M Karim Djoudi et son homologue français ont mis fin, vendredi, à un contentieux vieux de quarante-deux ans.Bannis depuis plus de quarante ans, les assureurs français peuvent désormais retourner en Algérie. Les patrons de cinq compagnies d'assurances AXA, AGF, Aviva, Groupama et MMA ont signé, vendredi soir, à Bercy, un accord avec les deux assureurs publics algériens, la SNA et la CAAR, mettant fin au contentieux qui les oppose depuis 1966 .Le dossier remonte au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, lorsque les compagnies françaises ont été sommées de quitter le territoire national et ont vu leurs actifs sur place nationalisés. Ces compagnies ont longtemps réclamé une indemnisation pour cette expropriation, à laquelle les Algériens ont toujours opposé une fin de non-recevoir, au motif qu'ils avaient récupéré les engagements assumés auparavant par ces compagnies, essentiellement composés de versements de pensions pour accidents du travail. Au terme de longues tractations, le traité de paix a finalement été signé sous le parrainage de Christine Lagarde et Karim Djoudi, qui ont pris acte, par écrit, du renoncement des deux parties à tout dédommagement. “Chacun est d'accord pour faire table rase du passé et se tourner vers l'avenir”, résume-t-on dans l'entourage du ministre de l'Économie français.A son arrivée à Paris, M. Djoudi s'était entretenu avec le ministre français du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique M. Eric Woerth, d'un programme de renforcement du partenariat entre les deux pays. Ce partenariat prévoit notamment le jumelage entre l'école des douanes d'Oran qui sera érigée en école nationale et l'Ecole nationale française des douanes de Tourcoing.La mise en place d'un observatoire des prix, la création d'unités de formation dans le secteur des domaines, sont entre autres axes devant permettre de “conforter le plan de coopération” existant entre les deux parties, a indiqué le ministre. Christine Lagarde était d'accord avec les pouvoirs publics algériens pour clore ce dossier à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy à Alger en décembre dernier. “Il n'y avait plus vraiment d'enjeu financier”, confirment plusieurs assureurs. Pour les MMA, l'accord valide ainsi le transfert de propriété d'immeubles dont la valeur était déjà annulée dans les comptes de la compagnie depuis des lustres. “Ce protocole a surtout le mérite de régler une fois pour toutes une situation ambiguë sur le plan juridique”, résume Hugues de Roquette-Buisson, directeur général Afrique, Moyen-Orient et Outre-Mer aux AGF. “ Désormais, un climat de coopération naturelle se met en place. ” Les assureurs français ont bien évidemment envie de tirer partie de ce marché, l'un des plus en retard du Maghreb. Le chiffre d'affaires du secteur représente à peine plus de 0,5 % du PIB algérien (700 millions de dollars) et chacun des 34 millions d'habitants dépense en moyenne 17 dollars par an en assurance. C'est près de quarante fois moins que le voisin marocain. Au Maroc, le coût moyen de l'assurance par habitant s'élève à 467 euros par personne et le chiffre d'affaires total de l'assurance représente 2,7 % du PIB. “L'Algérie fait forcément partie des pays qu'un assureur français doit regarder”, explique Hugues de Roquette-Buisson. Les AGF, Groupama, MMA et le groupe Axa, numéro deux au Maroc, surveillent déjà les opportunités de développement en Algérie, comme d'ailleurs sur l'ensemble du Bassin méditerranéen. Enfin, la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), qui avait apporté son appui dans les négociations avec les assureurs algériens, a indiqué, hier, qu'elle participerait “rapidement à la mise en place en Algérie d'une assistance technique dans la formation aux métiers de l'assurance”.