La crise entre la Colombie, d'une part, l'Equateur et le Venezuela, d'autre part, suscite de plus en plus de malaise en Amérique latine. Les déclarations des principaux acteurs de la crise survenue entre la Colombie et ses voisins équatorien et vénézuélien - après le raid de l'armée colombienne en territoire équatorien, lequel raid s'est soldé par la mort de Raul Reyes, numéro 2 des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) - ont encore envenimé davantage une situation déjà assez confuse. De fait, plusieurs pays latino-américains, à leur tête le Brésil, ont condamné l'action de l'armée colombienne en Equateur. A Sao Paulo, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a accusé la Colombie «d'avoir violé la souveraineté territoriale de l'Equateur» et a appelé les pays sud-américains à trouver une solution pacifique à la crise régionale. Pendant ce temps, le président équatorien Rafael Correa, poursuivait mardi soir sa tournée régionale en quête de soutien dans la grave crise qui l'oppose à la Colombie. A Lima, au Pérou, le président Correa, avait annoncé qu'il était décidé à aller «jusqu'aux ultimes conséquences», sans donner plus de précisions, soulignant, par ailleurs, qu'un rapprochement avec le président colombien Alvaro Uribe allait être très difficile. Face à cette situation l'organisation pan-américaine, OEA, avait convoqué mardi une réunion urgente à Washington. A Washington encore, le président George W. Bush a apporté un soutien «total» à son homologue colombien, Alvaro Uribe. «L'Amérique apporte son soutien total à la démocratie colombienne et nous nous opposons fermement à tout acte d'agression qui pourrait déstabiliser la région», a dit, à la presse, le président américain George W.Bush dans une déclaration à la Maison-Blanche. Le président américain a aussi dénoncé les «manoeuvres de provocation du régime au Venezuela». «Le message de notre pays au président Uribe et aux Colombiens, c'est que nous sommes aux côtés de notre allié démocratique», a-t-il précisé. Le président colombien a, pour sa part, annoncé que Bogota allait porter plainte devant la CPI (Cour pénale internationale) contre le président vénézuélien, Hugo Chavez, pour «financement de génocide». «C'est risible» s'est exclamé le chef de la diplomatie de Caracas, Nicolas Maduro, selon lequel le dossier que le président Uribe va introduire devant la Cour pénale internationale de La Haye contre son homologue vénézuélien est «mal ficelé, sur la base de falsifications et d'inventions». La crise diplomatique entre la Colombie, soutenue par les Etats-Unis (les services de renseignements américains ont fourni des informations qui ont permis à la Colombie de positionner le campement des guérilleros des Farc) et l'Equateur, soutenu par le Venezuela, a pour origine l'opération menée samedi par l'armée colombienne contre la guérilla des Farc en territoire équatorien. Au cours de ce raid, le numéro deux des Farc, Raul Reyes et près d'une vingtaine de guérilleros ont été tués. Estimant que cette opération constituait une violation flagrante de sa souveraineté, l'Equateur a rompu, lundi, ses relations diplomatiques avec Bogota, alors que le Venezuela, dont les relations avec la Colombie étaient au plus bas, a expulsé l'ambassadeur colombien. L'Equateur et le Venezuela ont, par ailleurs, annoncé, mardi, l'envoi de troupes aux frontières. Des troupes vénézuéliennes ont commencé à faire route vers la frontière avec la Colombie, après leur déploiement ordonné dimanche par le président Hugo Chavez, rapportent des correspondants sur place. A Washington le Conseil permanent de l'OEA, qui n'a pas réussi à trouver un consensus, s'est donné quelques heures de réflexion pour tenter de trouver une porte de sortie à la crise. Lors de la réunion, l'Equateur a accusé son voisin colombien de «violation planifiée et préméditée» de sa souveraineté. La représentante équatorienne à l'OEA, Maria Salvador, a également accusé le président colombien Alvaro Uribe d'avoir menti sur sa version des circonstances de la mort de Raul Reyes, le numéro 2 de la guérilla des Farc, tué en territoire équatorien. L'attaque «aérienne et terrestre» du week-end dernier sur le territoire équatorien représente «une violation planifiée et préméditée de la part des forces colombiennes afin d'éliminer un campement provisoire et illégal des Farc», a-t-elle déclaré. Le représentant colombien a démenti que des avions colombiens soient entrés en territoire équatorien, mais a admis la présence «d'hélicoptères colombiens sur le territoire équatorien» pour inspecter le camp des Farc. Camp où se trouvait notamment le numéro2 des Farc, Raul Reyes, qui négociait la libération des otages, dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt. D'ailleurs, lundi soir, le président équatorien, Rafael Correa, avait confirmé ce fait en affirmant que l'attaque colombienne au cours de laquelle Raul Reyes a été tué, avait empêché la libération d'Ingrid Betancourt et d'autres otages. «Je regrette de vous annoncer que les conversations étaient assez avancées pour libérer en Equateur 11 otages, dont Ingrid Betancourt», avait précisé le dirigeant dans un message à la nation.