La Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC), basée à Tripoli, a annoncé lundi la suspension des exportations dans les deux ports restants de l'est du pays, ce qui doit aboutir à une perte de production de 850.000 barils/jour au total. Cette décision intervient sur fond d'un bras de fer entre autorités politiques rivales, autour du contrôle des terminaux pétroliers et de la gestion des revenus des hydrocarbures. Selon la NOC, les pertes de production s'élèvent désormais à 850.000 b/j, sur un total d'un peu plus d'un million de b/j, soit un manque à gagner quotidien estimé à 67,4 millions de dollars. Après les terminaux d'al-Sedra et Ras Lanouf, pour lesquels les exportations sont gelées depuis le 14 juin, la NOC a annoncé dans un communiqué qu'elle arrêtait à partir de lundi ses opérations pour ceux de Zoueitina et d'al-Hariga. La compagnie loyale au gouvernement d'union nationale (GNA) basé dans la capitale a déclaré ainsi "l'état de force majeure" sur Zoueitina et al-Hariga à partir de lundi à 11H00 (09H00 GMT). Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, l'état de "force majeure" permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole. Selon la NOC, les autorités parallèles basées dans l'est du pays ont empêché deux chargements de brut depuis les ports de Zoueitina et al-Hariga durant le week-end. Après que ses forces ont chassé des groupes rivaux des terminaux de Ras Lanouf et al-Sedra, dans le Croissant pétrolier, l'homme fort de l'est libyen Khalifa Haftar a annoncé qu'il livrait la gestion des installations pétrolières sous son contrôle aux autorités parallèles. Cette décision a ulcéré le GNA, alors que des résolutions de l'ONU stipulent que le pétrole doit rester sous le contrôle exclusif de la NOC légitimement reconnue, et sous la seule supervision du GNA. Les pays occidentaux, l'ONU et l'Union européenne ont eux aussi confirmé "les droits exclusifs" de la NOC de Tripoli à exporter le pétrole. "Malgré les mises en gardes de la NOC sur les graves conséquences de la poursuite du blocage, le Commandement général (des forces de Haftar) n'est pas revenu sur sa décision d'interdire les navires pétroliers d'entrer dans les ports pour charger leurs cargaisons", a déploré le patron de la NOC, Mustafa Sanallah. "Les réservoirs de stockage sont pleins, et de ce fait la production va s'arrêter", a-t-il ajouté.
Blocage des ports La Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC), basée à Tripoli, a annoncé vendredi qu'elle comptait suspendre à partir de dimanche ses opérations dans deux ports supplémentaires dans l'est du pays, ce qui porterait à plus de 800.000 barils/jour la perte en production. Cette mise en garde intervient sur fond d'un bras de fer entre autorités politiques rivales, autour du contrôle des terminaux pétroliers et de la gestion des revenus des hydrocarbures. "La NOC estime que la force majeure devra être déclarée dans les ports de Zouetina et al-Hariga dimanche 1er juillet", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, l'état de "force majeure" permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole. Les forces loyales à Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, "empêchent le chargement (de pétrole) en bloquant l'accès des pétroliers", a expliqué la NOC, loyale au gouvernement d'union nationale (GNA) basé dans la capitale. La NOC avait déjà annoncé le 14 juin la suspension de ses opérations dans deux autres sites du Croissant pétrolier al-Sedra et Ras Lanouf en raison des violences, entraînant une perte de production de 450.000 b/j. La fermeture de Zouetina et d'Al-Hariga, engendrera une perte supplémentaire de 350,000 b/j, portant les pertes à un total de 800,000 b/j, sur une production d'un peu plus d'un million de b/j. Le 14 juin, les forces d'Ibrahim Jadhran, ont attaqué Ras Lanouf et al-Sedra, dans le Croissant pétrolier, avant d'en être chassées par les forces de Haftar. Mais ce dernier a annoncé lundi qu'il livrait la gestion des installations pétrolières sous contrôle de ses forces aux autorités parallèles, basées dans l'est du pays et hostiles au GNA. La NOC a indiqué par ailleurs que la "raffinerie d'al-Sarir (Est) pourrait cesser toutes ses opérations ce qui réduirait l'approvisionnement en carburant du marché local", alors que les villes libyennes et notamment la capitale, connaissent de graves pénuries d'essence depuis des mois. La Libye produisait 1,6 million de barils par jour avant le soulèvement en février 2011 contre Mouammar Kadhafi. Sa production a été divisée par cinq pendant la guerre, avant de remonter à un million de barils par jour fin 2017. La Libye exporte du pétrole partout dans le monde, en particulier en Europe. Les Etats-Unis et la Chine figurent aussi parmi les clients les plus fidèles. Ses réserves pétrolières prouvées ont été évaluées à 48 milliards de barils par l'Opep, ce qui en fait les plus importantes d'Afrique.
