La crise diplomatique et militaire qui oppose Bogota à ses voisins vénézuélien et équatorien a éclaté après l'opération menée samedi par l'armée colombienne contre un camp des Farc en territoire équatorien, dans laquelle Raul Reyes, n°2 des Farcs, a trouvé la mort. Il n'est donc pas utile de démontrer que le conflit trouve sa source dans l'atteinte par la Colombie à la souveraineté territoriale de l'Equateur. Cependant, s'empressant de réagir, Georges Bush n'a pas hésité à prendre partie pour la Colombie au lieu de prôner le respect de la légalité internationale et le dialogue comme cela doit se faire en pareils cas lorsque la paix est encore possible. Les Etats-Unis, qui ont pourvu l'information qui a permis d'assassiner le leader des Farc, sont toutefois le seul soutien du Colombien Uribe au milieu de la condamnation mondiale pour la violation de la souveraineté. Le président américain s'est efforcé de recentrer l'attention sur la guérilla marxiste et les exactions des Farc, sans parvenir à tarir le flot des critiques. Toutes les expressions internationales ont répudié l'intervention militaire ordonnée par Uribe. Les positions sont allées de la dureté du président vénézuélien Hugo Chavez, qui l'a accusé d'"assassin" et de "mafieux", jusqu'à celle du mandataire du Pérou, Alan García, qui a appelé au dialogue mais a précisé qu'il n'était pas possible de ne pas critiquer la violation de la souveraineté territoriale équatorienne. Faisant une fixation sur la république bolivarienne du Venezuela et son président, Hugo Chavez, Bush, comme à son habitude, semble satisfait par l'instabilité dans le sous-continent latin dont plusieurs Etats se sont clairement opposés à sa politique, à l'instar du brésil de Lula, du Venezuela de Chavez qu'il vilipende. "Nous apportons notre soutien total à Uribe et dénonçons les actes de provocations du Venezuela", a-t-il déclaré mardi. La position de l'administration américaine n'est pas inédite dans la mesure où les cas de violations de la légalité internationale, cautionnés par Bush, sont légion. L'exemple le plus édifiant est le quitus accordé par Bush aux exactions commises par l'Etat sioniste d'Israël à Ghaza, en territoire palestinien. Dans sa guerre contre le Venezuela, Bush ne semble avoir aucun scrupule. Faisant fi de la légalité internationale, il n'hésite pas à se servir du gouvernement de la Colombie comme l'instrument de sa politique expansionniste, équivalent au rôle que joue Israël au Moyen-Orient. " Le gouvernement colombien est devenu l'Israël de l'Amérique latine ", a décalré Chavez jeudi, ajoutant en même temps qu'il n'allait " pas permettre à la Colombie d'être Israël sur ces terres ".La thèse inspirée par le président George Bush, suivant laquelle la guerre contre le terrorisme n'a ni frontières ni lois, n'a pas de soutien dans la région. En fustigeant l'ingérence des Vénézuéliens, le régime d'Alvaro Uribe, porté à bout de bras par les Etats-Unis, se moque du monde. L'instrumentalisation de la Colombie par l'administration américain contre le Venezuela relève du secret de polichinelle. Pour mémoire, en 2004, une centaine de paramilitaires colombiens étaient arrêtés dans un camp d'entraînement près de Caracas, où ils s'apprêtaient à participer à un complot anti-Chavez. Un projet pour lequel plusieurs responsables "uribistes" sont sous enquête. Et faut-il rappeler que les milices para-étatiques colombiennes prêtent régulièrement main forte aux grands propriétaires terriens du pays voisin afin d'y freiner la réforme agraire. N'oublions pas le pétrole. Il n'y a qu'à voir les agissements de la compagnie pétrolière américaine Exxon Mobil qui essaye d'instrumentaliser la justice internationale pour mettre main basse sur le pétrole vénézuélien de l'Orénoque.