L'accord entre les parties libyennes sur la tenue en décembre prochain des élections présidentielle et législatives a suscité de nombreuses réactions de la communauté internationale qui y voit une contribution "très concrète" et "très productive et une "étape significative" pour bâtir des institutions durables en Libye. Les quatre principaux responsables libyens, acteurs déterminants dans la résolution de la crise libyenne, réunis mardi à Paris, à la conférence internationale sur la Libye, organisée sous l'égide des Nations unies, se sont engagés sur une feuille de route de huit points pour une sortie de crise de leur pays avec l'organisation des élections législatives et présidentielle en décembre prochain. Non signée comme initialement prévue, la "déclaration politique" a été approuvée par le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale de Libye, Fayez al-Sarraj, le chef de l'armée nationale libyenne, Khalifa Haftar, le président du Haut Conseil d'Etat libyen, Khaled al-Mechri, et le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah Issa. "Nous nous sommes engagés (...) à oeuvrer de manière constructive avec les Nations unies pour organiser (...) des élections dignes de foi et pacifiques", législatives et présidentielle, le 10 décembre, et à "respecter leurs résultats", indique la déclaration qu'ils ont endossée. Le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union libyen, Fayez al-Sarraj a appelé "à arrêter les combats partout en Libye" car "assez de sang a coulé", et "tout le monde au dialogue". L'accord a été également salué par la commission chargée de rédiger la Constitution qui a mis l'accent dans un communiqué sur la nécessité "de trouver une plateforme constitutionnelle comme base de la tenue de toute élection législatives ou présidentielle". La commission a souligné "le droit des Libyens à établir l'Etat de droit et à l'alternance au pouvoir, appelant toutes la composante de la société et institutions libyennes à assumer leur responsabilités constitutionnelles et morales.
L'accord donne bien raison à la démarche algérienne L'accord inter-libyen "donne bien sûr raison" à la démarche algérienne dans la résolution du conflit libyen, a déclaré le Premier ministre, Ahmed Ouyahia qui a représenté le président de la République Abdelaziz Bouteflika à la conférence sur la Libye. M. Ouyahia a salué "le fait que la Conférence de Paris a réussi, et c'est la première fois, à réunir les quatre interlocuteurs libyens et à sortir avec un programme concret qui est celui d'aller aux élections législatives et présidentielle, déjà souhaitées par tout le monde, en tout cas pour le retour des institutions en Libye et avec un calendrier". Il a rappelé en outre que l'Algérie a été "partie prenante" dans toutes les activités diplomatiques sur la question libyenne que ce soit dans le cadre des pays voisins ou autour du représentant du SG de l'Onu ou dans le cadre africain. M.Ouyahia a encore indiqué que la présence des acteurs libyens et le calendrier dégagé "sont des éléments qui donnent une grande satisfaction à l'Algérie", tout en qualifiant la tenue de cette conférence de contribution "très concrète" et "productive" aux efforts de paix et de stabilité en Libye. Pour le président Français, Emmanuel Macron, c'est une "rencontre historique, accompagnée par l'ensemble de la communauté internationale" et "une étape clé pour la réconciliation". De son côté, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a déclaré que les prochaines "élections devront permettre d'orienter la boussole du peuple libyen vers l'établissement de l'Etat de droit, l'édification des institutions républicaines, ainsi que la réorientation des efforts vers la reconstruction du pays et le développement économique et social". Pour sa part, le premier ministre maltais, Joseph Moscatt a souligné l'impératif "de maintenir cet engagement et sur la nécessité d'aider les Libyens". D'autre part, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a évoqué "une étape significative et bienvenue dans la transition politique en Libye", tout en notant que les quatre signataires de la Déclaration "se sont engagés à travailler de manière constructive avec les Nations unies" pour la tenue d'élections parlementaires et présidentielle "dans un environnement sécurisé" et "à respecter les résultats des scrutins". La rencontre mardi à Paris avait été qualifiée auparavant d'"historique" par l'envoyé spécial de l'ONU, Ghassan Salamé, présent en France. "Nous ne remplaçons pas les Libyens, ce sont eux qui s'entendent entre eux. C'est capital", a-t-il dit, en se montrant "optimiste" sur le processus lancé. Quant à la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, elle a mis l'accent sur la nécessité pour les Libyens d'assurer les conditions pour la tenue des élections et "d'en reconnaitre les résultats". Mme. Mogherini a appelé à ce titre les participants à la conférence de Paris à "s'engager dans le processus électoral".
L'UE doit soutenir le plan onusien Le Parlement européen a exhorté mercredi l'Union européenne (UE) a intensifié ses efforts diplomatiques pour soutenir le Plan d'action des Nations unies pour la Libye qu'il considère comme "seul cadre viable pour une solution à la crise". Les députés européens réunis en session plénière à Strasbourg (France) ont adopté par 486 voix contre 150, avec 44 abstentions une recommandation dans laquelle elle appelle l'UE à soutenir la tenue d'élections en Libye d'ici fin 2018 à condition qu'une nouvelle constitution soit adoptée. Dans leur recommandation, les eurodéputés ont souligné la nécessité de réfléchir à la crise en Libye dans un contexte plus large, régional et panafricain, estimant que la Libye est "la clé de la stabilité de l'Afrique du Nord, du Sahel et de la Méditerranée". "Il est nécessaire d'inscrire le processus de reconstruction de la Libye dans une stratégie régionale plus large pour faire face à de nombreux problèmes tels que le désarmement des milices, l'immigration et les violations des droits de l'homme", a plaidé le rapporteur du Parlement européen, Pier Antonio Panzeri. Pour ces parlementaires européens, il est nécessaire de soutenir le processus en cours d'une conférence nationale en Libye visant à parvenir à un accord entre les différentes parties libyennes sur les prochaines étapes pour achever la transition. Ils ont mis l'accent, à ce titre, sur l'importance de veiller à ce que les Libyens mènent eux-mêmes le processus de stabilisation et "décident de la forme future de leur Etat". Par ailleurs, si les députés européens insistent sur la poursuite du soutien de l'UE aux garde-côtes libyens, ils soulignent, en même temps, la nécessité de "mettre en place un registre clair et transparent de toutes les personnes débarquées sur les côtes libyennes", après le scandale d'un commerce d'êtres humains en Libye, dévoilé par la chaine américaine CNN en novembre 2017. Le Parlement européen a affirmé, dans sa recommandation, que l'UE doit veiller à ce que les migrants secourus par les garde-côtes libyens soient "correctement pris en charge conformément aux normes humanitaires internationales", appelant l'UE à "concentrer les efforts sur la protection des migrants" en Libye. "La protection des migrants et des réfugiés en Libye et leurs conditions dans les centres de détention devraient être améliorées, et les autorités libyennes devraient fermer dès que possible les installations qui ne sont pas conformes aux normes internationales", ont recommandé les députés européens qui ont jugé également important de poursuivre le travail visant à "anéantir le modèle économique des trafiquants et des passeurs". Une délégation officielle du Parlement européen a effectué du 20 au 23 mai dernier une mission en Libye.