Après l'élimination du numéro 2 des Farc, Quito, Bogota et Caracas ont renforcé leurs troupes aux frontières, faisant peser la menace d'un affrontement. La crise en Amérique latine est montée d'un cran avec la rupture des relations diplomatiques entre la Colombie et l'Equateur et l'expulsion de l'ambassadeur colombien au Venezuela, à la suite d'un raid contre la guérilla des Farc. 40 000 soldats colombiens sont aux frontières avec les deux voisins, 2 319 km avec le Venezuela et 586 km avec l'Equateur. Ses troupes sont spécialisées dans la lutte contre la guérilla, mais Bogota dit ne pas chercher à envenimer la situation, du moins dans l'immédiat, expliquant ses ruptures par des successions de faits et d'imputations inamicales. Bogota a promis d'envoyer à l'ONU et à à l'Organisation des Etats américains (OEA) des preuves sur les liens unissant les Farc aux présidents équatorien Correa et vénézuélien Chavez, après l'attaque menée par ses troupes contre la guérilla des Farc installée en territoire équatorien. Le directeur de la police colombienne, le général Oscar Naranjo, a déclaré que Chavez avait apporté un financement de 300 millions de dollars aux rebelles colombiens, en se basant sur des données retirées de l'ordinateur de Raul Reyes, le numéro 2 des Farc abattu lors du raid militaire. Quito a aussi affirmé que la guérilla colombienne avait acquis 50 kilos d'uranium, ce qui, à ses yeux, démontre que l'organisation aspirait au terrorisme international. Cette accusation devrait permettre à la Colombie de s'assurer du soutien des Etats-Unis. Correrra et Chavez ont rejeté les accusations de leur voisin, qui s'ajoutent, selon eux, avec cynisme, à son attitude hostile manifesté0e par la violation de la souveraineté équatorienne. Le Venezuela, qui avait fermé son ambassade à Bogota depuis, dès lors que le président colombien refusait de négocier avec les Farc, y compris par Chavez interposé, a expulsé l'ambassadeur de Colombie à Caracas, ainsi que l'ensemble du personnel diplomatique, au nom de la défense de la souveraineté de la patrie du peuple et de la solidarité avec Quito. Correa devra se rendre au Venezuela aujourd'hui pour y rencontre Chavez. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est déclaré préoccupé par la montée des tensions et a appelé à la retenue. Un appel relayé par le Brésil, l'Argentine et le Chili. Le Conseil permanent de l'OEA devait se réunir hier à Washington pour examiner la crise. Les Etats-Unis ont apporté leur soutien à Bogota dans son combat contre les organisations terroristes, tandis que le président cubain Raul Castro a exprimé, dimanche par téléphone, sa solidarité au président équatorien. La France, pour sa part, considère que l'assassinat de Reyes augmente les dangers qui planent sur l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, qui fait partie du groupe de 39 prisonniers que la guérilla veut échanger contre 500 rebelles détenus par Bogota. D. B.