L'Arabie saoudite prête à augmenter sa production Les Etats-Unis ont indiqué ce week-end que l'Arabie saoudite était prête à augmenter sa production de pétrole si les circonstances l'exigeaient afin de limiter la hausse des prix. "En réponse à l'évaluation du président (Donald Trump) concernant un déficit sur le marché du pétrole, le roi Salmane a affirmé que le royaume maintenait une capacité de réserve de deux millions de barils par jour, qui sera utilisée avec prudence si et quand il sera nécessaire afin d'assurer l'équilibre et la stabilité du marché, et en coordination avec ses partenaires producteurs, afin de réagir à toute éventualité", a relevé la Maison Blanche dans un communiqué tard samedi soir. La Maison Blanche relatait une conversation téléphonique entre Donald Trump et le roi Salmane d'Arabie saoudite. "Les deux dirigeants ont réaffirmé leur engagement pour un marché mondial de l'énergie sain et stable pour le bénéfice de toutes les nations", a-t-elle ajouté. La Maison Blanche précisait ainsi et relativisait les propos tenus samedi matin par Donald Trump sur Twitter après sa conversation avec le souverain saoudien. Donald Trump avait tweeté: "Viens de parler avec le roi Salmane d'Arabie saoudite et lui ai expliqué que, en raison des tensions et dysfonctionnements en Iran et au Venezuela, je demande que l'Arabie saoudite augmente la production de pétrole, peut-être de 2.000.000 de barils, pour combler la différence". "Les prix sont trop élevés! Il est d'accord", avait-il ajouté. Peu après ce message, l'agence de presse officielle saoudienne avait fait savoir que l'appel téléphonique avait été initié par le président américain et que les deux hommes avaient évoqué "la nécessité de faire des efforts de façon à préserver la stabilité du marché du pétrole et la croissance de l'économie mondiale". Les deux dirigeants ont aussi parlé "des efforts des pays producteurs pour combler les éventuelles insuffisances dans les approvisionnements", selon la même source saoudienne. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a avalisé le 23 juin avec la Russie et ses autres partenaires --un groupe de 24 pays qui assurent plus de 50% de la production mondiale d'or noir-- le principe d'une hausse de production. Selon l'Arabie saoudite et la Russie, cela représenterait une hausse d'"un million de barils par jour", ce qui répondrait à l'augmentation attendue de la demande mondiale. Le cartel et ses alliés sont liés depuis fin 2016 par un pacte de limitation de la production pour faire remonter les cours. Ce qui a semble-t-il fonctionné puisque le baril de Brent, référence sur le marché mondial, est passé d'environ 50 dollars fin 2016 à plus de 80 dollars en mai. Mais les experts ont jugé que la hausse décidée il y a une semaine était trop "vague" pour peser de manière importante sur les cours et répondre aux injonctions de Donald Trump de faire baisser les prix pétroliers pour l'été. Le président américain a régulièrement critiqué l'Opep ces dernières semaines, l'accusant de ne pas agir. "J'espère que l'Opep va augmenter son débit de manière significative. Il faut garder les prix bas!", avait-il notamment tweeté au moment où l'organisation publiait sa décision. En avril il avait accusé le cartel de maintenir des prix "artificiellement très élevés". Données très sensibles aux Etats-Unis dans la mesure où elles influent beaucoup sur le moral de la population, les prix du carburant à la pompe ont fortement augmenté ces derniers mois. Et les Américains se préparent à partir en vacances d'été.
L'Iran promet un "échec" du plan américain L'Iran a assuré dimanche qu'il mettrait en "échec" le projet américain visant à l'empêcher de vendre son pétrole à l'étranger, et a mis en garde l'Arabie saoudite contre toute volonté de se substituer à lui sur le marché mondial. "Nous allons assurément faire quelque chose pour mettre en échec ce slogan des Etats-Unis selon lequel le pétrole de l'Iran doit être endigué", a déclaré le premier vice-président iranien, Eshagh Jahangiri, lors d'un discours retransmis sur la télévision d'Etat. "Le gouvernement a un plan [...] et nous sommes certains qu'avec la grâce de Dieu, nous serons capable de vendre notre pétrole autant que de besoin", a ajouté M. Jahangiri. Le département d'Etat américain a enjoint mardi tous les pays, y compris la Chine et l'Inde, gros clients de Téhéran, de cesser leurs importations de pétrole iranien d'ici au 4 novembre sous peine de s'exposer aux sanctions américaines rétablies du fait de la décision prise en mai par Washington de sortir de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015. Le 4 novembre doit marquer la date du retour en vigueur des sanctions américaines contre le secteur énergétique iranien. Les Européens, qui affirment leur attachement à l'accord, dialoguent avec l'Iran pour essayer de conserver l'adhésion de la République islamique. Parmi les conditions posées par l'Iran pour rester après le retrait américain, Téhéran exige des garanties lui permettant d'écouler tout le pétrole que l'Iran souhaite exporter. M. Trump a assuré samedi que l'Arabie saoudite avait, à sa demande, accepté d'augmenter sa production de pétrole, "peut-être de 2.000.000 de barils (par jour), pour combler la différence" due aux "tensions et dysfonctionnements en Iran et au Venezuela" et empêcher que les prix montent. "Maintenant ils supplient les Saoudiens d'augmenter [leur production] de pétrole de façon que si la part de l'Iran diminue, rien ne se passe sur le marché mondial. Ils pensent que c'est aussi simple que cela, et que d'un seul coup l'Arabie va augmenter de quelque millions de barils de pétrole" par jour, a commenté M. Jahangiri. "Dans ce combat, tout pays qui voudra prendre la place de l'Iran sur le marché pétrolier se rendra coupable de haute trahison contre la nation iranienne [...] et paiera assurément un jour le prix de cette trahison", a-t-il ajouté sans plus de détail. L'Iran et l'Arabie saoudite ont rompu leurs relations diplomatiques en 2016 et sont engagés dans une lutte d'influence au Proche et au Moyen-Orient.