processus politique". Elle a rappelé à ce propos la déclaration du porte-parole du secrétaire général qui a réaffirmé le 19 avril dernier que la localité de Bir Lahlou ne faisait partie ni de la bande tampon d'El Guergarat ni de la zone restreinte tel que défini par l'accord militaire numéro 1 signé par les deux partis au conflit. La présence administrative et militaire des sahraouis à Bir Lahlou ne contrevient pas aux termes de cessez-le-feu et à l'accord militaire, a-t-il tenu à préciser. "Le Conseil de sécurité doit faire face à la menace du Maroc de recourir à la force (...) C'est en effet l'action déstabilisatrice à laquelle doit s'opposer toute la communauté internationale ", a soutenu le Front Polisario.