"Penser aux femmes et évoquer leur participation à la lutte armée, c'est reconnaître leur rôle et leur place dans l'épopée historique du peuple algérien dans son ensemble et leur rendre un grand hommage qu'elle méritent. " C'est ce qu'a déclaré, jeudi, le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, dans une conférence-hommage, " Horizons ", à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, dédiée aux femmes infirmières et médecins durant la guerre de Libération nationale. Accompagné du ministre de la Communication Abderrachid Boukerzaza, le chef du gouvernement, dans une brève déclaration, et après avoir observé une minute de silence en hommage aux victimes de la Palestine, a plaidé pour un travail de recherche et de recensement qui permette de connaître d'autres moudjahidate qui sont restées dans l'ombre. Beaucoup de femmes moudjahidate, ont, en effet, été tuées dans des bombardements. Ce qui a rendu difficile leur recensement. Beaucoup d'entre elles sont inconnues. D'autres ont eu plus de chance, et l'histoire en compta de nombreuses héroïnes, notamment du secteur de la santé, à l'image de Zoubida Ould Kablia, Meriem Mokhtari, Meriem Bouattoura, Malika Gaid, Messaouda Bedj, Nafissa Hamoud Laliam, Boudjemâa Rabéa, Clotilde Bidet, Louiza Ighilahriz, Kaid Tlemçani Khadidja, Haddouche Zohra, ou encore Fatima Ayache. Ce sont de très belles jeunes filles âgées entre 17 et 18 ans, et même de 13 ans, comme Yasmina Belkacem ou encore Affoun Bouamama, connue sous le nom d'El Hora. C'étaient des filles qui ont bravé la mort sans avoir une idée sur ce qui les attendait. La plupart d'entre elles, ont répondu présentes, jeudi, en cette date anniversaire de la Journée de la femme, célébrée chaque année à travers différentes régions du pays et dans le monde. Elles ont toutes reçu une médaille d'honneur de la part du chef du gouvernement. Elles représentaient 42% des moudjahidate algériennes. Presque la moitié de celles qui ont contribué à la libération de l'Algérie étaient des "moumaridate". Il y a eu de grandes moudjahidate infirmières formées dans des écoles paramédicales aussi bien celles de Sétif ou d'Oran en 1953 et 1954. D'autres, en majorités des lycéennes, ont été formées à partir de 1956, par de jeunes médecins algériens déjà incorporés dans les rangs de l'ALN. Dans la wilaya I, Mahmoud Atsamina a formé les filles dans la région des Aurès. Dans la wilaya II, c'était Lamine Khane, remplacé en 1958 par le professeur en cardiologie Mohamed Toumi. Dans la wilaya III, on trouve Nafissa Laliam Hamoud, une grande figure de la révolution qui activait avant 1954. Hassan Khatib, étudiant en médecine était, quant à lui, le chef du secteur de la santé dans la wilaya IV. Dans la wilaya V, c'est Youcef Damardji (martyr) et son assistante Saliha Ould Kablia, connue sous le nom de Zoubida qui s'occupaient des malades et de la formation des infirmières. Les moudjahidate infirmières ont à leur tour formé des jeunes filles en les amenant avec elles dans les douars pour soigner les blessés et les habitants. Dans son récit, la moudjahida Meriem Mokhtari, a mis en évidence les difficultés qu'avaient rencontrées ces moudjahidate au maquis. " Elle n'avaient pas beaucoup de moyens. Pour soigner une gangrène, par exemple, il fallait un miracle pour trouver du mercurochrome ". Elles utilisaient l'eau de javel et de l'eau oxygénée, mais quelle fierté lorsqu'elles réussissaient. Avec une bougie et une lame de rasoir, elles pratiquaient des interventions", expliquera-t-elle, avant d'ajouter que " la femme algérienne est fière de son combat pour la libération du pays du joug colonial et de sa participation à sa reconstruction". Emprisonnées, torturées et agressées, leurs cris et leur lutte pour la liberté ont porté haut la cause sacrée de leur peuple à travers le monde. Les combats de ces femmes algériennes a également contribué fortement à la libération d'autres femmes, notamment l'Africaine. C'était, en quelque sorte, le prix lourd et dur qu'il fallait payer pour recouvrer sa liberté, sa dignité, longtemps bafouées et reniées.