Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé, jeudi, que les discours récents sur le caractère prétendument positif du colonialisme français en Algérie sont «loin de contribuer à rétablir la vérité et rendre justice à l'Algérie» pour le mal qu'elle a subi. «Les discours récents sur le caractère prétendument positif du colonialisme et les initiatives visant à laisser le soin aux historiens et aux sociétés civiles de reconstituer cette période de violence et d'atteinte aux droits et à la dignité du peuple algérien sont loin de contribuer à rétablir la vérité et à rendre justice à l'Algérie pour le mal que nous avons subi», a déclaré le chef de l'Etat dans un message, lu en son nom par le conseiller à la présidence de la République, Mohamed Ali Boughazi, lors d'une conférence historique intitulée «Lecture juridique et historique des massacres du 8 mai 1945», qui se tient à Sétif. Le président Bouteflika a tenu à souligner que «nous savons bien que nous ne pouvons pas faire porter au peuple français tout entier la responsabilité des malheurs et des souffrances qu'en son nom le colonialisme français nous a imposés». Le président de la République a précisé que «pour tourner définitivement cette page noire de l'histoire», il faudrait aux deux pays et aux deux peuples de trouver «ensemble» la voie originale qui permettra de «surmonter les traumatismes causés au peuple algérien par l'Etat colonial français», des traumatismes qui «continuent, souvent inconsciemment, à modeler nos consciences et nos manières d'agir». Cette voie originale permettra également, a-t-il dit, d'établir «entre l'Algérie et la France, entre le peuple algérien et le peuple français, des rapports authentiques d'amitié sincère et véritable dans une coopération où chacun trouvera son intérêt et des raisons d'espérer dans l'avenir». L'essentiel pour le président Bouteflika est de «construire pour nos jeunes un avenir de paix et de prospérité». Concernant l'importance historique que revêt la date du 8 mai 1945, le président Bouteflika a indiqué qu'elle «porte un témoignage accablant sur la nature du colonialisme, sa brutalité, son inhumanité, sa barbarie pour tout dire», ajoutant qu'elle marque, d'un autre coté, «une étape cruciale dans le renforcement et l'unification du mouvement national, préparant ainsi la lutte armée lancée à partir du 1er novembre 1954». Il a affirmé que les milliers de victimes qui sont tombés durant les évènements de mai 1945 «ne sont pas tombées en vain, puisqu'elles ont contribué à faire connaître au monde entier l'aspiration du peuple algérien à sa liberté, à son indépendance et à sa dignité». Hommage A propos de l'hommage rendu aux victimes des massacres du 8 mai 1945, le chef de l'Etat a précisé qu'il s'agit d'un hommage «particulièrement mérité», affirmant que c'est avec la plus grande émotion que nous nous inclinons devant leur mémoire, soulignant «nous leur seront à jamais reconnaissants pour l'exemple qu'ils nous ont donné, car leurs noms sont joints à la longue liste des patriotes qui, par leur sacrifice suprême, ont démontré que le peuple algérien n'a jamais accepté la domination coloniale et que, par sa lutte inégale et sans merci, il a su conserver sa personnalité et témoigner de son amour de la liberté». «En définitive, le 8 mai 1945 a été la manifestation d'une poussée nationaliste de plus en plus orientée vers la revendication de l'indépendance. A partir de là, le mouvement national se radicalise et le 1er Novembre 1954 verra le lancement de l'offensive finale, politico-militaire, qui mettra fin au système colonial en Algérie», a ajouté le président de la République. Il a relevé que le retentissement dans la monde de cette lutte héroïque du peuple algérien «ne vient pas seulement de l'admiration que l'on pouvait porter à une résistance exemplaire à une armée puissante et supérieurement équipée», mais «il vient surtout du mouvement d'émancipation que cette lutte a déclenché à travers l'Afrique et l'Asie et qui a marqué le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de l'humanité, marquée par la fin de la domination coloniale partout dans le monde». «Si cette commémoration du 8 mai 1945 est pour nous une occasion de renouveler notre condamnation de l'injustice et de la dérive de l'histoire que représente le colonialisme pour tous les peuples qui ont subi sa domination, elle ne comporte cependant aucun sentiment de vengeance ou de revanche», a souligné le président Bouteflika. Il a expliqué cela par le fait que «les sacrifices que nous ont coûtés notre résistance et notre lutte de libération nous imposent de regarder vers l'avenir pour reconstruire notre pays et donner à notre indépendance un contenu digne du prix qu'elle nous a coûté». «En ce jour anniversaire du 8 mai 1945, nous nous recueillons à la mémoire des victimes de ce printemps tragique. En hommage à leurs sacrifices, nous devons tout faire pour que notre pays retrouve sa personnalité et sa culture et pour que nous effacions, sans les oublier, tous les vestiges de ce passé colonial marqué par tant d'injustices et de souffrances», a conclu le chef de l'Etat son message.