Les compteurs des prix s'affolent et donnent le tournis suite à la montée vertigineuse enregistrée ce week end sur les marchés pétroliers. L'or noir ne cesse de battre de nouveaux records. A New York, jeudi, le baril a atteint 105,97 dollars et se tenait hier matin tout près de ce sommet avec une poussée jusqu'à 105,80 dollars. Mais, c'est Londres qui s'est distingué avec un brent qui a touché à 8 heures, vendredi, un nouveau record historique à 102,98 dollars, dépassant d'un soupçon le précédent sommet de 102,95 à peine établi jeudi. Les prix du pétrole ont pris près de 4 dollars depuis vendredi dernier. Outre la baisse du dollar, ils ont aussi été dopés par la décision mercredi par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de ne pas changer sa production, et surtout par une baisse surprise des réserves américaines de brut, de 3,1 millions de barils la semaine dernière.Les cours du pétrole sont, en effet, soutenus par une série de facteurs favorables, principalement la dégringolade continuelle du billet vert face aux autres monnaies, qui rend les matières premières facturées en dollars, comme le brut, moins onéreuses pour les acheteurs disposant d'autres devises plus fortes. Le dollar a atteint vendredi un nouveau plus bas historique depuis le lancement de la monnaie unique européenne en 1999, tombant jusqu'à 1,5431 dollar pour un euro. Cet effondrement continu de la devise américaine renforce le pouvoir d'achat des investisseurs détenteurs d'autres devises, mais fait aussi des marchés de matières premières des alternatives pour des placements profitables. "Les investisseurs semblent croire que le pétrole est un actif alternatif, ayant la capacité de protéger leur portefeuille contre le marché boursier instable, une perte du pouvoir d'achat et un ralentissement économique mondial", a expliqué Bart Melek, analyste de BMO Capital Markets. Dans ce contexte, selon M. John Kilduff, analyste de MF Global, cette envolée du prix de l'or noir devrait se poursuivre. "Il ne fait guère de doutes que, techniquement, le marché a fait l'objet d'achats excessifs et qu'il évolue bien au-dessus de ses fondamentaux", a-t-il souligné. Mais "à moins que le dollar ne parvienne à se reprendre fortement, que le flux d'achats spéculatifs se tarisse, que les tensions géopolitiques se calment ou qu'il y ait des menaces d'un ralentissement économique plus marqué, la tendance du marché va probablement rester vers le haut", a jugé l'analyste. M. Melek a toutefois noté qu'une "période de demande saisonnière en pétrole plus basse approche", avec la fin de l'hiver, ce qui pourrait commencer à peser sur les cours. Les cours profitent également d'un ensemble de tensions géopolitiques, comme le différend juridique opposant le Venezuela et le géant pétrolier ExxonMobil, le contentieux en cours entre l'Iran et la communauté internationale au sujet du programme controversé d'enrichissement d'uranium mené par Téhéran, et, dernière source de tensions en date, la crise diplomatique entre la Colombie d'une part, l'Equateur et le Venezuela d'autre part.