L'Union économique eurasiatique (UEE), Russie en tête, a signé avec l'Iran un accord temporaire instaurant des préférences commerciales réciproques. Dans trois ans devrait être signé un accord de libre-échange à part entière. Les experts y voient un geste démonstratif de Moscou en opposition à la sortie des Etats-Unis de l'accord nucléaire avec l'Iran. L'objectif de l'accord signé entre l'Union économique eurasiatique qui réunit la Russie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Biélorussie, avec l'Iran consiste à augmenter les échanges grâce à des avantages préférentiels réciproques. Les taxes seront ainsi réduites, voire annulées, pour certaines marchandises, écrit vendredi le site d'information Gazeta.ru. En 2017, les échanges entre l'UEE et l'Iran s'élevaient à seulement 2,7 milliards de dollars. Cet accord est prévu pour trois ans, après quoi l'UEE compte déboucher sur la signature d'un accord de libre-échange à part entière avec Téhéran. Les échanges entre les pays de l'UEE et de l'Iran devraient alors augmenter de 50%. La liste préférentielle pour l'UEE concernera la viande, l'huile, certains produits de pâtisserie/confiserie et chocolats, ainsi que des métaux, des produits cosmétiques et certains types d'équipements électroniques et mécaniques. L'Iran bénéficiera de taxes préférentielles pour une longue liste de produits alimentaires, notamment les fruits et légumes, les fruits secs, ainsi que les matériaux de construction, la vaisselle, les tapis et certains produits de métaux non ferreux. Sur les produits industriels, le niveau moyen des taxes d'importation pour l'Iran se réduira de 22,4% à 15,4%, et pour l'UEE de 8% à 4,7%. En ce qui concerne les produits agricoles, l'Iran réduira en moyenne les taxes de 32,2% à 13,2%, et l'UEE de 9,6% à 4,6% L'un des points de l'accord provisoire souligne l'exigence de respecter les principes fondamentaux du commerce international. L'UEE et l'Iran se sont également mis d'accord pour ne pas appliquer des mesures non tarifaires injustifiées limitant le commerce de produits concernés par l'accord. En cas de conflit, un mécanisme a été prévu pour régler les litiges via un arbitrage. Le vice-premier ministre russe par intérim Dmitri Kozak est convaincu que les sanctions américaines n'arrêteront pas la Russie. Le gouvernement s'efforcera de tout faire pour minimiser le préjudice pour le commerce avec l'Iran. Selon lui, les entreprises russes pourraient gagner près de 150 millions de dollars supplémentaires après la ratification de l'accord temporaire avec l'Iran. L'accord de l'UEE avec Téhéran a été signé après la sortie des USA de l'accord nucléaire avec l'Iran, annoncée par le président américain Donald Trump le 8 mai dernier. La démarche de Donald Trump n'a pas été soutenue par les autres signataires du Plan d'action global commun.
"Un nouveau pôle d'attraction économique et commerciale" L'Union économique eurasiatique (UEEA) et l'Iran ont signé lors du Forum économique d'Astana un accord provisoire de trois ans qui prévoit la mise en place d'une zone de libre-échange. La ministre du Commerce de la Commission eurasiatique Veronika Nikichina a évoqué l'importance de cet événement dans un entretien accordé à Sputnik. À l'étape actuelle, il ne s'agit pas de l'adhésion de l'Iran à l'Union économique eurasiatique (UEEA), nos deux pays ayant des stratégies économiques différentes. Quoi qu'il en soit, l'accord provisoire et plus tard un accord intégral de libre-échange nous permettront de renforcer et de diversifier nos relations économiques et commerciales, a déclaré à Sputnik Veronika Nikichina. "Je suis persuadée que le régime de commerce préférentiel entre l'UEEA et l'Iran exercera son impact positif non seulement sur les pays signataires du document, mais aussi sur l'ensemble du Proche-Orient et de l'Asie centrale, car il s'agit d'un nouveau pôle d'attraction économique et commerciale", a poursuivi l'interlocutrice de l'agence. Et d'ajouter que la mise en œuvre de l'accord allait aussi contribuer à l'accélération de la création de l'infrastructure du corridor de transport international "Nord-Sud" via l'Iran, la Russie et la mer Caspienne. "De son côté, l'UEEA accèdera à un nouveau marché très prometteur […], où les "règles du jeu" sont claires et prévisibles", a indiqué Mme Nikichina. Et d'expliquer que la classe moyenne augmentait en Iran et souhaitait acheter des produits de qualité à des prix accessibles. "Grâce à l'Accord provisoire, nous pourrons être plus compétitifs sur ce marché par rapport à d'autres participants", a précisé la responsable. Selon cette dernière, pendant les trois ans prévus par l'accord provisoire, les parties devront se concerter sur les termes du passage au régime intégral de libre-échange selon la conception de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), c'est-à-dire l'annulation des taxes sur la plupart des marchandises. "Tous les signataires du document ont explicitement formulé leur volonté de parvenir à ce résultat", a résumé la ministre, rappelant que dans trois ans, les parties pourraient signer un accord intégral. L'Union économique eurasiatique (UEEA) a été fondée le 29 mai 2014 par la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie.
Quelle est la position des BRICS? Les pays des BRICS sont fortement opposés aux sanctions américaines contre l'Iran et les pays ayant des liens économiques avec ce dernier. Les pays des BRICS n'approuvent pas les sanctions unilatérales des Etats-Unis contre l'Iran, a confié à Sputnik le chef du service BRICS du ministère russe des Affaires étrangères Mikhaïl Kalouguine. D'après lui, ce sujet sera discuté le 4 juin lors d'une rencontre ministérielle des BRICS en Afrique du Sud. Tous les pays des BRICS ont d'importants échanges économiques avec l'Iran et ils s'opposent aux sanctions des Etats-Unis contre les pays ayant des liens commerciaux et d'affaires avec l'Iran. Les secteurs essentiels de l'économie iranienne, notamment ceux de l'énergie, de la pétrochimie et des finances, se trouvent sous sanctions américaines. Il y a aussi des sanctions secondaires appliquées aux pays partenaires économiques de l'Iran. "Nous défendons le droit des nations à établir des relations avec les pays qu'ils veulent", a souligné Kalouguine. Le diplomate russe a ajouté que ces relations allaient durer "malgré les pressions et les sanctions extérieures". Le 8 mai, le Président américain a annoncé sa décision de retirer les Etats-Unis de l'accord de Vienne sur le programme nucléaire iranien. Les pays garants de l'accord se sont opposés à cette décision de Trump, ayant indiqué qu'elle ne pouvait qu'engendrer des conséquences dangereuses. Le Plan d'action global commun (PAGC) est un accord signé à Vienne, le 14 juillet 2015, par les huit parties suivantes: les pays du P5+1: les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) et l'Allemagne, ainsi que l'Union européenne et la République islamique d'Iran. Le locataire de la Maison-Blanche a également annoncé le rétablissement de toutes les sanctions levées suite à l'adoption de cet accord.