La militante française Claude Mangin a affirmé lundi à Ivry-sur-Seine, à son 20e jour de grève de la faim illimitée, sa détermination à poursuivre son mouvement, jusqu'à ce qu'elle soit autorisée par les autorités marocaines à rendre visite à son mari Naâma Asfari, militant sahraoui détenu dans une prison à Kenitra au Maroc. "Je suis assez déterminée de la résistance de mon corps, mais je reste déterminée", a dit cette militante de la cause sahraouie, dans une conférence de presse à laquelle ont pris part plusieurs représentants de médias français et des militants du mouvement associatif. Claude Mangin-Asfari est entrée en grève de la faim illimitée le 18 avril pour protester contre son empêchement la veille par les autorités marocaines de rendre visite à son époux et son expulsion pour la quatrième fois en deux ans, rappelle-t-on. Le médecin qui l'a suit dans sa grève de la faim a expliqué à l'auditoire que sa Mme Mangin-Asfari a déjà entamé la deuxième phase de la grève de la faim qui permet au corps de puiser de ses graisses. "Je suis assez étonnée de sa résistance, tant au plan psychologique que physique. Il y a une perte de poids de 10 % à cette phase mais je souhaite que ça se termine le plus rapidement", a-t-elle dit. Pour sa part, le maire d'Ivry Philippe Bouyssou a réitéré son soutien "plein et entier" à Claude Mangin "aussi loin qu'elle pourra mener son action", exprimant cependant son inquiétude vis-à-vis de sa santé. Pour le maire, "après 20 jours de grève de la faim, il n'est possible que le ministère des Affaires étrangères ignore cette situation pour l'obtention d'un droit aussi fondamental", indiquant que les Ivryens ne comprennent pas l'attitude des autorités marocaines face à un droit humanitaire garanti par le droit international. Enchaînant sur ce volet, l'avocate Ingrid Metton a souligné que "ce qui se passe au Maroc en matière de déni du droit est inadmissible", se disant être interpellée par le rôle de la France dans cette affaire. "Jusqu'où il faut aller pour obtenir un droit fondamental", s'est-elle interrogée, souhaitant "ne plus revoir cette situation", expliquant qu'un doit fondamental ne doit connaître "aucune exception". La présidente de l'Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARASD), Régine Villemont, après avoir fait état de l'élan de solidarité et de soutien à Claude Mangin, exprimé par des associations françaises et étrangères, politiques, élus, militants, syndicalistes et médias, a évoqué un courrier du président français Emmanuel Macron dans lequel il instruit son ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, "de prendre contact à ce sujet avec les autorités marocaines". "C'est un courrier encourageant qui charge sans ambigüité son MAE de prendre contact avec les autorités marocaines", a-t-elle précisé laissant entrevoir une issue "positive" à la grève de la faim de Claude Mangin pour qu'elle puisse se rendre au Maroc. Mais elle a averti qu'il ne faut "pas baisser la garde" et qu'il faut continuer la lutte. Une pétition lancée en ligne pour le respect du droit de visite de Claude Mangin a recueilli la signature de plus de 2100 personnes. Les signataires appellent le président Emmanuel Macron et son gouvernement à "mettre tout en œuvre pour que les autorités marocaines permettent à Claude Mangin-Asfari de pouvoir rendre visite à son mari Naâma Asfari". Le Maroc, soutenu par la France, interdit depuis des mois des visites aux prisonniers sahraouis détenus dans ses prisons, ainsi que celles des militants des droits de l'Homme. On dénombre au total 350 personnes interdites de se rendre au Maroc.
Une pétition en ligne Une pétition a été lancée en ligne pour le respect du droit de visite de la militante Claude Mangin, en grève de la faim depuis 19 jours, à son mari Naâma Asfari détenu au Maroc et condamné à 30 ans de prison. La militante française pour la cause sahraouie est entrée en grève de la faim illimitée le 18 avril pour protester contre son empêchement la veille par les autorités marocaines de rendre visite à son époux et son expulsion pour la quatrième fois en deux ans, rappelle-t-on. La pétition, signée par près de 2000 personnes, appelle le président Emmanuel Macron et son gouvernement à "mettre tout en oeuvre pour que les autorités marocaines permettent à Claude Mangin-Asfari de pouvoir rendre visite à son mari Naâma Asfari". "Notre pays sait se montrer généreux quand le roi du Maroc a besoin de soins, et nous espérons en retour un geste d'humanité de sa part", est-il écrit dans cette pétition ouverte à l'adresse électronique suivante (https://www.change.org/p/pour-le-respect-du-droit-de-visite-claude-mangin-e n-gr%C3%A8ve-de-la-faim-depuis-le-18-04-2018). Une cinquantaine de personnalités ont déjà signé cet appel, de tous horizons, Javier Bardem, Pierre Richard et plusieurs autres comédiens et musiciens, Pierre Laurent, Noël Mamère, José Bové et de nombreux élus, Alain Gresh ex-directeur du Monde Diplomatique, Monseigneur Gaillot et d'autres hommes d'église. Claude Mangin, qui entame lundi son 20e jour de grève de la faim, a reçu plusieurs personnes qui se sont déplacées à la mairie d'Ivry-sur-Seine, où elle a élu domicile durant son mouvement, pour lui exprimer leur soutien et solidarité. Plusieurs lettres ont été adressées au président français pour intervenir auprès du roi du Maroc, dont celle notamment de l'évêque de Créteil, Mgr Michel Santier, et le maire d'Ivry, Philippe Bouyssou, qui lui ont exprimé leur "immense inquiétude" sur la grève de la faim illimitée de la militante Claude Mangin. Le Maroc, soutenu par la France, interdit depuis des mois des visites aux prisonniers sahraouis détenus dans ses prisons, ainsi que celles des militants des droits de l'homme. On dénombre au total 350 personnes interdites de se rendre au Maroc. En février dernier, deux avocates, Ingrid Metton et Olfa Ouled, du groupe des 24 militants sahraouis de Gdeim Izik, détenus au Maroc depuis plus de sept ans, ont été interdites d'entrer au Maroc. Les deux avocates, du barreau de Paris, qui avaient défendu les militants sahraouis lors des audiences de leur procès en appel, entre janvier et mai 2017, à la Cour d'appel de Rabat-Salé, ont voulu rendre visite à leurs clients suite à des informations faisant état des mauvais traitements qu'ils auraient subis en prison, rappelle-t-on. Dix-neuf militants sahraouis, rappelle-t-on encore, ont été lourdement condamnés le 19 juillet 2017, au terme de ce procès où les seules preuves présentées restent des aveux signés sous la contrainte. Les prisonniers politiques sahraouis ont été dispersés dans 7 prisons à travers le territoire marocain.